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Valais : forte mobilisation en faveur d’une hausse des salaires

Manifestation pour une augmentation des salaires à Sion
© Olivier Vogelsang

«Les salaires valaisans sont les plus bas de Suisse, même en période de haute conjoncture», a dénoncé Blaise Carron, secrétaire régional d’Unia Valais, en tête du cortège.

A l'appel d'Unia, quelque 1000 personnes ont manifesté dans les rues sédunoises pour réclamer des augmentations salariales. Notre reportage.

Ambiance revendicative et festive ce 16 novembre à Sion. Un millier de travailleurs et de travailleuses issus de toutes les branches d’activité ont défilé dans les rues de la capitale pour réclamer une hausse des salaires. Avançant au son des tambours, derrière les banderoles et les drapeaux d’Unia ondulant au-dessus du cortège, les manifestants ont exprimé haut et fort leur exigence. «Du blé! Du blé! Pour tous les salariés!» ont-ils notamment scandé, emmenés par Blaise Carron, secrétaire régional d’Unia Valais. Mégaphone au poing, le syndicaliste a galvanisé les troupes. Et a insisté, en amont de l’événement, sur la légitimité de la requête. «Nous rencontrons un grave problème de redistribution des richesses et accusons dans le canton, un fort retard des salaires, par rapport à celui médian. Le revenu des Valaisannes et des Valaisans est le plus faible de Suisse, alors même que nous vivons ici une période de haute, voire très haute conjoncture et ce en particulier dans la construction et les métiers de l’artisanat du bâtiment.» La nécessité de majorer les rémunérations est toutefois nationale comme l’a souligné Vania Alleva, présidente d’Unia, participant à la rencontre. Et après qu’un rassemblement poursuivant les mêmes visées a réuni le 21 septembre dernier à Berne quelque 15 000 salariés. 

Tout augmente sauf les salaires
«Depuis 2021, les salaires réels reculent. Nous demandons la pleine compensation du renchérissement au coût de la vie de ces trois dernières années et une majoration de 1% des rémunérations», a-t-elle précisé, estimant que la hausse réclamée pourrait s’élever jusqu’à 5% non sans relever toutefois la dureté des négociations. Pierre-Yves Maillard, président de l’Union syndicale suisse, s’est lui aussi joint au défilé. «Tout augmente, les profits, les dividendes, les marges bénéficiaires, le coût de la vie sauf les salaires. Nous devons rattraper l’écart. Chacun doit pouvoir profiter de la croissance de la productivité.» Les syndicalistes ont estimé que seule la mobilisation, dans la rue mais aussi dans les entreprises, peut faire bouger les lignes. Un point de vue partagé par les nombreux participants. «Manifester est utile. Je suis venu de Brigue. Je n’arrive plus à faire vivre ma famille avec ce que je gagne aujourd’hui», témoigne un peintre de 56 ans. Travaillant depuis 35 ans dans la même entreprise et comptant tout autant d’années comme syndiqué à Unia, le quinquagénaire originaire de Macédoine, casquette Unia le protégeant d’un soleil complice, estime qu’il devrait toucher 600 francs de plus.   

De moins en moins de sorties...
«Mon salaire s’élève à environ 5000 francs. C’est de plus en plus difficile de payer les factures. Nous devons limiter les sorties. On va rarement au restaurant.» Même son de cloche de Laetitia qui travaille dans la vente. La jeune femme est venue défendre la nécessité de revaloriser les rémunérations dans un domaine où les salaires sont particulièrement bas et les conditions de travail pénibles. Elle partage encore son inquiétude face à la baisse du pouvoir d’achat. Et exprime son souhait de voir taxées les machines «qui prennent nos places de travail». A ses côtés, sa fillette de dix ans se dit très fière de sa maman. «En plus, mes parents reçoivent parfois leur salaire en retard», soupire la graine de militante. Un homme, à une année de la retraite, préfère quant à lui ne pas s’exprimer. Il se limitera à noter l’importance de participer à la manifestation. «Mais je ne veux pas m’exposer.» Echange aussi compliqué avec un groupe de travailleurs parlant portugais entre le barrage de la langue et la crainte de s’afficher. «Je ne parle que le français de chantier», lance sourire aux lèvres un jeune homme. 
Travaillant depuis quelques mois à Unia Genève dans le secteur de la vente et du commerce de détail, Iris Gamond est venue soutenir ses collègues du Valais. Cette ancienne auxiliaire de vente a une empathie toute particulière pour le personnel du domaine. «Je connais bien la situation. J’ai travaillé tout une partie de ma vie dans ce secteur. J’étais engagée à 40%, sur appel, avec un planning qui changeait tout le temps, des horaires aléatoires, pour un salaire oscillant entre 1300 et 1800 francs.» La jeune quadragénaire estime indispensable de lutter pour changer les choses. «Ne rien faire, c’est les accepter. Mais c’est un combat de longue haleine.» 

Ancrer la pratique de la mobilisation
Le cortège s’ébranle jusqu’au Bureau des métiers où il s’arrête pour une pause particulièrement bruyante, histoire de bien faire passer le message aux employeurs. Même vacarme à son point de chute au centre-ville. «Les patrons doivent comprendre que nous n’accepterons plus de recevoir seulement ce qu’ils veulent nous donner. Ils doivent comprendre que dorénavant ils devront compter sur un monde du travail valaisan uni, réuni, qui se mobilise et se mobilisera avec Unia dans la rue et sur les lieux de travail pour obtenir ce à quoi il a vraiment droit, c’est-à-dire de réelles augmentations de salaires et un véritable partage des gains de productivité car c’est vous qui subissez au quotidien l’intensification des rythmes de travail», a encore souligné Blaise Carron à la tribune et après avoir cédé la parole aux autres représentants syndicaux insistant tous sur la nécessité du combat à mener. Et alors qu’Unia a considéré cette première manifestation cantonale comme un succès. Et exprimé sa volonté d’ancrer la pratique de la mobilisation collective dans les usages du monde du travail valaisan. La rencontre s’est terminée sur une note festive avec la production de différents groupes folkloriques du Portugal et du Kosovo. Et avec l’objectif, notera aussi Blaise Carron, «de considérer les salariés dans leur globalité, et la culture en fait partie...»

Une vidéo d'Olivier Vogelsang

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