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Domino's Pizza ouvre ses portes aux syndicalistes

La chaîne de livraison de pizzas a signé avec Unia un accord sur le droit à l'information syndicale directe dans ses succursales

Unia et Domino's Pizza, la chaîne de livraison de pizzas à domicile, ont reconduit pour deux ans un accord dans lequel l'entreprise s'engage à ouvrir ses 13 succursales en Suisse à l'information syndicale sur le lieu de travail. Une ouverture saluée par le syndicat.

Le syndicat Unia et la chaîne Domino's Pizza, l'un des leaders mondiaux de la livraison de pizzas à domicile, ont reconduit récemment un accord sur le droit à l'information syndicale au sein des entreprises de l'enseigne alimentaire. Ce protocole, que la direction d'Unia qualifie «d'exemplaire pour la branche», s'applique aux 280 salariés travaillant dans les 13 filiales du groupe en Suisse, principalement à Genève et Zurich.

Liberté reconnue
En pratique, cet accord prévoit un droit d'accès aux représentants syndicaux dans tous les sites du groupe. Les employés sont ainsi habilités à inviter le syndicat à se rendre sur leur lieu de travail afin d'y organiser et d'y animer des réunions. De plus, l'entreprise met à disposition du personnel, dans chacune de ses succursales, un panneau d'affichage permettant de diffuser des informations syndicales. En contrepartie, le syndicat «s'engage à ne pas gêner plus qu'il ne le faut la marche des affaires», est-il précisé dans un communiqué commun diffusé le 31 mars dernier par Unia et Domino's Pizza. Le texte souligne que «en reconnaissant le droit à l'expression directe et collective sur le contenu et l'organisation du travail de ses employés et employées, Domino's Pizza fait un pas clair en direction d'un partenariat social constructif et vers plus de démocratie sur le lieu de travail. C'est aussi une reconnaissance très concrète des libertés syndicales et d'association reconnues par la Constitution helvétique dont d'autres employeurs pourraient s'inspirer.» Umberto Bandiera, responsable de l'hôtellerie-restauration à Unia Genève, est le principal artisan de cet accord dont il avait posé les bases en 2013. «Cela donne au personnel la possibilité de mieux connaître ses droits et de les faire valoir. Cet accord permet également au syndicat de connaître la réalité quotidienne dans l'entreprise et de pouvoir ainsi régler les problèmes avant qu'ils ne deviennent conflictuels.»

Exemple à suivre
A Genève, cela fait trois ans qu'Unia entreprend des démarches auprès des entreprises pour qu'elles donnent libre accès dans leurs locaux à l'information syndicale. «Nous avons déjà obtenu une cinquantaine d'accords informels de la part des employeurs de la branche, dont McDonald's avec lequel nous espérons bientôt aboutir à un accord écrit. Nos revendications progressent un peu partout, sauf dans l'hôtellerie de luxe qui y reste en majorité très hostile.»
Conclu il y a deux ans, le premier accord avec Domino's Pizza à Genève avait été obtenu dans le sillage du règlement d'un long conflit qui avait opposé le syndicat à l'ancien propriétaire de la chaîne (un fonds d'investissement). Le nouvel acquéreur avait accepté de négocier avec Unia un plan social et des indemnisations pour les travailleurs lésés par l'ex-employeur.
Pour les syndicalistes genevois, cet accord est d'autant plus important qu'il ouvre de nouvelles perspectives en matière d'action sur le lieu de travail, atténuant ainsi l'effet d'un arrêt du Tribunal fédéral de 2012 qui avait confirmé un jugement condamnant cinq syndicalistes à l'amende pour violation de domicile, parce qu'ils avaient distribué des tracts sur le parking du restaurant du chef étoilé Philippe Chevrier, dans la campagne genevoise.
«Cet accord avec Domino's Pizza va au contraire dans le sens de la reconnaissance des libertés syndicales dans l'entreprise», se félicite Umberto Bandiera. «Nous espérons maintenant que d'autres entreprises suivent cet exemple. Et à plus long terme, nous souhaitons que cette liberté finisse par s'inscrire noir sur blanc dans la convention collective de travail nationale.» 


Pierre Noverraz