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L'activité exemplaire d'un comité syndical sur le lieu de travail

Chez Philip Morris Products, les représentants des travailleurs ont mené des séances d'information

Le comité syndical du cigarettier Philip Morris à Serrières-Neuchâtel a organisé fin juin 14 séances d'information syndicale au sein de l'entreprise, en collaboration avec Unia. Près de 200 travailleurs y ont participé. L'Evénement syndical a suivi cette opération inédite placée sous le signe du partenariat social actif.

Vendredi 22 juin, 13 heures. Une vingtaine de travailleurs s'installent dans une salle de réunion du cigarettier Philip Morris Production (PMP). Ils ont répondu à l'invitation du comité syndical de l'entreprise. Avec Unia, ce dernier a en effet obtenu, à l'issue d'une négociation avec la direction, l'autorisation d'organiser à l'interne deux journées d'information syndicale destinées au personnel, au fil de 14 séances d'une heure chacune, avec la participation d'un représentant du syndicat, en l'occurrence Pascal Crespin.

Liberté d'expression syndicale
La séance à laquelle nous assistons s'ouvre par une intervention d'à peine cinq minutes de la directrice des ressources humaines, Simona Robotti, laquelle souligne «l'importance de la liberté d'expression syndicale et l'échange d'opinions différentes dans le respect mutuel». Puis elle quitte les lieux. Le comité a en effet souhaité pouvoir s'exprimer librement, sans présence directoriale continue. La présidente du comité syndical de l'entreprise, Christianne Romy, entre ensuite dans le vif du sujet: «Nous avons une convention collective de très bonne qualité, qui s'est élaborée au fil des années, mais cela ne s'est pas fait tout seul.» La présidente s'emploie à démontrer l'efficacité du comité. «Nous devons prendre des décisions qui ne sont pas toujours simples, nous défendons les intérêts du personnel tout en ayant un dialogue transparent avec la direction. (...) Nous devons unir nos forces et transformer ces défis en histoire à succès. Sans une présence à la fois forte, innovante et durable, nous ne pourrons par régler la question de la pérennité de l'emploi, ni préserver notre bien-être.» Et de prier l'assistance d'accorder son soutien au comité syndical.

Un gros travail
Après ce plaidoyer, le vice-président du comité syndical, Daniel Gilliand, présente le travail du comité: nombreuses séances de négociation de la convention collective de l'entreprise, réunions de préparation des revendications, assemblées. Sans compter la participation aux activités régionales et nationales d'Unia, des tâches le plus souvent effectuées en dehors des heures de travail. Le comité remplit également tout une série de tâches portant sur le suivi de la convention, en particulier le contrôle de l'annualisation du temps de travail et la régulation du travail temporaire.
Le comité ne se contente pas de jouer les seconds rôles. Selon la législation et les accords passés avec la direction, il doit être consulté notamment sur les horaires de travail, les jours fériés, les licenciements collectifs, le travail de nuit ainsi que sur la politique d'entreprise. La direction doit également l'informer, entre autres, sur la marche économique et financière de l'entreprise, sur les équipements et les aménagements techniques et organisationnels.

Primes augmentées
Membre du comité, Raymond Dobler fait ensuite le point sur la négociation portant sur la révision de l'accord collectif de travail. «La direction a souhaité que cette révision n'engendre aucune augmentation des coûts pour l'entreprise. Pour le comité syndical, c'est inacceptable», souligne-t-il. Et au chapitre salarial, le comité souhaite une augmentation qui ne soit plus uniquement attribuée selon l'évaluation de la performance. Il demande que le tiers des 1,2% de hausse de la masse salariale soit attribué de manière fixe et égale à chaque employé. Pour l'heure «le management nous a informés qu'il ne peut accepter cette proposition». Affaire à suivre...
Autre revendication: l'augmentation de la prime d'équipe pour le personnel en 3x8. Le comité proposait trois variantes, dont la plus favorable se chiffrait à 88 francs supplémentaires par mois. La direction a finalement accepté d'en concéder la moitié, soit 44 francs, ce qui porte la prime mensuelle à 836 francs.
En complément de la défense des conditions de travail et des salaires, le comité contribue également à la sauvegarde des emplois, en soutenant les démarches politiques dirigées contre la volonté de Bruxelles de voir l'industrie suisse du tabac abandonner certaines catégories de produits pour l'exportation.

Contact direct
Côté organisation interne, le comité syndical présente en fin de séance la préparation de la fête de Noël des enfants du personnel syndiqué et les cadeaux aux jubilaires. Dans la foulée, il détaille par la voix de Mauro De Iaco, le nouveau service de covoiturage initié par le comité. Ce dernier demandait à la direction 20 places de parc et en a obtenu progressivement 17, ce qui représente 50 véhicules de moins sur les parkings environnants.
Les 14 séances ont rassemblé près de 200 personnes, soit près du tiers des effectifs. Les participants ont posé de nombreuses questions. Et certains d'entre eux ont permis au comité et à Unia de rappeler la nécessité de l'engagement syndical. Ces journées d'information ont aussi donné au comité un supplément de visibilité et de crédibilité. «C'est un moyen assez efficace de faire reconnaître notre travail. Il y a deux ans, on l'a fait avec des tracts, mais cela a eu bien moins d'impact que ce contact direct», constate Raymond Dobler.

Pierre Noverraz



Les artisans d'une convention forte
Signée pour deux ans, la nouvelle mouture de la convention d'entreprise de Philip Morris Products (accord sur le statut collectif des employés) est entrée en vigueur en 2012. Parmi les points forts, elle prévoit 22 semaines de congé maternité, des congés d'adoption d'un mois, dix jours de fériés payés et des primes de fidélité. «Tous les six mois, on contrôle cet accord pour vérifier qu'il n'y ait pas de débordements et tous les deux ans, on réexamine l'ensemble des dispositions pour effectuer des réajustements. L'année prochaine par exemple, on va revoir le système de l'annualisation», explique Christianne Romy.
«Cette convention nous permet également de contrôler tous les trois mois le niveau du travail temporaire afin d'éviter toute dérive. Cette forme de travail n'est admise qu'en cas de nécessité, par exemple lors de brusques croissances de la demande, comme cela a été le cas lors des productions supplémentaires pour le Japon. La priorité reste aux emplois fixes. Nous vérifions aussi que les sociétés externes respectent les normes imposées par l'entreprise. Nous sommes intervenus deux fois auprès de notre direction pour dénoncer des entorses à cette règle. Et nous avons été entendus.»
L'accord donne également une large place au travail syndical au sein de l'entreprise et à la concertation. «Le partenariat social est dans l'intérêt du personnel mais aussi dans celui de l'entreprise.» Risque de fil à la patte? «Pas du tout. Le dialogue ne nous empêche pas de défendre nos positions avec fermeté. Les négociations sont parfois dures mais se déroulent dans le respect mutuel. Le but est d'aboutir à un consensus.» Avec des concessions, certes, mais sans compromission. Le secrétaire syndical Pascal Crespin abonde dans ce sens. «La direction sait qu'elle a intérêt à collaborer avec le comité Unia et le syndicat. Le dialogue est ouvert et constructif. Cela ne veut pas dire que nous n'ayons pas chacun nos positions.»

PN



Visibilité syndicale dans l'entreprise
Le comité syndical de Philip Morris Production à Serrières compte sept membres. Il s'agit de Christianne Romy, présidente, Daniel Gilliand, vice-président, Raymond Dobler, caissier, Alain Willi, secrétaire, Mauro De Iaco, Serge-André Sieber et Carlos Tavares.
Ces représentants du personnel portent chacun sur leurs vêtements de travail des marques d'identification aux couleurs d'Unia. Ils disposent d'un site interne et diffusent les informations syndicales à travers des affiches au sein de l'entreprise et mettent à disposition du personnel les journaux d'Unia dans les trois langues nationales dans six endroits de l'entreprise.

PN