Témoignages
«Je vais au travail à reculons»
Georges* n’a toujours pas digéré le fait de devoir rendre des heures à l’entreprise après avoir été mis en RHT. «On nous a demandé de rester à la maison en raison du Covid. Parfois, on nous appelait quand même pour venir travailler. Un an plus tard, j’ai reçu une lettre. La direction me réclamait 40 heures. Le choc! Nous n’étions pas responsables de la situation», s’indigne le vendeur, qui a fini de restituer ce temps de travail décompté de ses heures supplémentaires. Autre raison de son mécontentement: la prise en compte insuffisante du temps nécessaire pour rejoindre son poste. «Nous devons récupérer le fond de caisse dans un bureau et gagner le point de vente en passant les contrôles. Il arrive qu’il y ait la queue, ce passage n’étant pas seulement réservé au personnel mais aussi aux voyageurs ayant besoin d’assistance. Il serait plus juste que nous pointions au moment de prendre le fond de caisse.» Si Georges s’est toujours autorisé à aller aux toilettes, fermant au besoin le commerce, il affirme qu’il a vu à plusieurs reprises, à son arrivée le matin, des gobelets remplis d’urine. «La raison tient au manque de personnel.» L’employé, qui comptabilise de nombreuses années de service, estime que les conditions de travail ont empiré, entre les sous-effectifs et «un management qui laisse à désirer». «Mon sentiment? On se moque de nous. On fait traîner les choses. 80% du personnel se plaint de la situation, mais nous ne sommes qu’une poignée à oser la dénoncer. J’ai bien sûr une petite peur qu’on me licencie.» Si Georges aimait autrefois son travail, en particulier pour le contact avec la clientèle, il confie aujourd’hui «y aller à reculons».
«Le patron n’est pas réglo»
«Le patron n’est pas réglo. Il ne respecte pas ses employés», affirme José*, fâché d’avoir dû pour sa part rendre 100 heures à la suite de la problématique liée au RHT. «J’arrive au bout, il m’en reste une quinzaine. Je fais des heures supplémentaires depuis une année. Mais c’est inadmissible. On nous fait travailler gratuitement, alors qu’on nous a dit de demeurer chez nous.» José dénonce aussi le manque d’effectifs qui l’a conduit à devoir plusieurs fois uriner dans un gobelet, se trouvant seul à son poste. «C’est assez fréquent. On fait face à une organisation zéro. On a plusieurs fois signalé le problème des sous-effectifs à la direction. Le patron a rétorqué que ce n’était pas de sa faute, qu’il cherchait à recruter», ajoute José, estimant que l’on exige toujours plus des salariés, que les managers procèdent «à des changements inutiles et brassent de l’air». José peste lui aussi contre le temps de parcours pour rejoindre son poste qui n’est pas entièrement rémunéré. «L’entreprise comptabilise 16 minutes aller-retour. Il en faut au moins 30.» Quant au local de pause, bien trop éloigné de son poste de travail, José n’y va jamais. «J’ignore même où il se situe précisément. Je fais ma pause dans la salle d’embarquement, avec les passagers.» José précise dénoncer ces problèmes «par principe, face à une situation qui n’est pas normale». «Aujourd’hui, je suis dégoûté de la hiérarchie. C’est dommage. Ça pourrait mieux tourner. Le personnel n’est pas considéré.»
* Prénoms d’emprunt