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Gate Gourmet six grévistes licenciés

Les employés, dont les leaders du mouvement ont été renvoyés avec effet immédiat. Le SSP somme le Conseil d'Etat genevois...

Le 2 octobre, six employés en grève de l'entreprise Gate Gourmet de l'aéroport de Genève ont été licenciés avec effet immédiat pour avoir, selon la direction, usé de moyens illicites lors de l'action du 28 septembre. Le Syndicat des services publics dénonce une nouvelle violation du droit de grève et appelle le Conseil d'Etat à réagir de toute urgence. De leur côté, le SIT et Unia ont organisé un après-midi de lutte pour sensibiliser la population à la situation des Emplois de Solidarité. Les deux cortèges ont convergé devant le Grand Conseil.

Le conflit prend une tout autre dimension chez Gate Gourmet. Six employés en grève ont reçu en fin de semaine dernière une lettre de licenciement avec effet immédiat motivée, selon la direction, par leurs «agissements contraires au droit» et l'usage de «moyens illicites» lors de l'action syndicale du 28 septembre à l'aéroport. Le courrier mentionne que des plaintes pénales ont aussi été déposées pour les diverses infractions commises ce jour-là, notamment violation de domicile, lésions corporelles et injures. En effet, toujours selon la direction, les grévistes seraient rentrés de force dans les locaux de Gate Gourmet, blessant trois employés qui ont dû être mis en arrêt maladie. De son côté, le comité de soutien des grévistes de Gate Gourmet dément. «Tout d'abord, c'est le comité qui a initié cette action, pas les grévistes, assure sa présidente. Et nous sommes rentrés dans l'entreprise dans le calme et les relations avec la police ont été très bonnes.» Le Syndicat des services publics (SSP), qui a contesté ces licenciements car jugés illicites, dénonce une violation du droit constitutionnel de grève. «Après avoir refusé de recourir à la Chambre des relations collectives de travail pour trouver une issue au conflit, Gate Gourmet licencie des grévistes pour intimider les autres, s'indigne Yves Mugny, secrétaire central du SSP. L'opposition frontale de l'employeur montre qu'on n'est pas dans le partenariat social.» A noter que trois des personnes renvoyées sont les délégués en charge du mouvement et une quatrième est la compagne de l'un d'eux.

Silence du Conseil d'Etat
L'aéroport étant un établissement public - et la conseillère d'Etat Isabel Rochat étant sa présidente -, le SSP a immédiatement tenté d'établir un contact avec les élus politiques pour faire annuler les licenciements. «Le Conseil d'Etat refuse tout dialogue avec le syndicat et les grévistes», déplore Yves Mugny. Une résolution d'urgence a été soumise aux députés du Grand Conseil la semaine passée demandant au Conseil d'Etat d'intervenir dans cette affaire et notamment d'exiger la prolongation de l'actuelle convention collective de travail afin de permettre la reprise des négociations et du partenariat social pour arriver à un accord. Le 3 octobre, grévistes, SSP, élus et sympathisants étaient tous présents devant le Grand Conseil pour faire pression en ce sens. Malgré le vote de l'urgence, la résolution n'a pas été discutée. Elle le sera probablement en novembre. Yves Mugny pense qu'avec l'affaiblissement de la droite libérale-radicale lors des élections du week-end dernier, et le soutien des populistes qui avaient voté l'urgence, elle pourrait paradoxalement obtenir la majorité. D'ici là, le mouvement s'élargit à l'aéroport où le ras-le-bol de l'ensemble du personnel devrait s'exprimer lors d'une pause de midi protestataire convoquée pour le 31 octobre. 


Manon Todesco