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Un plan social reste une défaite

Chez Constelliom en Valais, un accord a été trouvé dans le cadre de la suppression des 120 postes annoncée

Un accord a été signé entre la direction de Constellium et la commission du personnel après l'annonce de la suppression de 120 emplois sur les sites valaisans. A la suite de négociations difficiles, 13 personnes voient leur emploi sauvé et seront reclassées à l'interne, 78 partiront en retraite anticipée. Mais 29 personnes perdent leur travail. Le personnel a aussi dû faire des concessions, tout en obtenant des garanties sur des investissements promis.

«Pour toute commission du personnel, signer un plan social, c'est une défaite. On ne peut pas être content, mais ce plan étant ce qu'il est, c'est un moindre dommage pour les travailleurs qui doivent partir; cela leur permet de le faire dans les meilleures conditions possibles.» Jean-Pierre Salamin, président de la commission d'entreprise de Constellium, ex-Alcan, en Valais, s'est battu avec ses collègues pour amoindrir l'impact des 120 suppressions de postes annoncées en juin, sur les 850 que comptent les trois sites de Sierre, Chippis et Steg. Ce mandat leur avait été donné par la centaine de travailleurs réunis en assemblée avec Unia.
Même si les arguments évoqués par la direction pour justifier la restructuration, comme le franc fort ou la baisse des commandes en Europe - alors que la demande de produits en aluminium y est en hausse - n'ont convaincu personne, la commission a été acculée à négocier le plan social. «Quand un patron dit "soit on trouve 25 millions d'économie en 2 ans, soit on délocalise tout à Issoire", une autre usine du groupe en France, on n'a plus beaucoup de choix», indique Jean-Pierre Salamin. Concrètement, 15 de ces 25 millions devaient être trouvés au niveau du personnel, en échange de quoi un investissement de 11 millions serait fait pour mettre les usines valaisannes en conformité avec la production de tôles d'aluminium pour l'aéronautique, Constellium ayant signé, ce printemps, un gros contrat avec Airbus.

Négociations difficiles
«Cela n'a pas été facile de négocier, explique le président. Le postulat de départ était très dur: en plus des 120 postes supprimés, dont environ 50 par licenciement sec, la direction voulait nous faire bosser 2 heures de plus gratuitement par semaine. Il a même été question d'une baisse des salaires, mais face au tollé général, elle est vite revenue en arrière. Le plan social était aussi au rabais par rapport à ce que nous avions obtenu en 2005-2006, lors des précédentes restructurations.» Au final, grâce à l'intense travail de la commission et à la forte mobilisation du personnel durant l'assemblée, véritable appui pour les négociateurs, un accord a été signé le 18 juillet dernier avec la direction. Il est valable 2 ans. Le nombre de licenciements a pu être limité à 29 personnes. 13 salariés seront reclassés à l'interne et 78 partiront en retraite anticipée. Cette mesure touche les salariés de plus de 63 ans ou de plus de 60 ans et 35 ans de service. Les licenciés toucheront des indemnités de départ «assez conséquentes», dit le président.

Jours chômés sacrifiés pour 2 ans
De leur côté, les travailleurs restant verront leur salaire gelé durant la durée de l'accord, soit jusqu'à fin 2014. «Avec un indice du coût de la vie de -1%, on ne prend pas un grand risque», note Jean-Pierre Salamin. «Nous avons aussi sacrifié 5 jours chômés, pour 2 ans. Ces jours ne sont pas dans la convention des machines, ils avaient été négociés il y a longtemps. Cette concession a été faite en compensation des 2 heures de plus réclamées par la direction et pour garder la semaine de 40 heures.»
En contrepartie, la commission a obtenu qu'il soit spécifié dans l'accord les montants et objets précis des 11 millions d'investissement prévus ces deux prochaines années pour profiler les usines valaisannes pour l'aéronautique.

Inquiétudes
«Cette nouvelle restructuration est difficile à vivre pour tous. Depuis 2006, nous avions une certaine stabilité de l'emploi. Du personnel a même été engagé. Avec ces 120 postes supprimés, ce sont des collègues et des compétences qui partent. Nous sommes inquiets pour l'avenir. Nous attendons maintenant des signes forts qui montrent qu'on est une boîte viable», relève encore Jean-Pierre Salamin.
Blaise Carron, secrétaire syndical d'Unia Valais, souligne pour sa part le travail exemplaire réalisé par la commission. Mais sur le fond, dit-il, «cette restructuration n'en est pas une. L'entreprise n'est pas en difficulté économique. J'ai plutôt l'impression que le groupe profite de la situation pour augmenter la profitabilité et non pour sauvegarder le site.» 


Sylviane Herranz