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Ecriture inclusive: cette écriture qui nous réunit!

Un éditorial paru en mars dans L’Evénement syndical, intitulé «Cette écriture qui divise», a retenu notre attention. Nous, groupe d’intérêts femmes d’Unia, souhaitons y réagir. On pouvait notamment y lire que l’écriture devenait une «jungle des signes déshumanisés, nuisant à la lisibilité et enlaidissant la langue de Molière devenue imprononçable et heurtée par ses saccades graphiques». Chez Unia, nous pratiquons cette écriture depuis plus de dix ans, et notre constat n’est pas celui-là.

Unia a opté pour l’écriture inclusive depuis de nombreuses années – selon des règles claires basées sur les guides de rédaction épicène du canton de Vaud et de l’Université de Lausanne – pour son site internet, ses communiqués de presse, ses brochures et ses flyers… Bref, pour toute sa communication écrite interne et externe. L’adoption de formes systématiquement féminines en plus des formes masculines pour les substantifs a été acceptée sans heurts, et chacun et chacune s’y est habitué. Si bien qu’aujourd’hui, un texte rédigé uniquement au masculin nous paraît avoir un petit parfum désuet, comme le reflet d’un monde d’avant, quand les femmes étaient encore absentes du débat public et exclues de bien des professions.

Les mots bannis

Car au-delà de l’écriture, c’est bien de culture et de société qu’il s’agit. En effet, on sait qu’historiquement, des termes féminins ont été volontairement supprimés pour signaler aux femmes que certaines activités étaient réservées aux hommes. C’est par exemple le cas de poétesse et philosophesse. «Ecrivaine» existait au XIIIe siècle. «Autrice» était courant au XVIe. Tous ces termes ont été bannis. Aucun problème, en revanche, pour féminiser les métiers manuels peu considérés tels qu’infirmière, vendeuse, serveuse ou aide-soignante!

L’écriture comme engagement féministe

Ces choix de langue sont donc, pour Unia, des choix politiques. Le syndicat s’engage depuis de nombreuses années pour la défense des droits des femmes: l’égalité salariale, la lutte contre le sexisme sur le lieu de travail, le congé parental, le droit à une retraite digne… Preuve en est qu’il est possible de «concentrer son énergie sur des batailles féministes» tout en s’attachant à mettre en œuvre «celles à valeur de symbole», pour reprendre les termes de l’article. Nous ne devons pas choisir entre ces différentes actions, nous devons les mener de front.

La lutte continue

De plus, le langage épicène n’est pas qu’un symbole. Le langage façonne notre manière de penser. Un texte entièrement rédigé au masculin n’est absolument pas neutre, de nombreuses études le prouvent. Il participe à la construction des stéréotypes et influence notre vision du monde. Un monde dominé par les hommes, où les femmes ne sont pas prises en considération.

Les féministes et le langage inclusif ne divisent pas: ce sont les oppressions et les discriminations qui divisent. Unia s’engage pour les combattre, par le langage aussi. A l’approche de la journée de grève des femmes, le 14 juin, qui sera pour nous de nouveau une journée d’action et de lutte, cette bataille nous semble plus importante que jamais.

Le Groupe d’intérêts femmes d’Unia