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Licencié par Edipresse, un imprimeur demande sa réintégration

Plus de 60 personnes ont répondu à l'appel de Syndicom pour soutenir Hans Oppliger, victime d'un licenciement antisyndical

Hans Oppliger, représentant du personnel à la caisse de pension d'Edipresse, a été licencié lors de la grande restructuration ayant précédé le rachat de la société par Tamedia. Il exige l'annulation de son licenciement en raison du non respect de la procédure prévue par le Contrat collectif de travail de la branche qui vise à protéger les délégués syndicaux. Une première audience a eu lieu, laissant entrevoir la dureté des échanges à venir.


«Je demande l'annulation de mon licenciement et ma réintégration dans le Centre d'impression de Bussigny!» Le message est clair. Devant plus de 60 syndicalistes et militants venus le soutenir, Hans Oppliger, imprimeur et syndicaliste licencié par Edipresse lors de la grande restructuration de 2009-2010, a expliqué les raisons de sa présence ce jeudi 26 mai devant les portes du Tribunal de Montbenon à Lausanne. Une audience était prévue quelques minutes plus tard pour discuter des modalités «techniques» du procès.
Le syndicaliste a fustigé la politique de son ancien employeur: «dans le cadre de l'accord de fusion avec Tamedia et pour faire monter le titre en bourse, Edipresse a mis sur pied un programme d'économies, licenciant plus de 100 personnes et nettoyant tous ceux qui pouvaient s'opposer à la politique du profit maximum. Comme par hasard, à chaque restructuration, des militants syndicaux sont mis dans le paquet, alors que le Contrat collectif de travail (CCT) protège les délégués ayant un mandat éligible», a-t-il lancé, alors que d'autres représentants du personnel ont aussi été victime du licenciement collectif. Hans Oppliger conteste son licenciement car la procédure prévue dans le CCT de l'industrie graphique n'a pas été respectée. Engagé depuis de nombreuses années au sein de Comedia (devenu Syndicom) dont il a présidé durant 5 ans le secteur de l'industrie graphique, le syndicaliste représentait les travailleurs au Conseil de fondation de la caisse de retraite d'Edipresse. Avant la restructuration, un projet de baisse du taux de conversion avait été annoncé. «Nous avions dit que l'on n'accepterait pas cette baisse et nous avions débuté la mobilisation pour y faire opposition», a-t-il relaté. Son licenciement est venu briser ce début de résistance. Le projet de la direction a été entériné quelques temps plus tard...

Les militants, essence du syndicat
Après avoir remercié les participants de leur soutien à Hans Oppliger, Patricia Alcaraz, secrétaire régionale de Syndicom, a appelé à prendre part à la manifestation du 1er juin à Genève pour soutenir les plaintes déposées à l'OIT, car le dossier de l'imprimeur n'est pas un cas isolé. Elle a aussi souligné l'importance de se battre pour faire respecter les CCT dans les entreprises, et de protéger les représentants du personnel car ce qui est en cause c'est «la crédibilité et l'existence même de nos syndicats». Et de préciser: «l'essence de nos syndicats ce ne sont pas nos centrales à Berne ou Zurich, mais c'est leur présence dans les entreprises à travers des militants tels que Hans Oppliger.»

Opposition à l'audition d'un secrétaire syndical...
Entouré de ses avocats, Me Christian Bruchez et Me Romolo Molo, le syndicaliste s'est présenté devant la Chambre patrimoniale du Canton de Vaud, compétente lorsque les contentieux s'élèvent à plus de 100000 francs. Pour la partie adverse, qui estime avoir respecté la procédure prévue par le CCT, seul l'avocat d'Edipresse (aujourd'hui Tamedia), était présent. Durant l'audience, ce dernier, Me Eric Cerottini, s'est opposé à l'audition comme témoin de Bernard Remion, secrétaire régional de Syndicom. La raison? «Il a pris une part active à la mobilisation et se trouve systématiquement comme conseil professionnel de travailleurs qui attaquent Tamedia. C'est un opposant systématique dans toutes les procédures de licenciement collectif, il a œuvré contre le Centre d'impression d'Edipresse, contre Edipresse. Et continue encore aujourd'hui» a expliqué l'avocat. Me Bruchez a rejeté cette demande, d'abord parce qu'un des points contesté est l'appartenance au syndicat de Hans Oppliger et ensuite parce qu'il estime légitime que chaque partie puisse témoigner, le rôle du secrétaire syndical étant d'assister les travailleurs dans leur lutte contre l'entreprise quand cette dernière lutte contre les travailleurs. C'est à la juge qu'appartiendra le soin de décider si le secrétaire sera entendu ou non. A la sortie de l'audience, Me Cerottini a tenu à préciser qu'il n'y avait aucune animosité à sa demande. «Il ne faut pas la prendre comme une provocation ni une volonté d'exclure le syndicat. Monsieur Remion fait le même travail que moi. Il a la même fonction devant les Prud'hommes en tant que représentant professionnel d'un travailleur et je l'ai très souvent en face de moi dans les procédures contre ma mandante. Je ne critique pas son rôle de secrétaire syndical mais le mélange des casquettes en le faisant venir comme témoin.»
La suite du procès n'aura pas lieu avant septembre ou octobre a annoncé la présidente. Une dizaine de témoins sont attendus à la barre.

Sylviane Herranz

 

Tous à Genève le 1er juin!
Halte aux abus et aux licenciements antisyndicaux!
Samedi 1er juin, la CGAS, rassemblant tous les syndicats genevois, appelle à manifester contre les abus patronaux et pour mettre en avant son programme d'urgences syndicales pour les deux prochaines années. Le même jour, l'Union syndicale suisse (USS) et le Syndicat des services publics (SSP) organisent aussi à Genève une grande manifestation contre les licenciements antisyndicaux, après ceux des 22 grévistes de l'Hôpital de la Providence. Elle aura lieu quelques jours avant l'ouverture de la 102e session de la Conférence internationale du travail. Les deux cortèges se rejoindront pour se rendre ensemble à la Place des Nations.
Rendez-vous, samedi 1er juin:
13h30, place Neuve, Genève (CGAS)
14h, place du Molard, Genève (USS/SSP)

L'ES