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Nous sommes prêts à nous battre

La commission du personnel et Unia ont remis une pétition au directeur d'EgoKiefer exigeant le maintien du site de production

Malgré le coup de massue de l'annonce de la délocalisation de la production des fenêtres en PVC chez EgoKiefer à Villeneuve, le personnel reste déterminé à tout faire pour maintenir l'usine. Il s'est mobilisé massivement pour faire signer une pétition demandant l'abandon de la décision et la recherche d'alternatives. 1700 signatures ont été remises jeudi passé au directeur du site.

Les premières neiges saupoudrant les cimes alentours n'ont pas refroidi la détermination des représentants du personnel d'EgoKiefer à Villeneuve pour sauver leur site de production. Ce jeudi 24 septembre, trois des cinq membres de la commission, accompagnés de deux syndicalistes d'Unia, ont remis au directeur du site une pétition munie de 1700 signatures recueillies en très peu de temps. Ce matin-là, 200 signatures étaient encore trouvées dans la boîte aux lettres de la commission, venant s'ajouter aux 1500 premières décomptées. Des paraphes recueillies dans une région soucieuse de sauvegarder les emplois ainsi qu'une entreprise moderne, où de récents investissements ont permis un doublement de la production. Le site tourne à plein régime, explique Jean Kunz, responsable de l'artisanat d'Unia Vaud. Le travail s'effectue en deux équipes, et quelque 320 fenêtres en PVC sont produites chaque jour pour être acheminées aux quatre coins de la Suisse. «C'est un marché qui n'a pas de graves difficultés économiques et il y a d'énormes perspectives avec les masses d'immeubles des années 70 ayant besoin de rénovation énergétique», note le syndicaliste qui fustige la «volonté de délocaliser en Slovaquie pour produire à meilleur prix, mettant en péril sur la lancée toute la production suisse des fenêtres». Une délocalisation annoncée le 13 août dernier par le propriétaire d'EgoKiefer, le groupe AFG Arbonia-Forster, condamnant les emplois de 90 travailleurs fixes et d'environ 60 temporaires dans la petite cité chablaisienne, et de 160 autres à Alstätten dans le canton de St-Gall.
«Nous allons contacter les autorités pour qu'elles interviennent et tout faire pour le maintien du site. Nous devons préserver le profil des ouvriers spécialisés qui travaillent ici, leur savoir-faire, leurs compétences» ajoute le syndicaliste, avant de remettre la pétition dans les mains du directeur du site, Not-Duri Bart. Ce dernier, s'engageant à la transmettre à la direction du groupe, explique ne pas être surpris du nombre de signatures: «C'est une usine importante pour la région», reconnaît-il, sans vouloir se prononcer sur les demandes de la pétition. Not-Duri Bart concède également que l'entreprise fonctionne à 100% et qu'elle a une bonne capacité, après les 3,5 millions investis fin 2013 pour le centre de débitage du PVC. Mais il refuse de s'exprimer sur les raisons ayant poussé à la décision de délocaliser. L'usine, qui n'est pas impactée par le franc fort vu que les fenêtres fabriquées restent en Suisse, n'est-elle pas rentable? Ou pas suffisamment? «Je ne peux pas commenter, je n'ai pas été partie de la décision», dit-il, admettant qu'il a été nommé récemment pour mettre en œuvre la fermeture.

Cartes en main
«Nous ne savons pas si le site est rentable ou non. Mais au niveau de la production, c'est un site qui tourne», relèvent Serge Fesselet, François Moille et Thierry Weiler, représentants des travailleurs. «Le personnel est compétent, motivé malgré l'annonce de la fermeture. Nous avons une partie des cartes en main», ajoutent-ils. «Maintenant, nous attendons les chiffres, différents documents vont nous être transmis pour être analysés dans le cadre de la procédure de consultation qui se termine le 6 octobre.» Pour la commission du personnel, il ne fait aucun doute que la décision de délocaliser a été prise d'une manière globale et non en fonction de la situation particulière de l'usine de Villeneuve. D'où leur volonté d'aller jusqu'au bout pour maintenir le site.
«Moralement, nos collègues ont pris un coup, mais ils sont prêts à se battre! Et si la pétition peut donner un coup de pouce, c'est positif», lance un membre de la commission. «Notre but, c'est de garder le plus d'emplois possible, et le plus longtemps possible, surtout dans cette région. Avec toutes ces entreprises qui ferment et qui licencient, ça fait peur.»
«Nous voulons aussi que nos clients soient satisfaits. Si EgoKiefer ferme, certains se retrouveront dans la mouise. Il y a aura également des problèmes de qualité des fenêtres produites en Slovaquie. Nous allons rester professionnels jusqu'au bout, et continuons à tout faire pour respecter les délais», soulignent les trois représentants du personnel, qui attendent également que les autorités locales et cantonales agissent: « Leuba a sauvé des centaines de places de travail, chez Novartis et ailleurs. Nous, on attend qu'il sauve aussi les emplois ici.»
Sur la manière de faire, il est trop tôt pour le dire. Mais Jean Kunz émet déjà une piste: «L'Etat peut agir sur les marchés publics, en donnant la priorité à la production nationale dans la construction de ses bâtiments.» Une décision qui pourrait faire réfléchir à deux fois EgoKiefer, numéro 1 de la fenêtre en Suisse, qui perdrait ces marchés en délocalisant sa production...

Sylviane Herranz