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Méthodes extrêmement graves

Pour imposer une baisse de salaire et une augmentation du temps de travail Vallotech SA use de pressions inadmissibles

Unia dénonce l'entreprise Vallotech SA de Vallorbe qui a imposé à ses collaborateurs, sous la pression et la menace de licenciement, de nouveaux contrats de travail avec une baisse du salaire pour les frontaliers et une hausse du temps de travail pour tous. Des mesures illégales contre lesquelles protestent Unia et les salariés.

«C'est le moment de mettre au grand jour les méthodes de certaines entreprises et en particulier de cette direction», tempêtait mercredi dernier Yves Defferrard, responsable de l'industrie à Unia Vaud. Cette direction, c'est celle de l'usine Vallotech SA à Vallorbe, fabriquant des pièces en plastique et occupant 80 personnes, dont 70 frontaliers. Ce qui provoque la colère du syndicaliste, c'est non seulement la volonté du directeur de baisser les salaires des frontaliers en les faisant varier en fonction du taux de change, mesure illégale, mais également la méthode utilisée, forçant les travailleurs à signer un nouveau contrat sous la menace d'être congédiés, cela après avoir déjà licencié abusivement un salarié.
«Nous avions déjà cette entreprise dans le collimateur en 2011 car elle ne respectait pas le salaire d'usage dans l'industrie vaudoise, salaire fixé à 3600 francs. La commission tripartite du canton, chargée de surveiller le marché du travail, était intervenue et avait demandé à l'entreprise de se mettre en conformité», explique Yves Defferrard. Il ajoute que dans l'hypothèse où Vallotech l'a fait, ce qui n'a vraisemblablement pas été le cas - les mesures proposées aujourd'hui feraient chuter à nouveau les salaires en dessous des 3000 francs.
«Ce qui s'est passé ces derniers jours est très grave», poursuit le responsable d'Unia. Il raconte que les travailleurs ont été informés, à la mi-mars, par une circulaire affichée dans l'usine, expliquant qu'en raison de la baisse de la profitabilité due au franc fort, leur 13e mois serait supprimé et les salaires des frontaliers adaptés à leur pouvoir d'achat. «Ça a été le tollé général. Des salariés nous ont appelé. Ce qui était annoncé là est totalement illégal», relève Yves Defferrard. Unia a ensuite invité par tract les employés à une assemblée. Lors du tractage, le syndicat était informé que le patron allait revenir en arrière. Or le lendemain, ce dernier proposait de nouvelles mesures. Dans la foulée, il licenciait un travailleur soupçonné d'avoir informé le syndicat. «Cette mesure de représailles est extrêmement grave, et antisyndicale. Elle vise à dire au personnel: "Voyez ce qui vous attend si vous essayez de vous défendre!"»

Annulation des mesures exigée
En début de semaine dernière, le directeur aurait donné l'ordre à ses cadres d'aller faire signer, sur-le-champ et sans délai de réflexion, de nouveaux contrats aux travailleurs. Si le 13e salaire ne semble finalement plus remis en cause, les contrats prévoiraient un salaire à taux variable pour les frontaliers, représentant une baisse d'environ 10%, et une hausse du temps de travail pour tous de 1h30 par semaine. «Il s'agit de congés-modification, c'est-à-dire d'un licenciement collectif qui doit obligatoirement être annoncé au Service de l'emploi, ce qui n'a pas été fait. De plus, le patron se couvre en faisant aussi signer aux employés un papier comme quoi ils auraient été consultés.» Le syndicat a tenté sans succès d'entrer en discussion avec le directeur. Ce dernier était d'ailleurs inatteignable en fin de semaine dernière.
Jeudi passé, des syndicalistes se sont à nouveau rendus devant les portes de l'usine, invitant le personnel à participer à une nouvelle assemblée le lundi 30 mars. Une pétition des travailleurs circule également. Ils exigent le respect total des libertés syndicales et d'expression, l'abandon dans leur intégralité des mesures relatives à la détérioration des conditions de travail, le début de négociations entre Vallotech et Unia, et l'annulation du licenciement abusif de leur collègue.

Pour un contrat type de l'industrie
De son côté, Yves Defferrard va saisir la commission tripartite cantonale, où siège Unia, le patronat et le Service de l'emploi, pour remettre à l'ordre du jour la nécessité d'un contrat type de travail (CTT) pour l'industrie vaudoise, comme l'y autorisent les mesures d'accompagnement à la libre circulation en cas de sous-enchère. Un tel CTT permettrait de rendre obligatoire le salaire d'usage. La tripartite en avait déjà discuté à la suite d'abus constatés dans plusieurs entreprises en 2011, dont Vallotech. Depuis, ce projet a été «mis sous la table», note le syndicaliste, qui compte bien le sortir de là. 

Sylviane Herranz


Action à la frontière
Lundi 23 mars, Unia Vaud organisait une grande action de tractage à la frontière de Vallorbe. Le tract informait les frontaliers sur leurs droits face aux velléités patronales de baisser les salaires ou de péjorer leurs conditions de travail sous couvert de franc fort. Près de 2000 tracts ont été distribués lors de cette action très bien accueillie par les frontaliers. Unia les conviait également à une assemblée à Pontarlier le lendemain soir, réunion durant laquelle les frontaliers présents ont pu discuter avec le syndicat de la situation de leurs entreprises respectives.
SH