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Pour un vrai droit au logement

Face à la crise du logement, une dizaine d'associations d'habitants genevoises appellent à manifester le 28 septembre

Un toit est un droit. Un droit qui n'a pourtant jamais été aussi bafoué à Genève où la crise du logement fait rage et où les moins favorisés doivent faire face à la pénurie, au mal-logement et à l'explosion des loyers. Afin d'exprimer leur ras-le-bol et en guise de piqûre de rappel aux élus genevois, une dizaine d'associations d'habitants du canton manifesteront le 28 septembre pour exiger une autre politique en matière de logement. Explications avec Jan Doret, président de la commission «Aménagement et Logement» de la Communauté genevoise d'action syndicale.

Pourquoi cette manifestation?
Jan Doret: Tout d'abord parce que les organisateurs, les mouvements de quartier et d'habitants, en ont assez de subir la surdensification de la population au centre-ville et dans les quartiers populaires alors que les périphéries sont épargnées par ce bourrage. Par ailleurs, ils dénoncent la double crise du logement que nous vivons, quantitative et structurelle. La première nous pousse à exporter nos problèmes vers la France voisine et le canton de Vaud. La seconde a été causée par la croissance exponentielle des secteurs de la finance et du commerce international à Genève, forts de 105 entreprises en 1985 et de... 1026 en 2008! Le revenu brut médian dans ces branches est de près de 11000 francs par mois, contre 6800 pour l'ensemble des actifs de Genève: la pression sur les logements est devenue monstrueuse et intolérable. Il est donc important de faire une piqûre de rappel aux actuels et futurs élus politiques genevois.

Quelles sont vos revendications?
Premièrement, il est capital d'avoir des instruments de régulation et de contrôle du prix des loyers car avec la pénurie de logements, de nombreux propriétaires augmentent massivement les loyers lors des changements de locataires, et ces derniers osent rarement intenter des actions en justice. De même, il faut une rationalisation de l'utilisation du sol car il y a trop de gaspillage. Quand un terrain est déclassé, il faut l'utiliser de manière rationnelle. Enfin, pour créer du logement accessible aux plus défavorisés, aujourd'hui contraints de quitter Genève, les collectivités publiques doivent impérativement lancer, en faveur du logement social, une politique massive d'acquisition de terrains afin de remettre ceux-ci en droit de superficie à des coopératives sans but lucratif ou de les céder à des fondations immobilières de droit public. Le problème, c'est qu'une politique d'acquisition foncière pour une remise en droit de superficie reste affaiblie par la majorité de droite sitôt qu'il s'agit de logement social, alors que cette même droite l'a massivement soutenue, comme la gauche, dans les zones industrielles en faveur des entreprises.

Qui doit agir en matière de logement selon vous?
L'ensemble de la classe politique doit agir, la gauche comme la droite. L'Etat devrait user de son droit de réquisition et imposer aux propriétaires d'immeubles vides ou vétustes de rénover les locaux afin de les louer. Nous incriminons aussi une frange de promoteurs qui a délibérément détourné l'objectif de la loi favorisant l'accession à la propriété pour les ménages de la classe moyenne supérieure, censés ainsi libérer des logements locatifs au profit des moins favorisés. Certains promoteurs ont tout simplement conservé pour eux ces logements en Propriété par étage (PPE) à seule fin de les louer à des prix exorbitants.

Après la manifestation, quels outils seront utilisés pour faire pression sur les pouvoirs publics?
Il faut préciser que cette action est le témoignage d'un ras-le-bol très généralisé des associations d'habitants, d'un mouvement qui est en train de renaître des mouvements de quartier des années 1980. Pour l'instant, les suites ne sont pas connues mais il n'est pas impossible de voir sortir des initiatives pour exiger davantage de moyens d'acquisition de terrains, par exemple.

Manon Todesco


Pour participer à la manifestation, rendez-vous le samedi 28 septembre à 14h à la place des Alpes, à Genève.