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Tesa licencie deux délégués du personnel

Suite au licenciement brutal de deux membres de la commission du personnel de Tesa, Unia exige leur réintégration immédiate

Unia demande le retrait des licenciements abusifs de deux membres de la commission du personnel de Tesa qui s'étaient opposés à l'augmentation du temps de travail sans compensation. Une manifestation a été organisée dans ce sens mercredi dernier pour dénoncer cette agression contre les droits syndicaux.


«Mardi, j'ai été appelée par la direction, tout comme, de son côté, mon collègue Alexandre. On nous a seulement reproché d'avoir fait signer la pétition au lieu d'informer la direction. J'ai été licenciée oralement, avec effet immédiat, sans avoir l'occasion de m'exprimer. On m'a pris mon téléphone lorsque j'ai voulu appeler un membre de la commission d'entreprise, puis raccompagnée physiquement à ma voiture. Je n'ai même pas pu dire aurevoir à mes collègues et à peine pu prendre mon sac. C'était comme dans les films américains.» Jennifer, employée administrative chez Tesa à Renens, ne cache pas sa stupéfaction face à la brutalité de son renvoi le mardi 8 novembre. En cause, du moins officiellement, une pétition lancée par le personnel (et non par la commission) contre les décisions de la nouvelle directrice des ressources humaines. Alors qu'elle a été signée par 166 employés sur les quelque 320 personnes que compte l'usine, seuls les deux délégués du secteur administratif sont licenciés. Restent dans la commission, les délégués de la production et la présidente, enceinte.

Droits syndicaux violés
«Mes collègues sont à mes côtés, mais ont peur de la direction. Lors de l'appel à manifester mercredi matin, la direction a été claire auprès des employés déjà en poste: Si vous sortez, vous êtes licenciés!», relaye Jennifer. Une ambiance délétère qui existe depuis plusieurs mois déjà; depuis la lutte de la commission et des employés contre l'augmentation du temps de travail (5 heures de plus par semaine) sans compensation. «C'est clairement une attaque frontale contre une commission qui a osé contester cette mesure», s'insurge Abdou Landry, représentant syndical à Unia La Côte. Plusieurs commissions du personnel d'usines vaudoises ont d'ailleurs exprimé leur soutien aux deux délégués. Abdou Landry précise: «La direction estime, quant à elle, que les délégués ont violé le rapport de confiance. Cela signifie-t-il qu'une commission du personnel n'a plus le droit de relayer la voix du personnel et est censée tout rapporter à la direction? En outre, la direction ne s'attache qu'à la forme et ne tient même pas compte du malaise qui ressort de cette pétition.»

Négociations en cours
La direction de Tesa veut donc séparer ces licenciements des négociations en cours qui ont lieu devant l'Office cantonal de conciliation. Son président Philippe Edouard Journot relève: «Aucune mesure de coercition ne doit avoir lieu pendant la durée des négociations, c'est un principe que j'entends faire respecter. Mais ce n'est pas à moi de dire si ces licenciements sont abusifs ou non. Chacun continue à gérer ses affaires. Cela peut être un phénomène particulier qui n'est pas en lien avec les problèmes vécus par les employés actuellement.»
Pour Unia et la commission du personnel, qui ont rencontré la direction jeudi passé, les deux problématiques sont totalement liées, d'où l'exigence claire du syndicat: la réintégration des deux employés.
Reste que les mesures de lutte sont limitées. Jean-Michel Dolivo, avocat spécialisé en droit du travail, explique: «Même s'il y a clairement violation des droits syndicaux, personne ne peut obliger l'entreprise à réintégrer les deux personnes licenciées, même pas l'Office de conciliation. S'il y a mesure de coercition, l'entreprise risque une amende allant jusqu'à 10 000 francs. Et si le Tribunal estime qu'il n'y a pas de motifs justifiés aux licenciements, l'entreprise sera astreinte à payer au maximum 6 mois d'indemnités, soit 6 mois de salaire.»
Vendredi, les délégués licenciés n'avaient pas encore reçu leur lettre de licenciement. Lundi, au moment de la publication de ces lignes, la direction de Tesa, la commission du personnel et Unia se rencontraient pour une énième séance devant l'Office cantonal de conciliation.


Aline Andrey