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Les emplois fondent comme neige au soleil...

Les batteries au plomb chez Leclanché, c'est fini. 35 emplois passent à la trappe

Nouveau coup dur pour l'industrie yverdonnoise. Même si syndicat et travailleurs savaient qu'il se passerait quelque chose dans la production des batteries au plomb chez Leclanché à Yverdon, ce n'est que fin octobre qu'ils apprenaient qu'un repreneur était trouvé pour cette activité, depuis longtemps dans les chiffres rouges. Début décembre, la direction annonçait la fin de la production de ces batteries d'ici au mois d'avril 2007, les dernières commandes pour l'armée et les CFF devant encore être honorées. Les batteries au plomb, pour les voitures par exemple, tout comme les piles dont la production a déjà été arrêtée, avaient fait le succès de Leclanché durant son âge d'or, il y a une quarantaine d'années, époque où plus de 850 personnes travaillaient pour cette entreprise yverdonnoise.

Plan social
Le repreneur est le groupe américain EnerSys, leader mondial dans le domaine. Cette reprise entraîne la suppression de 35 emplois. EnerSys occupera une dizaine de personnes sur le site yverdonnois, en principe jusqu'à 2009. Sur les 35 emplois qui disparaissent, 30 personnes sont licenciées et toucheront un plan social négocié par la commission d'entreprise et le syndicat Unia, et 5 personnes ont choisi de prendre une retraite anticipée. Pour Carlo Villiger, secrétaire syndical Unia à Yverdon, ce plan social est un bon plan social. «Il n'a pas été évident de l'arracher, dit-il. Mais les travailleurs l'ont avalisé et sont satisfaits.» Quelque 1,26 million de francs seront répartis en fonction du nombre d'années de service, dans une fourchette allant de 2 mois à 7 mois et demi pour les deux personnes comptant 40 ans d'entreprise. A cela, s'ajoute le délai de congé et les vacances.
Les licenciements sont échelonnés jusqu'en avril. Ces 35 emplois représentent près d'un tiers du personnel de l'entreprise qui ne tournera, à l'avenir, plus qu'avec 75 employés. Selon la direction, l'arrêt des batteries au plomb marque la fin de la restructuration entamée en 2003. Le nombre d'emplois était déjà passé de 230 personnes en janvier 2003 à 126 en mars 2006.

Nouvelles technologies
Leclanché estime aujourd'hui que son avenir réside dans les technologies d'avant-garde, comme le lithium-ion ou le lithium polymère qui sont à la base des mini-batteries flexibles produites par Bullith Batteries AG, une petite société allemande rachetée en mars de cette année. Lors de cet achat, il avait été question qu'une partie de la production de ces batteries flexibles se fasse à Yverdon. Mais pour l'heure, aucune nouvelle dans ce sens n'a filtré.

Fin des restructurations?
En mars également, l'investisseur allemand Germancapital, principal actionnaire de Bullith, avait lancé une Offre publique d'achat (OPA) sur les actions de Leclanché. Germancapital est aujourd'hui le principal actionnaire de Leclanché. A cette époque, la direction avait dit au personnel inquiet qu'aucun licenciement n'était prévu pour 2006. Aujourd'hui, le directeur Raoul Sautebin déclare à nouveau, dans le quotidien 24 Heures du 2 décembre: «Nous sommes maintenant prêts pour un nouvel essor. C'en est fini des licenciements». Peut-on le croire? Lorsque l'on sait que son parcours professionnel est jalonné de restructurations d'entreprises, le doute est de mise...
A l'issue de cette restructuration drastique qui a laissé plus d'un travailleur sur le carreau, notons un bénéficiaire heureux, qui n'est autre que la caisse de pension du personnel de Leclanché... Disposant de 15% des actions de l'entreprise, la caisse de pension avait répondu favorablement à l'OPA de Germancapital et vendu, en mars, ses 20000 actions Leclanché, rachetées par le groupe allemand à 150 francs alors qu'elles valaient 50 francs. Du coup, c'est un bénéfice net de 2 millions de francs qu'a réalisé la caisse de pension dans cette opération...

Sylviane Herranz