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Session des femmes: 77 objets traités en deux jours

Le Palais fédéral de nuit.
© Thierry Porchet

Des idées à foison ont occupé les débats des 264 participantes ayant pris possession du Palais fédéral. Elles veulent enfin voir du concret sur le terrain politique.

Egalité salariale, congés parentaux et halte aux féminicides! Des revendications au cœur de la session des femmes tenue les 29 et 30 octobre à Berne

Applaudissements et ovations debout: il est rare qu’une telle atmosphère règne sous la Coupole fédérale. Et une telle efficience aussi: les participantes à la session des femmes tenue les 29 et 30 octobre dernier ont délibéré, adopté ou rejeté en deux jours seulement pas moins de 77 objets différents. Ce bel élan a ravi Emine Sariaslan, 57 ans, membre d’Unia. Elle a participé à la session des femmes, qu’elle qualifie de «tout simplement géniale!».

La Bernoise a été impressionnée surtout par la franchise avec laquelle les femmes se sont politisées. «Nous avons pu discuter franchement et sans crainte. Et formuler des revendications pionnières», raconte la syndicaliste. Même si, au final, certains projets ont été édulcorés, à l’instar de la gratuité de l’accueil en crèche-garderie pour tous les enfants. Le compromis est une extension générale de l’offre existante, financée par un nouveau fonds.

D’autres revendications pointées ont échoué en plénum. Par exemple celle de la juste rétribution des femmes d’agriculteurs. Aujourd’hui encore, 70% d’entre elles travaillent gratuitement sur le domaine familial, sans salaire ni couverture sociale. Judith Venetz d’Unia voulait que les choses changent. Elle s’est engagée dans la Commission Agriculture afin que les femmes de paysans obtiennent un salaire. Mais «la commission n’est hélas pas parvenue à se mettre d’accord». Le projet s’est ainsi trouvé en difficulté. Et lors du vote final, il n’a pas rallié de majorité.

Au total, les participantes ont finalement adopté 23 revendications en plénum. En font notamment partie:

  • la création d’une autorité fédérale indépendante, chargée de faire respecter l’égalité salariale;
  • l’introduction d’un congé parental venant compléter l’assurance maternité et le congé de paternité;
  • l’assujettissement des personnes employées dans les ménages privés à la Loi sur le travail;
  • l’octroi du droit de vote et d’éligibilité au niveau fédéral à quiconque réside depuis cinq ans en Suisse;
  • l’affectation de 0,1% du PIB – soit actuellement 706 millions de francs – à la protection contre les violences liées au genre.

Finissons-en avec la violence!

Deux participantes ont jeté un froid dans la salle, en lisant en plénum les noms des femmes qui ont été tuées par leur compagnon depuis le début de l’année. Vingt-cinq féminicides ont été commis en Suisse depuis janvier. Dont quatre durant le seul mois d’octobre. A cela s’ajoutent onze tentatives de féminicides. Et les chiffres sont en hausse.

Et maintenant?

Il est urgent que la Suisse prenne des mesures. La balle est dans le camp du Parlement: il faut à présent qu’il examine les revendications adoptées sous forme de pétitions à la session des femmes. On ignore si le Conseil national et le Conseil des Etats suivront la volonté des femmes. Mais une chose est sûre pour la syndicaliste Emine Sariaslan: «Les liens que nous avons tissés entre femmes perdureront au-delà de cette session! Nous avons constaté que ce n’est qu’à condition de nous organiser en réseau et de renforcer la solidarité entre nous que nous parviendrons un jour à l’égalité.»

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