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Les vendeuses ne veulent pas passer Noël dans les rayons

Le Groupe de travail vente d'Unia Neuchâtel se mobilise contre l'ouverture des magasins le dimanche 24 décembre

Le Groupe de travail vente d'Unia Neuchâtel, qui représente quelque 7000 employés de la branche dans le canton, s'oppose formellement à l'ouverture des magasins le dimanche 24 décembre. La Loi cantonale sur les horaires d'ouverture des commerces, entrée en vigueur en 2014, permet d'ouvrir un dimanche par année. C'est celui précédent les fêtes de fin d'année qui est habituellement choisi par le Conseil d'Etat.

Le personnel neuchâtelois de la vente ne veut pas travailler le dimanche 24 décembre. Une délégation de vendeuses et de syndicalistes est montée le faire savoir au Château la semaine dernière. La Loi cantonale sur les horaires d'ouverture des commerces, entrée en vigueur en 2014, permet d'ouvrir un dimanche par année. C'est le Conseil d'Etat qui en fixe la date. Or, cette année, le dimanche précédent les fêtes de fin d'année, qui est habituellement choisi, tombe le 24 décembre, veille de Noël. «Il semblerait que la décision pourrait être prise rapidement, alors nous prenons les devants en demandant au Conseil d'Etat de ne pas choisir le 24 décembre. Les vendeuses et les vendeurs ont en effet pris position clairement contre cette date», a dit Nahum Van Rampaey à la presse réunie dans la cour du Château. «Le 24 décembre, nous ne voulons pas travailler, on veut passer ce dimanche en famille. Nous souhaitons que le Conseil d'Etat choisisse le dimanche précédent, suivant ou quel qu'il soit, mais pas celui-là», confirme Nicole, vendeuse dans l'alimentaire. «J'ai envie de passer Noël en famille avec mes jeunes neveux et mes nièces. Ça m'embête énormément d'arriver en retard au repas de Noël», corrobore Cosette, vendeuse en électroménager à Marin Centre. Si les magasins ferment à 17h, les employés de la vente ne sont pas encore à la maison à cette heure-là. «Dans l'alimentaire, il faut ranger et faire les caisses et si, en plus, il y a de la neige... certains ne rentreront qu'à 19h30 ou 20h», indique Nicole.
Au nom des 7000 vendeuses et vendeurs du canton et du Groupe de travail vente d'Unia Neuchâtel, les deux jeunes femmes ont remis un courrier à la Chancellerie destiné à Laurent Favre, conseiller d'Etat en charge du dossier et absent à ce moment-là, accompagné d'un «cadeau», une boîte contenant un verre brisé et des photos de famille déchirées et symbolisant le sacrifice imposé aux travailleurs et à leurs proches, ainsi qu'une lettre au Père Noël de Steve, un petit garçon: «S'il te plaît, fait que maman et papa passent la veille de Noël à la maison. Ils travaillent au magasin et, si le dimanche de Noël il est ouvert, je serai seul avec Kevin, mon petit frère. Il a trois ans. Cela rend très triste de nous retrouver seuls devant le sapin. S'il demande où sont maman et papa et qu'il pleure, je fais quoi?»

Deux jours de congé, c'est rare
«Cette année, le 24 décembre tombe un dimanche. C'est la veille de Noël et pour une fois nous pourrions en profiter. Chaque année, nous travaillons ce jour-là et nous arrivons au moment de la fête sur les genoux», note le personnel de la vente dans ce courrier au conseiller d'Etat. «Il est important d'avoir deux jours de repos d'affilée car il est rare dans la vente que nous puissions disposer de deux jours de congé à la suite», relève Denise, une vendeuse syndiquée depuis vingt ans. «Si on a réussi à inclure dans la convention collective deux jours de congé obligatoires par semaine, ils ne sont pas forcément d'affilée», explique Nahum Van Rampaey. Deux jours de repos ne sont pas non plus de trop pour aborder la période entre Noël et Nouvel An. «On a beaucoup travaillé l'année dernière après Noël...», assure Cosette.
Pour le personnel, travailler le dimanche représente donc un gros sacrifice et, à entendre les vendeuses, il n'en vaudrait en plus pas la peine. La délégation a ainsi remis au Conseil d'Etat des photos prises dans les magasins lors du dernier dimanche d'ouverture, on y voit des rayons vides de clients. «La première fois, il y a trois ans, ça a très bien marché, mais ensuite, l'engouement est retombé. Seuls les grands commerces vont un peu en profiter, les petits commerçants ont de la peine à suivre», estime Denise. «Nous avons le sentiment d'être puni par la grande industrie alimentaire, celle qui est déjà ouverte 11h par jour (10h le samedi), c'est-à-dire 65h par semaine, celle qui a aménagé de nouveaux horaires pour les employés au lieu d'engager», écrivent les vendeurs dans leur lettre. «Les enseignes, par leur marketing irréfléchi, détruisent la qualité de notre service à la clientèle que nous nous efforçons chaque jour de respecter malgré la détérioration de notre qualité de vie que nous subissons.»
«Nous espérons que le message passe, on ne devrait même pas être obligé d'en parler, on ne devrait même pas être là», conclut Nicole. L'action dans la cour du Château s'est achevée par des applaudissements à l'égard des cinq vendeuses présentes. «On peut les applaudir pour le travail qu'elles réalisent tous les jours car ce n'est pas un job facile», a souligné David Taillard, responsable du secteur tertiaire d'Unia Neuchâtel. Après quoi, la délégation, drapeaux d'Unia au vent, est redescendue en ville au son d'«On ne lâche rien» du groupe HK et Les Saltimbanks: «Chers camarades, chers électeurs, chers citoyens consommateurs, le réveil à sonné, il est l'heure d'remettre à zéro les compteurs...»

Groupe militant en forme
Au Grand Conseil, le groupe PLR a déposé un projet de modification de la Loi sur les horaires des commerces, qui permettrait deux dimanches d'ouverture par année. Nul doute que si ce projet devait aboutir, les députés trouveraient sur leur route le Groupe de travail vente d'Unia. «Les horaires, c'est vraiment un sujet fédérateur, c'est sur ce thème que nous avons construit ce groupe», constate Nahum Van Rampaey. Ce comité militant s'est formé en septembre 2015 pour s'opposer à l'extension des horaires contenue dans le projet de nouvelle Loi fédérale sur les heures d'ouverture des magasins (LOMag). Après l'abandon dudit projet, le groupe de vendeurs a poursuivi ses activités, participant notamment aux négociations pour le renouvellement de la Convention collective neuchâteloise du commerce de détail, ainsi qu'à des «sorties militantes», des virées à la rencontre de leurs collègues d'autres magasins. «Le groupe de travail marche très bien», se félicite le secrétaire syndical.

Jérôme Béguin