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Le bilan de compétences: un révélateur de potentiel

En Suisse romande Unia propose un bilan de compétences à ses membres depuis 2010

Depuis 2013, les membres d'Unia Vaud peuvent profiter de faire un bilan de compétences à un tarif privilégié. L'occasion de réfléchir à sa pratique professionnelle, mais aussi à sa vie personnelle.

Besoin de faire le point, définir des objectifs que ce soit en vue d'un changement professionnel ou tout simplement pour identifier ses ressources et ses compétences, accroître l'estime de soi ou développer de nouveaux projets... Autant de raisons pour se lancer dans un bilan de compétences. «Un révélateur de potentiel» pour le syndicat Unia qui s'est allié avec l'espace de formations Effe, basé à Bienne, spécialiste en coaching et en formation d'adultes depuis 1993, pour offrir des bilans de compétences à ses membres pour un montant de 150 francs, au lieu de 800 francs (coût effectif).
Biographique, l'approche tient compte des expériences acquises non seulement dans ses postes de travail, mais aussi dans sa vie privée. «Cette école prend l'humain dans sa globalité, en tenant compte de toutes ses facettes. Le bilan vise à valoriser les qualités de la personne», relève Joëlle Racine, responsable formation d'Unia.
Après Neuchâtel et le Jura, et avant Berne, le canton de Vaud propose un bilan de compétences depuis 2013. Trente-quatre personnes en ont déjà profité, et 5 sont actuellement en formation (une décoratrice, un maçon, une vendeuse, une personne dans le management et une animatrice dans un EMS). Soit 8 séances de 3 heures (auxquelles s'ajoutent 2 rencontres entre participants). «Au départ, on l'avait pensé principalement pour le secteur tertiaire, mais maintenant c'est ouvert à tous. Le bilan se déroule une fois par année et s'étend sur 4 mois. Le plus difficile, c'est de réussir à coordonner tout le monde», explique Dominique Fovanna, responsable tertiaire d'Unia Vaud. «C'est un travail profond, en petit groupe de maximum 8 personnes, qui permet d'enrichir son CV, mais aussi d'avoir davantage confiance en soi, de se rassurer sur ses compétences.»

Un temps d'introspection
«Dans cette nouvelle ère du travail, toujours plus technologique et rapide, il est difficile pour le travailleur de s'arrêter pour savoir où il en est. Il arrive qu'un employé soit bien dans son poste pendant 30 ans, et tout à coup on lui dit qu'il n'est plus compétitif. Le stress s'installe, et avec lui les erreurs... Aujourd'hui on accepte d'être brimé pour garder son travail. On demande davantage de compétences aux employés, sans leur donner les moyens de les acquérir», relève Carmen Amstutz Córdova, coach, formatrice et accompagnatrice de bilan de compétences. «Un bilan permet de se faire une représentation de nos compétences, des ressources que nous avons mobilisées dans notre vie professionnelle mais aussi personnelle, car tout est lié. Il s'agit de valoriser notre potentiel, et de le développer. On travaille donc sur la communication, la connaissance de soi, la gestion des émotions, l'affirmation de soi, la confiance en soi en révélant le potentiel humain de chacun qui est énorme. Parfois ce travail mène à une réorientation ou une nouvelle formation, parfois à une réaffirmation de soi qui change notre rapport aux autres et permet une plus grande flexibilité.» Un travail autobiographique est donc demandé, soit un investissement personnel conséquent. «La matière des ateliers, c'est eux qui l'apportent», ajoute Carmen Amstutz Córdova. Il s'agit aussi d'oser se raconter puis d'analyser certaines expériences professionnelles, de la vie quotidienne, ou de faits marquants. «Cela permet de montrer de quoi la personne a été capable. Car généralement au fur et à mesure qu'on fait les choses, on les automatise, et on ne se rend plus compte de leur valeur. Une femme au foyer a des capacités d'organisation dont le monde du travail a besoin par exemple.»
Et la coach de relever une dimension supplémentaire dans les bilans de compétences organisés par Unia. «C'est aussi une plateforme pour échanger des informations sur le syndicat et le monde du travail.»

Aline Andrey


Témoignages de participantes enthousiastes

Agnès Cardinaux, en cours de formation, animatrice dans un EMS: «Je suis à mon poste depuis 20 ans, alors que j'ai toujours voulu travailler avec des enfants. J'ai vu l'annonce pour le bilan de compétences dans L'Evénement syndical. Curieuse, je suis allée à la séance d'information qui m'a convaincue. Jusqu'à maintenant, j'ai fait 5 cours, et j'ai déjà l'impression que des choses se sont passées. Je prends moins les choses à cœur au travail et je me sens mieux. J'arrive à davantage m'affirmer. J'ai fait aussi la démarche pour m'inscrire à une séance d'information pour reprendre des études comme assistante socio-éducative.»

Maria Rodrigues, dans la vente: «J'ai été formée dans la couture au Portugal, mais quand je suis arrivée ici à 16 ans, mon diplôme n'était pas reconnu. J'ai alors surtout travaillé dans la vente, sans CFC. Après 3 ans à Unia comme secrétaire syndicale, j'ai recherché du travail dans la couture, sans résultat. J'étais un peu paumée, je ne savais pas trop ce que je voulais faire. J'ai galéré pendant deux ans, avant de retrouver du travail dans la vente. Grâce à ce bilan de compétences, je me suis renseignée pour faire un CFC de gestionnaire de commerce de détail. J'ai réussi à présenter un dossier sous l'égide de l'article 32 (de l'Ordonnance sur la formation professionnelle, ndlr), et trouvé un soutien financier pour payer une partie de l'école. Je suis en formation cette année, trois soirs par semaine, et je passerai les examens en juillet 2017, en même temps que les jeunes apprentis. Je suis supercontente de ce parcours.»

Geneviève Gilliéron, décoratrice, gérante d'une boutique: «Dominique Fovanna m'a proposé de faire ce bilan. A priori, je pensais qu'il s'adressait plutôt à des personnes au chômage. Mais finalement cela m'a donné confiance en moi. L'équipe et la prof étaient très chouettes, les parcours des différentes personnes, venant aussi de différentes cultures, étaient très riches. Je me rappelle de ce moment très émouvant où l'on devait donner notre avis sur le parcours des autres. C'est un processus très profond qui demande beaucoup d'investissement personnel. Un travail d'introspection que j'ai vécu comme un tremplin. Je sais aujourd'hui aussi valoriser mon CV, même si j'espère ne plus jamais avoir besoin d'en faire un.»

Sylvie Diserens, dans la vente: «Ce bilan professionnel et personnel m'a beaucoup apporté. J'adorais ce moment où l'on mettait les expériences sous la loupe, où l'on allait dans le détail, où l'on devait tout écrire et l'envoyer à Carmen. Je me suis mise à l'informatique pour ça. Ce bilan de compétences m'a aussi permis de faire face quand mon supérieur m'a dit, alors que je suis vendeuse depuis 32 ans, que j'étais nulle. Ou encore quand je me suis battue pour éviter la prolongation des horaires de magasins... Depuis cette formation, je suis moins timide, j'ai moins peur de tout.»