Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

Forte mobilisation contre l'explusion des Cvetkovic

Une centaine de personnes étaient présentes jeudi dernier à Martigny pour manifester leur soutien à la famille du jeune maçon

Menacée d'expulsion vers la Serbie à partir du 31 août, la famille Cvetkovic a organisé une action de protestation devant l'Hôtel de Ville à Martigny afin de sensibiliser les médias et les pouvoirs publics. Après neuf ans passés en Suisse et un processus d'intégration exemplaire, le jeune père de 29 ans, Miroslav, demande que son cas soit revu et qu'un permis de travail lui soit octroyé afin qu'il puisse construire sa vie en Valais.

Ils étaient une centaine, jeudi soir 30 août, devant l'Hôtel de Ville de Martigny, pour témoigner de leur soutien à la famille Cvetkovic menacée d'expulsion. Famille, collègues, amis, représentants syndicaux étaient présents pour exprimer leur indignation face à la situation.
Miroslav Cvetkovic, 29 ans, Serbe du Kosovo, est arrivé en Suisse en 2003 de manière illégale pour y rejoindre les siens installés dans le canton de Vaud. Il dépose une demande d'asile qui sera rejetée une première fois en 2004. De même, ses démarches pour obtenir un permis de travail n'aboutiront jamais. Cela dit, le jeune homme persiste, convaincu que son avenir est en Suisse. Il apprend le français, suit un apprentissage pour devenir maçon, se marie et aura trois enfants. Il vit actuellement dans un appartement à Vernayaz, en Valais, et travaille dans une entreprise de génie civil montheysanne où il donne entière satisfaction. Les membres de sa famille sont eux aussi établis en Suisse mais dans d'autres cantons, et sont au bénéfice de permis de travail voire de la nationalité suisse. Mais voilà, malgré de multiples recours, le Tribunal administratif fédéral a confirmé le rejet de demande d'asile. S'en est suivi un avis d'expulsion définitif notifié par l'Office fédéral des migrations daté du 11 juin dernier qui prie Miroslav, sa femme et ses trois enfants de regagner Belgrade en Serbie, quasi une décennie plus tard. Une région dans laquelle les Cvetkovic n'ont aucune attache, aucune perspective d'avenir.

«Je ne partirai pas!»
De fait, ils avaient jusqu'au 31 août pour accepter l'aide financière au retour. Le cas échéant, la Police cantonale est chargée d'intervenir pour procéder manu militari à l'expulsion. «Je ne partirai ni le 31, ni jamais!», confie Miroslav, dans un français très clair. «J'ai mérité ma place ici, contrairement à d'autres. En plus, je ne suis jamais retourné en Serbie, mes enfants n'y sont jamais allés, je n'ai rien du tout là-bas.» Sans compter que tout son entourage se trouve en Suisse romande. «On travaille, on paie nos impôts et on n'obtient rien en retour... Ce n'est pas juste.»
Cette mobilisation ne serait pas ce qu'elle est sans Roland Volluz, le contremaître de Miroslav depuis décembre 2011, qui se bat pour la cause de son collègue et ami. «C'est inadmissible de laisser toute une famille et une carrière se construire, et après neuf ans, de leur demander de foutre le camp!» Un sentiment d'injustice qui l'a poussé à épauler son ouvrier, en sensibilisant la presse et les pouvoirs publics. «Nous ne voulons pas qu'il obtienne l'asile, mais simplement un permis B qui lui permette de travailler en Suisse.» Pour Roland Volluz, Miroslav est un exemple d'intégration. «Il a fait beaucoup d'efforts, il a remboursé entièrement ce qu'il devait à l'Etat et c'est un très bon élément au travail, d'ailleurs, mon patron souhaite le garder.»

Rouvrir le dialogue
A travers cette manifestation, le but final de Roland Volluz est d'ouvrir une discussion avec le Conseil d'Etat dans l'espoir qu'il révise le cas et qu'une autorisation de travail soit enfin octroyée à Miroslav.
Le syndicat Unia était lui aussi présent jeudi soir pour montrer son soutien. «Sa vie est ici, il faut trouver une solution pour qu'il puisse rester en Suisse, rapporte Blaise Carron, secrétaire syndical. Que plus de cent personnes soient venues au rendez-vous prouve bien que Miroslav est intégré à la région.»
La procédure juridique pour obtenir un permis de travail s'annonce compliquée, mais la Commission de cas de rigueur du Valais pourrait revoir le dossier. Miroslav reste positif. «J'ai bon espoir, je reste confiant. Les choses vont s'arranger...»


Manon Todesco