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Plus d’un million de personnes sont victimes de harcèlement sexuel au travail

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© Thierry Porchet / Archives

Toutes les trois semaines, une femme est tuée par son partenaire, son ex-partenaire ou une connaissance (Photo: manifestation à Fribourg en novembre 2019).

Du 23 novembre au 10 décembre, la Suisse se mobilisera sur le thème des violences basées sur le genre lors d’une grande manifestation et de centaines d’actions. Précisions d’Aude Spang, secrétaire à l’égalité d'Unia.

En Suisse romande, la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes le 25 novembre constitue toujours un rendez-vous important avec des manifestations massives. En Suisse alémanique, depuis une quinzaine d’années, sont organisés les 16 jours d'activisme contre la violence basée sur le genre du 25 novembre au 10 décembre, aussi date clé, car il s’agit de la Journée des droits humains. L’idée de cette campagne internationale lancée par ONU Femmes: avoir le temps de faire des violences sexistes et sexuelles un vrai sujet et pas seulement une journée. Cette année, la campagne suisse s'élargit au Tessin et à la Suisse romande. Une manifestation nationale aura lieu à Berne le 23 novembre comme action de lancement des 16 jours, durant lesquels des centaines d’actions sont prévues dans tout le pays pour visibiliser la cause. Unia, partie prenante du projet aux côtés d’une large alliance de près de 90 associations, collectifs, partis politiques et autres organisations, formera un bloc syndical sur les violences au travail. 

Cette manifestation contre les violences et l’oppression patriarcales sera une démonstration de colère contre les violences subies par les femmes et les minorités de genre et l’inaction politique. «Toutes les trois semaines, une femme est tuée par son partenaire, son ex-partenaire ou une connaissance, dénonce l’appel à manifester. Les homicides en rapport avec le genre ne sont pas des dérapages ni des cas isolés. Ils s’inscrivent dans une violence structurelle à l’encontre des femmes, des personnes trans et non binaires et des rapports de force patriarcaux. Et ils sont le résultat d’un échec politique en matière de protection des victimes, de prévention de la violence et d’égalité des droits.» Sans parler des dizaines de milliers de femmes touchées par les violences conjugales et le harcèlement dans la rue ou encore au travail…

Aude Spang, secrétaire à l’égalité chez Unia, détaille les enjeux syndicaux des violences sexistes et sexuelles au travail.

Quelle est l’ampleur des violences sexistes et sexuelles au travail en Suisse?

Au cours de sa vie professionnelle, une femme sur trois est ou sera victime de harcèlement sexuel sur son lieu de travail, et un homme sur dix. Cela représente environ 800000 femmes aujourd’hui en Suisse et 280000 hommes. Ce sont les études officielles, mais bien sûr ces chiffres sont sous-évalués selon nous, car de nombreuses victimes ne le dénoncent pas par peur ou car elles ont intégré ces comportements qu’elles n’identifient pas comme problématiques. Il y a aussi la question de la vulnérabilité des travailleuses et des travailleurs précaires, qui dépendent économiquement de leur employeur et/ou de leur partenaire et qui ne peuvent pas se permettre de partir. Une étude syndicale anglaise montre que 80% des femmes qui subissent du harcèlement ne le dénoncent jamais à leur employeur.

On le voit, c’est un phénomène de société très important! Unia lancera d’ailleurs une campagne sur le harcèlement et les discriminations au travail l’année prochaine. Il y a un travail syndical important à faire pour comprendre les mécanismes du harcèlement, l’identifier, y remédier et soutenir les victimes. 

Quelles sont les revendications syndicales?

Notre slogan sera le suivant: «Stop au harcèlement au travail!» Nous voulons mettre l’accent sur la responsabilité des employeurs de protéger et d’agir. Ils ont l’obligation de protéger leurs employées et leurs employés en amont, afin d’éviter le harcèlement et les discriminations. Et dans le cas où les choses seraient déjà installées, l’employeur doit agir pour y mettre un terme.

Nous demandons dans ce sens que des mesures plus contraignantes soient mises en place afin de forcer les entreprises à mettre des plans de protection solides sur pied. Que ce ne soit plus au bon vouloir des employeurs et que ce soit efficace. 

Pourquoi est-il important de descendre dans la rue le 23 novembre prochain?

C'est important pour dénoncer la gravité du problème du harcèlement au travail. Ces manifestations nationales sont aussi des moments de cohésion forts en sororité. De plus, le thème des violences basées sur le genre est un enjeu crucial des luttes féministes, car il touche beaucoup de personnes. Si l’on n’est pas directement concerné, on a probablement quelqu’un dans notre entourage qui l'est, et il s’agit de montrer sa solidarité avec les victimes de discriminations et de harcèlement. 

Il est important que les hommes se mobilisent aussi, car ils sont concernés. Qu’ils montrent l’urgence de déconstruire les clichés de masculinité et les rôles de genre afin de s’attaquer à la source du problème, et de poser d’autres bases pour la société de demain.


Plus d’infos sur: 16jours.ch/manif2024

Retrouvez le calendrier des actions sur: 16jours.ch/calendrier

Prendre le sujet au sérieux

Pour une société sans violence, la grande alliance contre les violences et l’oppression patriarcales a dressé la liste de ses revendications.

Faire enfin de la lutte contre les violences domestiques, sexualisées et sexistes une priorité politique est la première de cette énumération. Elle exige ensuite de créer suffisamment de places d’accueil pour les personnes victimes de violence et d'assurer un financement durable des maisons d’accueil et des refuges; d'élaborer des solutions contre le manque de fonds de l’aide aux victimes et d’assurer durablement le financement des centres de consultation; de garantir l’accès aux centres de consultation et aux maisons d’accueil pour toutes les personnes victimes de violence, notamment aussi pour les personnes LGBTQIA+, les personnes en situation de handicap, les personnes réfugiées, migrantes et racisées. Enfin, elle demande la mise en place de solutions de suivi pour les personnes victimes de violence.

Encore plus d’infos sur: 16jours.ch

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