Colère rouge des assistantes en pharmacie neuchâteloises
Elles ont manifesté samedi pour réclamer la réhabilitation de la CCT que les employeurs ont unilatéralement dénoncée
Ecœurement
La colère des assistantes n'a pourtant rien d'illégitime. Bien au contraire. Elles ne font que demander la réhabilitation de leur convention collective de travail, une CCT dénoncée par les employeurs à fin 2008, unilatéralement et sans information préalable, au motif qu'ils remettaient en question la compensation automatique du renchérissement et voulaient en rester à 80% du 13e mois alors qu'ils s'étaient engagés dans la convention à en verser la totalité en 2009. En contrepartie, l'Ordre des pharmaciens avait garanti de préserver les contrats en l'état et manifesté son souhait de reprendre les négociations. «Il n'en a rien été», déplore David Taillard, chargé de ce dossier à Unia Région Neuchâtel. «Les employeurs ont fait traîner les choses et multiplié les reports de séances pour finalement nous annoncer, le 27 octobre dernier, qu'ils mettaient fin aux négociations». Un scandale. «C'est révoltant», tempête une membre du comité des assistantes en pharmacie. « Ils ont fait semblant de vouloir discuter alors que leur seul but était de nous mener en bateau et de casser le peu qu'on avait. On se retrouve sans salaire minimum, sans garantie de 13e mois, dans des conditions inférieures aux vendeuses des grandes surfaces. Nous somme payées comme des non-qualifiées alors que nous avons fait des apprentissages de trois ans et que nos responsabilités sont importantes et qu'elles le deviennent encore davantage avec les systèmes de qualité».
Prête à aller jusqu'à la grève
Quant aux promesses de continuer à respecter les règles qui prévalaient dans la CCT, elles n'engagent à rien. «C'est du vent, des belles paroles et rien d'autre : certains pharmaciens, notamment dans le Val-de-Travers, ont déjà annoncé des coupes dans le 13e salaire pour cette année», déplore une manifestante. Sa collègue confirme. «Je suis depuis plus de 30 ans dans le métier et je n'ose même pas vous dire mon salaire tellement j'ai honte! Heureusement que je n'ai pas de famille à charge, sinon je devrais demander de l'aide au service social. Avec cette convention, on avait retrouvé un peu de dignité, quelques améliorations, en tout cas la reconnaissance de notre travail. Casser cela, c'est indigne. Je le ressens comme de l'injustice, comme du mépris. Je suis prête à aller jusqu'à la grève s'il le faut, et ne suis pas la seule». Les manifestantes ont voté une résolution demandant à l'Ordre neuchâtelois des pharmaciens de revenir à la table des négociations pour la réintroduction de la convention collective.
Pierre Noverraz