Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

Signature d'une CCT de la vente pour le canton de Neuchâtel

Cette CCT est l'aboutissement d'une lutte de dix ans. Elle stoppe les volontés patronales de libéraliser les heures d'ouverture

Une convention collective pour tout le personnel de la vente du canton de Neuchâtel a été signée hier entre Unia et les organisations d'employeurs. Aboutissement d'un long combat syndical, cette CCT améliore le règlement collectif des conditions de travail tout en limitant les ambitions de libéralisation outrancière des horaires d'ouverture que voulaient imposer certains employeurs.

«C'est un grand pas en avant.» Catherine Laubscher, secrétaire régionale d'Unia Région Neuchâtel est soulagée. Dix ans après le lancement du projet, au terme d'un parcours parfois chaotique, la convention collective du commerce de détail du canton de Neuchâtel est enfin sous toit. La signature a eu lieu hier mardi à la Vue-des-Alpes. La CCT a été paraphée d'une part par Unia et de l'autre par la Fédération neuchâteloise du commerce indépendant, le Groupement neuchâtelois des grands magasins, l'Ordre neuchâtelois des pharmaciens et l'Association neuchâteloise des opticiens.

Des avancées
Fruit d'une négociation relancée il y a trois ans, après des années de blocage, cette convention règle les conditions de travail des salariés et salariées de la vente du canton de Neuchâtel (pour les commerces ayant plus de deux équivalents plein temps). Elle devrait entrer en vigueur le 1er janvier de l'année prochaine, pour autant que le Seco (Secrétariat à l'économie) la déclare de force obligatoire et que la loi cantonale sur les heures d'ouverture des magasins soit adoptée. Des étapes qui ne devraient se résumer qu'à une formalité car toutes les conditions requises sont remplies.
La CCT contient plusieurs avancées, notamment dans les domaines des congés, des horaires de travail, du 13e mois généralisé et de la planification des horaires de travail (voir ci-dessous). D'autre part, l'introduction d'un salaire minimum permettra de relever les rétributions les plus basses dans certains petits commerces tout en préservant les barèmes plus favorables. Cela permettra de contrer les risques de dumping et la pression sur les salaires, «un élément important dans notre canton qui est frontalier», souligne Catherine Laubscher.
Le personnel de la vente a été étroitement associé à l'élaboration de cette convention. Invités par des tracts distribués par Unia dans pratiquement tous les commerces du canton, les travailleuses et les travailleurs ont participé à plusieurs assemblées préparatoires à Neuchâtel et à La Chaux-de-Fonds. «Les discussions ont été animées et constructives. Elles ont été marquées par une belle solidarité entre le personnel des grands et petits commerces.»

Horaires modifiés
La question controversée de la réglementation cantonale des heures d'ouverture des magasins est étroitement liée à la conclusion de cette CCT. Au départ, les employeurs voulaient pouvoir ouvrir tous les jours jusqu'à 22 heures ainsi que quatre dimanches par année! «Nous étions prêts à lancer un référendum si cela avait été adopté. Au-delà de 19 heures, nous n'aurions jamais accepté. Et je suis convaincue que nous aurions gagné devant le peuple», relève Catherine Laubscher. En revanche, le syndicat, avec l'aval de la base, a accepté que les ouvertures passent en semaine de 18h30 à 19h (sauf le jeudi où elles sont maintenues à 20h) et de 17h à 18h le samedi. «C'est cette prolongation de l'horaire du samedi qui a été la chose la plus dure à accepter. Par contre, nous avons réduit de moitié le nombre de nocturnes annuelles. Il n'y en aura plus que deux. Et il n'y aura qu'une ouverture le dimanche par année alors que la réglementation fédérale permet aux cantons d'en autoriser jusqu'à quatre.» Tout pesé, «nous avons finalement limité la volonté patronale de libéraliser totalement les ouvertures des commerces dans le canton tout en obtenant enfin une convention garantissant des conditions de travail améliorées. C'est un grand pas pour le commerce de détail!»


Pierre Noverraz

 

 

Au menu de la nouvelle convention cantonale

Engagement: Le contrat de travail doit prévoir la durée hebdomadaire du temps de travail.
Durée du travail: 42h par semaine au maximum.
Horaires: Besoins des employés transmis 1 mois à l'avance. Planning de l'employeur transmis 2 semaines à l'avance.
Congés: 1 samedi par mois pour tous les pleins-temps (prorata pour les temps partiels).
Indemnités repas: 25 francs en cas de nocturne ou 15 francs avec collation de l'employeur.
Vacances: 4 semaines pour les petits commerces* et 5 semaines pour les autres.**
Congé maternité: 14 semaines à 100% du salaire ou 16 semaines à 80%.
Salaires minimums:
Personnel sans formation: 3200 francs* / 3400 francs**.
Personnel qualifié avec CFC ou 3 ans d'expérience dans la branche: 3500 francs* / 3700 francs**.
Personnel qualifié avec CFC et 5 ans d'expérience dans la branche: 3850 francs**.
Ces salaires minimums doivent être versés 13 fois.
Le barème s'applique également aux assistantes en pharmacie.

PN

* Petits commerces: outre les membres de la famille et les apprentis, maximum dans le canton de 10 emplois équivalents plein temps.
** Moyens commerces: plus de 10 emplois dans le canton ou en Suisse.