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Le personnel de Schilliger veut rétablir la vérité

L'entreprise a licencié ses sept employés de Lausanne, après moult mensonges sur l'avenir de la boutique

Du respect SVP! C'est avec ce slogan que le syndicat Unia a dénoncé, lundi dernier, le mépris de la direction d'une des plus grandes enseignes de jardinerie de Suisse, Schilliger, envers son personnel de la boutique de Lausanne. Les employés ont appris par d'autres la fermeture du magasin cette fin d'année, avant d'être licenciés.

«Nous voulons rétablir la vérité, dire comment les choses se sont réellement passées.» Mélanie (prénom d'emprunt), vendeuse à la boutique Schilliger à Lausanne, fait partie des sept personnes que la société a licenciées pour la fin de l'année. Elle témoignait lundi dernier, alors que le syndicat Unia distribuait un tract de protestation devant la boutique de la rue de la Madeleine. Cette dernière fermera ses portes le 17 décembre. Deux autres vendeuses auxiliaires et trois personnes effectuant le nettoyage restent elles aussi sur le carreau.
«Schilliger veut donner l'image d'une entreprise qui n'a rien à se reprocher. Elle a annoncé que la fermeture était motivée par les inondations subies à cause des travaux du M2. Elle a dit qu'elle recherchait d'autres locaux à Lausanne et qu'elle réengagerait quatre des sept employés permanents de la boutique. Or rien n'est plus faux», poursuit Mélanie qui dénonce, comme ses collègues et Unia, le mépris manifesté envers le personnel qui a été le dernier informé de ce qui se tramait.

Signaux avant-coureurs
Elle raconte que depuis une année environ, des personnes ont commencé à visiter la boutique. Au début 2011, les employés apprennent par ces dernières que les locaux sont mis en location pour le 1er janvier 2012. Le personnel trouve une annonce confirmant l'information sur un site internet. Interpellée, la direction, située au Garden centre de Gland, explique à ses collaborateurs que le bail avait été dénoncé pour mettre la pression sur la gérance, à qui Schilliger demande des dédommagements pour les dégâts subis lors des inondations, mais qu'il n'était pas question de fermer le magasin... Au printemps, nouveau signal: une journaliste appelle la gérante de la boutique - qui sera elle aussi licenciée - l'informant que la Banque Migros allait louer les locaux. Se référant à ce que lui avait dit la direction, la gérante dément. En août, la directrice générale de Schilliger avertit le personnel d'une visite de trois personnes de la gérance. Or ces trois personnes se révèlent être des directeurs de la Banque Migros! Plans en main, ils confirment avoir repris le bail... Colère et indignation du côté du personnel qui s'adresse aussitôt à la direction. A nouveau, la directrice de Schilliger dément vouloir fermer la boutique et parle plutôt de pressions exercées par la gérance!

Syndicat exclu
Ce n'est que vers mi-octobre, après d'autres informations contradictoires, que la vérité éclate. N'y tenant plus, la responsable de la boutique s'adresse à un directeur de Migros qui confirme: le bail est signé depuis longtemps! Le personnel mandate alors le syndicat Unia pour qu'il le représente et défende ses droits. «Nous avons reçu nos lettres de licenciement deux jours après qu'Unia ait envoyé un courrier recommandé à la direction», s'indigne Mélanie. «Je ne sais pas ce qui se serait passé si le syndicat n'était pas intervenu, je pense qu'ils auraient poussé le mépris jusqu'à nous demander de donner nous-même notre congé!»

Aucun emploi proposé
La vendeuse confirme aussi qu'aucune des personnes licenciées n'a reçu de proposition concrète et écrite pour un autre travail au sein de la société, ce que l'entreprise s'était engagée à faire dans la lettre de licenciement. «Ils nous ont dit oralement qu'on pourrait travailler dans une autre succursale de Schilliger. Nous leur avons demandé où et à quelles conditions, mais n'avons jamais eu de réponse», précise-t-elle, en ajoutant que la direction les a aussi enjoints de remettre en cause le mandat donné à Unia.
Au final, le personnel solidaire a obtenu d'être libéré de son obligation de travailler dès le 24 décembre. «Ce qui nous a le plus touchés, c'est la manière dont ils se sont comportés envers nous, sans aucun scrupule. Le silence répété de la direction, le fait de tout apprendre par d'autres et de devoir répondre aux clients sans savoir ce qui se passait. La moindre des choses aurait été que la direction leur annonce officiellement la fermeture à la clientèle. Même ça, elle ne l'a pas fait! Alors aujourd'hui, nous ne nous gênons pas de dire toute la vérité, même si elle a envoyé quelqu'un pour nous surveiller!» 


Sylviane Herranz