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L'aluminium, proie des titans

Inquiétudes chez Alcan après l'annonce de son rachat par Rio Tinto

Les géants de l'industrie et des mines jouent au monopoly sur l'échiquier mondial de l'aluminium, les poches pleines des dollars que leur a rapporté l'envolée des prix des métaux. L'intérêt des actionnaires est brandi à tout vent. Quant aux travailleurs, ils sont hors-jeu, jusqu'à nouvel avis...
Le 10 juillet dernier, les syndicats et les commissions d'entreprise européennes d'Alcan et d'Alcoa, les deux géants de l'aluminium, se sont mobilisés pour dire leur inquiétude face à l'offre d'achat «inamicale» de l'américain Alcoa sur le canadien Alcan. Retournement de situation le surlendemain: Alcan annonçait un accord avec le 2e groupe minier mondial, l'anglo-australien Rio Tinto, qui avalera le géant canadien pour 38 milliards de dollars (payés cash!) soit près de 10 milliards de plus que la première offre d'Alcoa. Un appétit aiguisé par la forte croissance chinoise. Et si Alcan se tourne vers un nouvel enchérisseur, il lui faudra débourser un milliard de dollars! Les carottes semblent cuites. Alcoa a retiré son offre, et pourrait être à son tour convoité par d'autres géants de la mine.

Tout est possible...
Le rachat d'Alcan par Rio Tinto laisse planer de nouvelles inquiétudes sur les sites d'Alcan en Europe. Toute la division «emballages», qui emploie 31000 personnes (dont près de la moitié en Europe) sur les 68000 que compte Alcan dans le monde, sera vendue.
En Valais, où un millier de personnes travaillent pour Alcan, ce rachat est considéré comme un moindre mal face aux craintes suscitées par Alcoa car les répercussions en terme d'emplois auraient pu être bien plus importantes. Ce qui n'empêche pas les inquiétudes face à Rio Tinto. «Dans les usines valaisannes, nous ne travaillons pas pour l'emballage, ce qui n'est pas le cas de nos collègues en Suisse alémanique. Mais dans le communiqué d'Alcan et de Rio Tinto, il n'est fait aucune mention des usines suisses. Et on le sait, chaque fusion apporte son lot de restructurations», note Charles-Henri Rudaz, secrétaire syndical d'Unia à Sierre. «C'est peut-être mieux que d'être racheté par Alcoa, mais pour l'instant, nous ne pouvons faire que des suppositions. Tous les scénarios sont possibles avec ces malfrats de la finance, ajoute Jean-Pierre Salamin, président de la commission d'entreprise d'Alcan en Valais. Pour nous, ce qui compte, c'est l'avenir de nos emplois.»

Rencontre aujourd'hui avec le grand patron
Face à cette situation, la commission d'entreprise européenne, à laquelle participe Jean-Pierre Salamin, et le syndicat Unia, ont demandé au patron des patrons d'Alcan, Dick Evans, futur dirigeant de Rio Tinto Alcan, une rencontre urgente avec les représentants européens du personnel. «Nous voulons savoir pourquoi le conseil d'administration d'Alcan a approuvé à l'unanimité ce rachat et quelle sera la stratégie future du groupe en Europe, ainsi que leurs intentions précises pour l'emballage et pour les produits usinés», résume Jean-Pierre Salamin. Lundi, la nouvelle tombait. Cette rencontre avec Dick Evans doit avoir lieu aujourd'hui, mercredi 25 juillet, à Zurich. Affaire à suivre...

Sylviane Herranz