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Une caisse publique pour plus de transparence

Les Suisses sont appelés à se prononcer le 28 septembre sur la caisse maladie unique. Le débat est relancé

Dans deux mois, le peuple devra trancher une nouvelle fois sur la caisse d'assurance maladie unique, impliquant le remplacement des 61 caisses privées actuelles par une seule institution publique. Pour les initiants, cette gestion étatique de l'assurance de base, plus transparente et moins coûteuse, permettrait de mettre fin à la «pseudo-concurrence» pratiquée par les caisses. La droite, elle, craint la dégradation du système de santé suisse et la perte du libre choix. Pour Unia, une gestion publique de la santé est urgente.

Le système de santé suisse est au cœur du débat public depuis plus de dix ans. En 2007 déjà, le peuple balayait à plus de 70% la proposition de passer à une caisse d'assurance maladie unique. En 2014, l'objet est de retour dans les urnes: le peuple devra se prononcer une nouvelle fois à ce sujet le 28 septembre prochain. L'initiative fédérale «pour une caisse publique d'assurance maladie», déposée en mai 2012 par une vingtaine d'associations de patients, de médecins, de métiers de la santé et divers partis de gauche (dont le Parti socialiste et les Verts), prévoit la création d'une institution nationale unique et publique qui gèrerait l'assurance de base, avec des agences cantonales qui établiront les primes et les encaisseront. Le calcul des primes en fonction des revenus de l'assuré, qui faisait grincer des dents en 2007, a été supprimé. Les 61 caisses d'assurance privées, qui gèrent actuellement plus de 8 millions d'assurés, ne disparaîtraient pas pour autant mais se concentreraient sur les assurances complémentaires et autres assurances automobile, habitation etc.
Sous le slogan «Stop à l'explosion des primes», les partisans de la caisse unique plaident pour un système d'assurance maladie plus transparent et la fin de la «pseudo-concurrence» pratiquée par les caisses privées. «La chasse aux bons risques doit être supprimée, dénonce la conseillère aux Etats Liliane Maury Pasquier sur le site internet de la campagne. Il en va du respect de la dignité de toutes les personnes, qu'elles soient malades ou en bonne santé, jeunes ou âgées». De même, le nouveau système permettrait une meilleure gestion des primes et serait source d'économies: les frais liés aux changements d'assureur chaque année disparaîtraient, tout comme les millions de francs dépensés par les différentes caisses en frais de publicité et de marketing. «Les primes augmentent plus vite que les prix de la santé», peut-on lire dans les arguments de campagne. Enfin, les coûts de la santé seraient, selon les initiants, mieux maîtrisés et la qualité des soins, améliorée.

Liberté de choix menacée?
De leur côté, les opposants à la caisse unique, à savoir les partis de droite (PLR, UDC, PDC, PBD et les Vert'libéraux) ainsi que les assureurs santé, se battent depuis des années contre ce texte. Selon eux, la caisse unique menace la liberté de choix ainsi que la qualité de notre système de santé. «Sans la pression de la concurrence, la caisse unique n'aura aucune incitation à offrir les meilleures prestations aux meilleurs coûts», anticipe Alliance Santé dans un communiqué. Le regroupement de parlementaires ainsi que de représentants du domaine de la santé anti-caisse publique ne croit pas non plus aux économies de 10% avancées par les initiants. Au contraire, selon lui, le changement de système coûterait 2 milliards de francs.
Entre autres préoccupations, les opposants à l'initiative craignent que le libre choix du médecin traitant soit restreint, que l'administration colossale pilotée par Berne entraîne des complications administratives et ralentisse les procédures de remboursement ou encore que certaines prestations médicales soient rayées du catalogue de base. Ce à quoi répondent les initiants: «L'AVS et la SUVA sont l'exemple que les caisses publiques fonctionnent très bien.»

Une caisse plus saine
Unia, qui soutiendra activement l'initiative pendant cette campagne, rappelle l'urgence d'une gestion plus publique de la santé. «Les services publics en général ne doivent pas être soumis à la concurrence, expose Pierluigi Fedele, membre du comité directeur du syndicat. Notre santé est trop importante pour cela.» Et ce dernier de rappeler l'impact de la chasse aux bons risques sur les salariés du pays. «La réalité vécue par nos membres est que la hausse continue des primes ces dernières années a nettement diminué leur pouvoir d'achat.» Selon le syndicaliste, une série d'économies potentielles de fonctionnement pourraient être réalisées grâce à la caisse unique, la gestion des coûts par les assureurs «n'étant pas si efficace», malgré ce que ces derniers en disent. «Finalement, ça ne changera pas grand chose pour les assurés, mis à part qu'ils auront affaire à un système beaucoup plus sain, plus transparent et plus juste.»


Manon Todesco