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Salaires minimums d'embauche rehaussés

Après des mois de difficiles négociations un accord patronat syndicat a été conclu dans l'horlogerie

Dès le 1er juin, les salaires minimums d'embauche dans l'horlogerie seront augmentés de 30 à 70 francs. Une hausse considérée comme un premier pas dans la bonne direction par Unia, qui entend continuer dès l'an prochain à revendiquer des augmentations car ces salaires restent extrêmement bas.

L'horlogerie se porte à merveille. L'année passée, la valeur de ses exportations a augmenté de 10,9% pour atteindre un total de 21,4 milliards de francs. Et le secteur embauche. Les effectifs se sont élevés en 2012 à 55816 travailleurs, soit une hausse de 5,7% et un nombre jamais atteint depuis le début de la crise horlogère en 1975. Malgré le boom de cette branche spécialisée dans les produits de luxe, les salaires minimums d'embauche restent à un niveau extrêmement bas. La semaine dernière, Unia annonçait un accord sur leur relèvement, de 0,85% à 2% selon les régions. Un accord obtenu après des mois de négociations tendues et difficiles entre le syndicat et les associations patronales, puis avec la Convention patronale de l'industrie horlogère suisse (CP), signataire de la Convention collective de travail. La CP représente environ 70% des 564 entreprises de la branche et 86% des salariés.
Dans son communiqué, Unia se dit satisfait du résultat des négociations, avec des hausses «nettement supérieures à ce que les employeurs étaient prêts à accorder» en avril encore. Ce qui avait poussé le syndicat à organiser une conférence de presse pour dénoncer les offres «misérables» du patronat (voir L'ES du 24 avril 2013). Mais les hausses obtenues, environ le double de ce que proposaient les patrons, sont encore insuffisantes aux yeux du syndicat qui revendiquera en 2014 de nouvelles augmentations «significatives».

Résultat en deçà des possibilités
«Ce résultat, même si les salaires minimums restent encore dans certaines régions bien en deçà de ce qu'on peut attendre d'une branche aussi florissante, démontre qu'il est aussi possible d'améliorer les salaires minimums dans le cadre des conventions collectives. Pour combattre les problèmes de sous-enchère salariale qui touchent certaines régions horlogères, il est toutefois impératif que les salaires minimums augmentent de manière conséquente ces prochaines années», insiste Unia qui salue néanmoins le fait que les hausses les plus importantes concernent les régions où les salaires sont les plus bas, mis à part le Tessin qui n'est pas concerné par cet accord.
Ainsi, dès le 1er juin 2013, date de l'entrée en vigueur de l'accord, les nouveaux salaires minimums d'embauche pour le personnel non qualifié seront de 3500 francs par mois (+70 fr.) dans les cantons de Vaud et de Fribourg, de 3360 francs (+60 fr.) dans le Jura, le Jura bernois, Soleure et Bâle, de 3400 francs (+54 fr.) en Valais, de 3520 francs (+40 fr.) et 4020 francs (+30 fr.) après 6 mois de travail à Genève, de 3630 francs (+40 fr.) à Berne et de 3610 francs (+30 fr.) à Neuchâtel.

Repère contre la sous-enchère
De son côté, la Convention patronale, avant d'indiquer que le salaire médian de la branche est bien supérieur aux salaires minimums d'embauche, estime que ces derniers «sont un repère, et non une norme. Ils servent à définir la limite en dessous de laquelle la sous-enchère salariale peut être suspectée». Elle rappelle qu'ils «ont été introduits dans le partenariat horloger en même temps qu'entrait en vigueur l'accord sur la libre circulation des personnes entre la Suisse et l'Union européenne».
Pour Pierluigi Fedele, responsable de la branche au comité directeur d'Unia, les salaires minimums d'embauche ne sont pas un repère mais une réalité. «Dans la pratique, si les salaires à l'engagement sont en principe plus élevés, une partie des entreprises se limitent au salaire minimum d'embauche», souligne-t-il.
Dans le climat politique tendu actuel, Unia en appelle aux employeurs de la branche à contribuer davantage à la lutte contre la sous-enchère et à respecter leurs engagements de protéger les salaires suisses dans le cadre de la libre circulation.

Sylviane Herranz