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Mobilezone: des conditions de travail indignes

Soutenus par Unia, sept employés du call-centre de Mobilezone à Genève saisissent les Prud'hommes pour licenciements abusifs

Unia va saisir les Prud'hommes pour dénoncer des licenciements abusifs au call-center Mobilezone à Genève. Sept employés de l'entreprise de téléphonie ont en effet été remerciés après avoir fait grève en raison de conditions de travail jugées indignes et d'un management décrit comme autoritaire. L'ensemble du personnel, soit quatorze employés, avait au préalable écrit à la direction pour réclamer des changements de pratique.

Des pénalités financières pour tout retard, même insignifiant, un management autoritaire, fondé sur des brimades et vexations: autant de motifs qui ont conduit les collaborateurs du call-center Mobilezone, à Genève, à écrire au début décembre à la direction de Zurich. Une lettre alors signée par tout le personnel, soit une quinzaine d'employés, réclamant des changements de pratique dans l'entreprise. «Les salariés ont notamment dénoncé l'autoritarisme d'un supérieur direct nouvellement nommé et exigé son départ», explique Joël Varone, secrétaire syndical, précisant que le manager mis en cause retirait par exemple les chaises aux employés qui ne concluaient pas suffisamment de contrats. La direction s'engage alors à examiner les revendications des collaborateurs et, dans l'intervalle, les libère de l'obligation de travailler. Mais, loin de sanctionner le supérieur controversé, elle lui offre de l'avancement et demande au personnel de se remettre au boulot! Une grève d'avertissement est alors menée, le 14 décembre dernier, par la moitié des effectifs.

Rocambolesque...
«Un débrayage rocambolesque», raconte le syndicaliste. «Après une discussion stérile, on a fait appel à la police. Les représentants d'Unia ont été virés et les employés qui n'avaient pas interrompu le travail, priés de rentrer chez eux, l'entreprise voulant fermer les portes. Les grévistes ont alors suspendu leur mouvement et repris deux heures durant leur activité pour ne pas être pénalisés financièrement, avant d'être à leur tour mis dehors.» Le lendemain, le 15 décembre, les grévistes interrompent une nouvelle fois leur job une heure durant, en guise d'avertissement. Quelques heures plus tard, ils sont licenciés. «Ils ont été remerciés à midi et libérés de l'obligation de travailler», s'indigne Joël Varone. «Nous avons décidé de saisir les Prud'hommes pour licenciements abusifs.»

Gros bénéfices, petits salaires
Le call-center de Mobilezone à Genève connaît un important tournus. «Les collaborateurs ont tous des contrats à durée déterminée de trois mois en général, renouvelables en fonction de leur productivité et des besoins de l'entreprise.» Quant aux salaires, ils atteignent péniblement les 3500 francs avec les primes, la base étant fixée à 2000 francs. «Malgré un bénéfice de 6,7 millions de francs au premier trimestre 2011, Mobilezone pratique des salaires et des conditions de travail indignes», renchérit Joël Varone. A noter encore que la direction refuse de reconnaître les certificats médicaux français. «Ils seraient considérés comme des certificats de complaisance. Je pense qu'il s'agit plutôt de mesures d'économie.» Un point qui n'a rien d'anecdotique, l'entreprise employant essentiellement des frontaliers. Et ce quand bien même son fondateur, Hans-Ulrich Lehmann, multimillionnaire, est membre de l'UDC. Un parti qui n'a de cesse de dénoncer les abus de la libre circulation...
«Cet exemple montre une fois de plus que ce ne sont ni les étrangers ni les frontaliers qui sont à l'origine du dumping salarial, mais bien les patrons, y compris ceux de formations politiques qui prétendent lutter contre ce fléau.»

Sonya Mermoud