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Stop à une politique migratoire sans humanité

Une manifestation colorée mais exprimant le rejet d'une politique inhumaine a parcouru la ville fédérale

Appelée par de nombreuses organisations, la manifestation de samedi contre les durcissements de la loi sur l'asile et de diverses autres lois affectant les migrants a réuni plus de 5000 personnes à Berne. Les participants à la Marche européenne des sans-papiers étaient aussi de la partie.


Samedi dernier, plus de 5000 personnes ont défilé dans les rues de Berne pour appeler à une politique migratoire respectueuse des droits humains. En cause le durcissement de plusieurs lois, touchant tant à la naturalisation qu'aux mesures d'intégration qu'à la loi sur l'asile.

Tradition humanitaire en péril
Sur ce point, le Conseil national a adopté, dans le cadre de la 10e révision de la loi sur l'asile, une série de mesures lui ôtant son fondement. Parmi ces mesures: la suppression du droit d'asile pour les déserteurs, la suppression de l'aide sociale pour les requérants d'asile et leurs familles, la suppression de la possibilité de déposer une demande d'asile dans une ambassade suisse, la limitation du droit au regroupement familial ou encore la création de «camps spéciaux» pour les requérants «récalcitrants» et pour les délinquants. Cette révision doit encore être débattue à la session d'automne et pourrait, si suffisamment d'organisations s'y engagent, faire l'objet d'un référendum.
«La Suisse est un des pays les plus riches du monde. Aucun autre pays n'a été à ce point épargné par les guerres et les catastrophes naturelles. Et il faudrait que ce pays riche, qui se targue de sa "tradition humanitaire", se donne une des législations sur l'asile les plus restrictives d'Europe?» s'interroge Solidarité sans frontières, association organisatrice de la manifestation, soutenue par un nombre important d'autres mouvements, partis et syndicats, dont Unia.
Outre la dénonciation de cette révision, des personnalités sont aussi intervenues lors de la manifestation pour dénoncer une politique d'intégration sélective qui devrait au contraire être basée sur l'égalité des droits et des chances à tous les niveaux, et pour condamner l'intention de durcir la pratique de naturalisation, aujourd'hui encore considérée comme «une récompense pour intégration réussie». A ce sujet, Osman Osmani d'Unia a réitéré la demande de naturalisation automatique de la 3e génération de migrants vivant en Suisse.

Marche européenne
La régularisation des sans-papiers, qui sont environ 200000 à travailler, sans droits, dans notre pays, était aussi exigée par les manifestants. Rejoints ce jour-là par les 130 participants à la Marche européenne des sans-papiers et des migrants, partie de Bruxelles le 2 juin pour un tour d'Europe des lieux symbolisant la «Forteresse européenne», qui se terminera le 2 juillet à Strasbourg devant le Parlement européen. «Nous marchons pour mettre en évidence que la société tout entière est responsable de cette situation. Et pour l'améliorer, nous demandons la régularisation collective de tous les sans-papiers», a expliqué une responsable.
Les organisateurs de la manifestation ont enfin appelé à moins de colère et de peur dans notre pays mais au contraire à davantage de courage, de confiance et de solidarité. 


Sylviane Herranz