Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

Les femmes ne se laisseront pas faire

La journée du 8 mars prendra une tournure beaucoup plus large afin de mobiliser les femmes de Suisse et au-delà

Le mouvement suisse We can't keep quiet, dont Unia fait partie, appelle toutes les personnes, associations et organisations sensibles aux revendications de la Marche des Femmes à former une alliance à l'occasion de la Journée des femmes. Des actions et des manifestations auront lieu partout en Suisse pour dénoncer les violences faites aux femmes, les inégalités salariales et plus globalement les menaces qui pèsent sur leurs droits. Entretien avec Corinne Schärer, du comité directeur d'Unia.

Cette Journée des Femmes sera un peu différente des autres. Si le 8 mars reste l'occasion de dénoncer les discriminations et les inégalités dont les femmes sont victimes en Suisse, il s'agira cette année d'élargir la cible et de se battre pour toutes les femmes du monde. A l'image des Women's March (Marches des Femmes), à l'occasion desquelles des millions de personnes se sont mobilisées spontanément aux quatre coins du monde en réponse à l'élection puis à l'intronisation de Donald Trump le 20 janvier, le mouvement We can't keep quiet (en français, on ne peut pas se taire) aspire à regrouper des militants des droits des femmes d'ici et d'ailleurs pour former une grande alliance. Insufflé par une sociologue suisse-allemande, Unia a tout de suite adhéré au projet et appelle à un large rassemblement. Corinne Schärer, membre du comité directeur du syndicat en charge de la question, revient sur les revendications de ce mouvement.

Pourquoi participer à la campagne We can't keep quiet?
A la fin 2016, nous avions décidé avec Unia et l'Union syndicale suisse (USS) de faire des actions décentralisées le 8 mars, avec des discours, des distributions de tracts et des manifestations dans les rues. Et puis il y a eu tous ces mouvements à l'international: en Pologne, contre la menace du droit à l'avortement, et aux Etats-Unis, contre l'élection de Trump. Sa façon de banaliser le sexisme et la misogynie a mobilisé massivement les femmes dans le monde entier. Nous avons donc décidé d'organiser quelque chose de plus important pour ce 8 mars, pour marquer le coup. L'appel We can't keep quiet a été officiellement lancé le 17 février. Il est né d'un petit groupe de femmes à qui on a proposé d'unir nos forces. L'idée est d'élargir le mouvement et de mobiliser en Suisse et à l'international autour des revendications de la Women's March.

Quelles seront les revendications de ce 8 mars?
L'effet Trump a été de banaliser et de légitimer le sexisme. Nous devons lutter contre toute forme de harcèlement ou de violences envers les femmes, au travail comme dans la sphère privée. Des études récentes ont montré que même ici, en Suisse, une femme sur trois se fait harceler sexuellement dans sa vie professionnelle. Ce n'est plus possible! Nous allons également nous battre pour obtenir davantage de places de crèche, un congé maternité plus long et payé à 100%, ainsi qu'un vrai congé paternité et parental.

Les inégalités salariales entre les hommes et les femmes sont toujours d'actualité. Comment y remédier?
L'égalité salariale n'est toujours pas garantie en Suisse! Et les salaires des femmes sont toujours trop bas, surtout dans les métiers typiquement féminins, comme la vente, le nettoyage ou encore les soins. Le Parlement devra traiter cet été un changement de la loi pour que les entreprises procèdent au contrôle des salaires. Nous allons faire pression pour que les choses avancent rapidement. Il faut aussi agir sur le temps de travail: les femmes sont en proie au temps partiel, aux heures supplémentaires et doivent se montrer très flexibles. La difficile conciliation entre vie privée et vie professionnelle cause énormément de stress au sein de cette population. Quant au travail non rémunéré, nous lutterons pour qu'il soit reconnu par les assurances sociales.

Les droits des femmes dans le monde sont-ils en train de reculer?
Ils sont clairement menacés, on l'a vu en Pologne dont le gouvernement voulait faire interdire l'IVG, on le voit aux Etats-Unis à travers les propos tenus par Trump. Il y a une volonté de dirigeants issus d'une droite conservatrice d'attaquer frontalement les droits des femmes. Nous devons prendre ces menaces très au sérieux. Nous ne nous laisserons pas faire!

Finalement, est-ce que la Journée des Femmes fait vraiment avancer les choses?
Evidemment, nous devons nous mobiliser et taper du poing sur la table. C'est grâce à cela qu'on arrive à résister. La preuve, encore en Pologne, la grève des femmes a payé puisque le gouvernement a fait machine arrière.

Propos recueillis par Manon Todesco

Plus d'infos sur www.cantkeepquiet.ch
Voir aussi en page 8.
Rendez-vous le 18 mars à Zurich pour la Women's March


Les femmes Unia exigent le référendum contre Prévoyance vieillesse 2020

Comment améliorer la situation des femmes retraitées?
Corinne Schärer : Evidemment, l'augmentation de l'âge de la retraite va péjorer leurs conditions, mais la priorité avant tout est d'augmenter les rentes, sans quoi, elles n'arriveront pas à vivre décemment en Suisse. La proposition du Conseil des Etats d'augmenter l'AVS de 70 francs par mois et d'améliorer les rentes pour les personnes qui ont travaillé à temps partiel est progressiste et va dans le bon sens, mais il faudra plier sur l'augmentation de l'âge de la retraite à 65 ans. A l'inverse, si on lance le référendum et qu'on le gagne, on maintiendra l'âge de la retraite des femmes à 64 ans, mais on perdra sans doute l'augmentation des rentes. C'est une décision très difficile à prendre...

Les militantes Unia ont un avis beaucoup plus tranché sur la question...
En effet, lors de la Conférence des femmes qui a eu lieu samedi dernier, elles ont été une majorité à se prononcer en faveur du référendum. Pour elles, les deux projets fédéraux représentent un affront contre les femmes et une injustice. A leur sens, l'augmentation de l'AVS ne compensera pas le passage de l'âge à la retraite à 65 ans.
MT