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La violence antisocialiste de l'époque et le courage des pionniers

Enseignant et conseiller national, Mathias Reynard a récemment publié un livre consacré aux débuts du Parti socialiste valaisan

Signée Mathias Reynard, enseignant et conseiller national, la publication «Les débuts du Parti socialiste valaisan (1900-1929)» retrace un pan méconnu de l'histoire de ce canton. Un chapitre qui met en lumière le courage dont ont dû s'armer les pionniers du mouvement, souvent diabolisés par le clergé et les autorités.

Si le Valais était le seul canton romand à ne pas disposer d'étude sur l'origine de son Parti socialiste, la lacune est désormais comblée. Ce printemps, Mathias Reynard a en effet publié un livre consacré à la thématique. Couvrant la période de 1900 à 1929, cet ouvrage est enrichi de photos d'archives et d'anciennes coupures de presse. «La raison de cette publication? Il est important que les militants puissent connaître l'histoire de leur parti, savoir d'où il vient...», explique l'auteur, enseignant à Savièse, conseiller national socialiste et président de l'Union syndicale valaisanne. «Elle m'a aussi permis d'écrire l'histoire des "petites gens"...»

 

QUESTIONS REPONSES

Pourquoi faut-il se souvenir des pionniers du socialisme en Valais?
Se souvenir des luttes menées, dans un contexte alors particulièrement antisocialiste, contribue à donner de la force aux militants pour mener des combats actuels.

De quel terreau est issu le Parti socialiste valaisan (PSV)? Pourquoi sa création a-t-elle tardé?
L'histoire du PSV est intimement liée au mouvement ouvrier. Au début du 20e siècle, le Valais était toutefois encore un canton essentiellement agricole, comptant peu d'usines. Sa création a aussi été retardée par des conflits idéologiques opposant, d'un côté, les révolutionnaires anarchistes et syndicalistes et, de l'autre, les socialistes souhaitant combiner les combats syndicaux avec ceux politiques.

Elus politiques et clergé ont aussi érigé des obstacles...
Oui. Il y avait à l'époque un contexte particulièrement antisocialiste. Les autorités religieuses - qui avaient énormément de poids - et celles politiques n'entendaient pas partager le pouvoir. Elles ont rendu la vie insupportable aux pionniers.

Quel était alors le profil du militant type?
Il travaillait à l'usine ou était employé d'une entreprise fédérale, comme les cheminots par exemple. Au début, il cumulait souvent son activité avec celle de paysan. Elle servait alors de gain accessoire et peu se syndiquaient. Les premiers ouvriers qui se sont mobilisés sont les Italiens travaillant au percement du tunnel du Simplon. Question de culture politique. Ils ne disposaient pas, pour leur part, d'autres revenus et ont mené des grèves pour améliorer leurs conditions salariales. Des actions réprimées sévèrement par les autorités politiques et sanctionnées par la presse. La population ne les a pas davantage soutenus.

Quelles sont les anecdotes qui vous ont le plus marqué en fouillant ce passé?
La violence antisocialiste. Il y avait, par exemple, un curé de ma commune qui menaçait de ne plus baptiser les enfants de socialistes et refusait d'enterrer les militants. Dans les écoles, on priait pour les gosses de socialistes...
Au positif, j'ai été fasciné par le courage des pionniers qui osaient envers et contre tout afficher leurs idées, participer aux réunions et notamment à celles animées par le «diable rouge» Charles Dellberg, leader du PS, se battre pour leurs idées. La solidarité qui régnait entre eux m'a aussi beaucoup impressionné.

Des leçons à retenir...
Oui, une leçon de courage. On gardait espoir même quant on se retrouvait qu'une poignée aux séances. C'est grâce à ces personnes que nos structures existent.

Et aujourd'hui, dans quel contexte évolue le PSV
Un contexte beaucoup plus difficile qu'il y a dix ans. Il y a un retour au conservatisme en Valais, un fort repli identitaire, la montée de l'UDC... Il faut s'armer de courage. Pas comme dans le passé, mais tout de même...


Propos recueillis par Sonya Mermoud


«Les débuts du Parti socialiste valaisan (1900-1929)», 208 pages, est disponible dans les librairies du canton au prix de 30 francs.