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Salaires: entre accords et conflits

Les négociations salariales sont laborieuses, mais les syndicats restent à l'offensive

L'USS fait le point sur les premiers résultats, très partiels, des négociations salariales pour 2007, et affirme que les syndicats continueront à exiger de fortes augmentations de salaires là où les négociations sont en cours, même là où ces dernières sont fortement conflictuelles.

L'augmentation des salaires en 2007 ne serait que de 2% estime l'UBS à la suite d'une enquête menée auprès du patronat helvétique. Or, ces cinq dernières années, les prévisions de la banque étaient toujours de 15% inférieures à ce qu'ont obtenu les syndicats lors des négociations. Alors que celles-ci viennent de commencer dans des secteurs importants tels que l'industrie chimique, l'industrie des machines, les télécoms, ou qu'elles sont enlisées comme dans la construction, l'Union syndicale suisse (USS) a fait le point jeudi dernier sur les premiers résultats obtenus, qui mettent à mal les prévisions de l'UBS. Et prévient que là où les négociations sont en cours, les syndicats poursuivront leur lutte pour de fortes hausses de salaires, d'autant que, comme l'a rappelé l'économiste en chef de l'USS Serge Gaillard, «l'heure est propice à des hausses générales de salaires».

Premiers résultats encourageants
Ainsi, la situation conjoncturelle et la reprise «extrêmement stable» sont de bon augure pour la suite des négociations. Serge Gaillard relève que les premiers accords salariaux conclus sont encourageants, même s'ils ne représentent que peu de branches et d'entreprises. Ainsi, à la Coop, une augmentation de 2,5% des salaires a été accordée, et dans certaines entreprises des machines et les banques, ces augmentations sont de l'ordre de 2 à 2,5%. Compte tenu du renchérissement, les salaires réels augmenteront, «pour la première fois depuis longtemps» souligne le syndicaliste, d'environ 1%. Autre fait réjouissant: à l'exception des banques, la moitié de ces hausses seront générales, ce qui permet d'éviter le creusement des inégalités entre hauts et bas revenus. Par contre, dans certaines branches, les négociations restent difficiles et conflictuelles.

Lamentations patronales
Evoquant l'envol des bénéfices vers des valeurs records, Hansueli Scheidegger, membre du comité directeur d'Unia, parle des lamentations des organisations patronales qui sont nombreuses à ne pas vouloir partager avec leurs salariés les fruits de la croissance. Ainsi, l'association des hôteliers n'a accordé que la compensation du renchérissement aux employés de l'hôtellerie et de la restauration. Le Tribunal arbitral doit encore se prononcer sur la question. Quant à l'industrie des machines, qui voit ses exportations et commandes augmenter fortement, les offres des patrons sont «mesquines et dépassent à peine le renchérissement». Mais pour le responsable du secteur construction d'Unia, les champions des lamentations sont les entrepreneurs. Alors que l'on frise la surchauffe dans la construction, que les employés sont soumis à une pression à peine supportable, que leur productivité a augmenté de 15% ces 5 dernières années et que leurs salaires n'ont augmenté que de 3,7% en 15 ans, la Société suisse des entrepreneurs (SSE) se plaint de «rentabilité insuffisante». Et a le toupet de refuser la proposition de compromis d'Unia d'une augmentation de 180 francs pour tous, ne voulant octroyer que la compensation du renchérissement de 1% et 0,5% au mérite. Le syndicaliste informe que de nouvelles actions sont prévues sur les chantiers. Et qu'en cas de maintien de sa position, la SSE devra porter elle-même la responsabilité d'une escalade du conflit.

Passes d'armes aux CFF
Aux chemins de fer, la situation est tout aussi conflictuelle comme l'a rappelé Pierre-Alain Gentil, président du SEV. Alors que les CCT des CFF et de CFF Cargo arrivent à échéance le 31 décembre 2006, les négociations ont repris il y a peu, après 9 mois de blocage. Les CFF veulent augmenter le temps de travail de 40 à 41 heures et plus dans certains secteurs alors qu'il est déjà passé de 39 à 40 heures en 2005, baisser les revenus par la suppression ou la diminution de plusieurs indemnités, et précariser l'emploi en introduisant la possibilité de licencier en cas de réorganisation. Les CFF et CFF Cargo évoquent une concurrence défavorable pour attaquer les acquis de leur personnel, mais le SEV réfute cet argument. La branche est en effet mieux régulée depuis 2 ans grâce à la signature de plusieurs CCT avec des entreprises telles que RegionAlps ou le BLS.
Si les négociations ont repris, c'est parce que le SEV a montré des signes de bonne volonté en acceptant des réductions d'indemnités de l'ordre de 40 millions par année. Un accord sur ce point, comme sur la revendication de hausse de 4% des salaires, pourrait être trouvé d'ici la fin de l'année, estime le président du SEV. Par contre, les négociations sont toujours bloquées sur l'augmentation du temps de travail, farouchement combattue par la base. Il rappelle que si aucun accord n'est trouvé, une situation de vide conjoncturel s'ouvrira le 1er janvier 2007. Le SEV ne sera dès lors plus lié à la paix du travail et l'année risque d'être fort mouvementée.

Sylviane Herranz



Egalité, il faut agir!

Autre point abordé par l'USS, l'égalité salariale. Barbara Berger, secrétaire à l'égalité d'Unia, a rappelé que les femmes gagnent toujours 25% de moins que les hommes, et que des efforts doivent et peuvent être consentis pour établir l'égalité, comme le prouve l'accord passé avec Coop qui consacrera 0,5% de l'augmentation salariale à des adaptations des salaires des femmes. Pour elle, comme pour les 5000 membres d'Unia dans le commerce de détail qui l'ont demandée à Doris Leuthard, des instruments contraignants doivent être mis en place pour obliger les employeurs à appliquer le principe constitutionnel de l'égalité.

SH