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Arrêt d'un chantier à Serrières pour exiger le paiement des trajets des ouvriers

La direction de l'entreprise Bernasconi a signé un accord permetant à Unia de prouver le bien-fondé de cette exigence

Les syndicalistes d'Unia ont fermé jeudi dernier les accès du chantier du tunnel de Serrières près de Neuchâtel. Ils exigent de l'entreprise Bernasconi qu'elle verse à une vingtaine de ses ouvriers la totalité des indemnités conventionnelles pour leurs déplacements. Une demande restée vaine après 18 mois de pourparlers. La direction a fini par signer un accord qui laisse à Unia le soin de prouver le bien-fondé de cette exigence.

Jeudi 21 juin. Six heures et demie du matin. Un groupe de syndicalistes d'Unia débarque par surprise sur le chantier Bernasconi du tunnel de Serrières, près de Neuchâtel, et en ferme les accès, notamment au moyen d'un cadenas davantage symbolique qu'opérationnel. «Nous resterons là jusqu'à ce qu'une solution soit trouvée», avertissent-ils. Et pour cause, cela fait dix-huit mois qu'Unia se bat aux côtés des travailleurs pour enjoindre l'entreprise de verser à une vingtaine d'ouvriers l'intégralité des indemnités de déplacement auxquelles ils ont droit. Une somme portant sur un montant global d'environ 80000 francs. Peu pour une entreprise qui occupe près de 350 personnes mais beaucoup pour ces ouvriers qui n'ont pas été défrayés correctement.
Pour mémoire, la convention nationale du secteur principal de la construction exige de la part de l'employeur une indemnisation de tout déplacement depuis ou vers le lieu du chantier. «Pourtant, toutes nos démarches paritaires et toutes les négociations sont restées vaines», déplore Silvia Locatelli, secrétaire Unia, responsable de ce dossier avec Lucas Dubuis. L'entreprise est restée sourde à tout dialogue, hermétique à toute entrée en matière, allant jusqu'à rompre les négociations.

Pause de protestation
Face à l'impasse, ne restait plus que la voie directe, le bras de fer sur le terrain. Après avoir fixé sur les grillages des banderoles et panneaux affichant des messages tels que «Bernasconi n'est pas au-dessus des lois» ou «Les maçons veulent voir le bout du tunnel», les syndicalistes ont dressé un petit stand sur lequel ils ont partagé cafés et croissants avec les ouvriers en pause. La police est rapidement arrivée sur les lieux mais après avoir constaté le caractère pacifique de cette protestation, elle s'est contentée d'inciter les parties à la médiation. Un peu plus d'une heure après le début de l'opération, le secrétaire de la Fédération neuchâteloise des entrepreneurs, Jean-Claude Baudoin, s'est rendu sur les lieux et a déclaré condamner cette opération, avant d'entrer en discussion avec les représentants d'Unia et de se rendre au siège de l'entreprise Bernasconi, aux Geneveys-sur-Coffrane.

Accord approuvé par les ouvriers
La situation s'est finalement débloquée en fin d'après-midi. Le syndicat, l'entreprise Bernasconi et la Fédération neuchâteloise des entrepreneurs ont négocié un accord, à Colombier. Cet accord a été ratifié par les travailleurs à l'unanimité moins une voix. Il stipule que les parties ont convenu d'ouvrir des négociations et un calendrier serré pour aboutir à une solution d'ici au 3 juillet au plus tard. Les parties impliquées dans ce conflit procéderont à une mesure commune des temps de trajets litigieux et elles s'engagent à reconnaître les résultats de ces mesures comme base de la négociation pour régler le différend. Unia s'est engagé à suspendre le mouvement de protestation durant la période des négociations alors que l'employeur s'est pour sa part engagé à ne pas prendre de mesures à l'encontre de ses salariés.
«Nous sommes satisfaits de constater que le dialogue a pu être renoué à l'issue de cette protestation», commente Silvia Locatelli. «Mais je regrette cependant que nous ayons été contraints d'utiliser cette voie pour enfin nous faire entendre.»


Pierre Noverraz