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Pas de parachute pour l’équipage

La menace planait. Swiss a finalement annoncé jeudi dernier ouvrir une procédure de consultation pour licenciement collectif. D’ici à la fin de l’année, la direction de la compagnie d’aviation entend réduire de 20% ses effectifs par rapport à 2019, soit 1700 postes équivalent plein temps (EPT). Si, à cette date, plus de 1000 EPT auront été supprimés par les départs naturels et volontaires, la mesure pourrait entraîner le licenciement de près de 780 collaborateurs, dont 400 parmi le personnel de cabine, 260 au sol et à la technique, ainsi que 120 pilotes. En outre, 10 des 69 avions à croix blanche devraient être rangés au hangar. La restructuration permettrait de dégager 500 millions de francs par an. «L’objectif est de rembourser rapidement notre prêt tout en préservant notre compétitivité et notre capacité d’investissement», s’est justifié le CEO, Dieter Vranckx.

Rembourser le prêt? Rien ne presse. L’année dernière, la Confédération a mis près de 2 milliards de crédits à disposition des sociétés aériennes piquant du nez. Swiss n’a recouru qu’à la moitié de l’emprunt garanti. Et la Confédération pourrait si nécessaire transformer ce prêt en aide à fonds perdu. L’un des objectifs de ce coup de pouce est d’ailleurs de préserver les emplois. Eviter les licenciements est aussi le premier but de la réduction d’horaire de travail, supportée là encore par la Confédération. La filiale de Lufthansa, qui a vu presque la totalité de ses aéronefs cloués au sol, est l’une des entreprises ayant le plus recouru au chômage partiel. Et ce n’est pas terminé. Pour sauver leurs emplois, les travailleurs ont aussi consenti à des sacrifices salariaux. Le personnel de cabine a accepté de réduire de 5% son revenu. Or, les salaires de ces hôtesses et de ces stewards n’atteignent pas des hauteurs stratosphériques. La rémunération d’entrée est de 3400 francs brut. Les 70% ont un salaire inférieur à 4000 francs par mois, selon Sandrine Nikolic-Fuss, la présidente du syndicat du personnel de cabine Kapers interrogée par la Tribune de Genève. Les dirigeants de Swiss, eux, n’ont pas fait trop d’efforts. En octobre dernier, ils se sont octroyé des bonus comme si de rien n’était.

Les managers espèrent un retour rapide à la normale, ils veulent voir s’afficher les chiffres noirs et s’envoler les bonus. Quitte à éjecter une partie de l’équipage sans parachute. Dieter Vranckx se dit «navré» de licencier. C’est nous qui sommes désolés d’avoir donné Swissair à Lufthansa. Il est temps d’inscrire au programme de la gauche et des syndicats la reconstitution d’une véritable compagnie aérienne nationale de service public. Espérons que les salariés et leurs syndicats se battront avec vigueur pour leurs postes de travail. Si, à l’heure de l’urgence climatique, la réduction du trafic aérien apparaît comme une nécessité, la transition ne doit pas se traduire par des licenciements secs.