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Unia tente de rassurer les paysans vaudois

Pour pallier les charges supplémentaires liées à l'introduction du salaire minimum Unia préconise la baisse des marges.....

Face aux inquiétudes des agriculteurs et pour pallier les charges supplémentaires liées à l'introduction du salaire minimum, Unia préconise la baisse des marges des grands distributeurs et une hausse des aides à l'agriculture

«Pour une agriculture socialement responsable, des salaires décents». C'est avec ce message griffonné sur une banderole qu'une vingtaine de secrétaires syndicaux d'Unia se sont invités à l'action des agriculteurs vaudois le 29 avril à la place de la Riponne à Lausanne. L'occasion de débattre entre syndicalistes et maraîchers, arboriculteurs et viticulteurs, autour du salaire à 4000 francs brut et d'un verre de blanc. Opposés à l'initiative, les paysans du canton sont soumis actuellement à un contrat type de travail fixant le revenu minimum à 3320 francs brut pour 50 heures de travail hebdomadaires. Soit 15 francs 30 de l'heure au lieu des 22 francs demandés par l'initiative des syndicats. «Comme nous travaillons 50 heures par semaine, cela équivaut à 5000 francs mensuels, ce qu'aucun patron ne gagne ici», s'insurge un arboriculteur. «Pour nous, cela signifierait de licencier 6 personnes sur 20», renchérit le codirecteur d'une entreprise de maraîchage qui craint également que la Suisse soit inondée de marchandises européennes. D'autres producteurs de fruits et légumes relèvent que, déjà au niveau national, la concurrence est rude, puisque, dans plusieurs cantons suisses alémaniques, les employés peuvent travailler jusqu'à 60 heures par semaine.

Diminuer les marges des distributeurs
Or, pour Unia, les agriculteurs se trompent de cible. «Le problème dont souffre l'agriculture suisse n'est pas lié à l'introduction d'un salaire minimum, mais bien plutôt à la politique menée par les groupes de la grande distribution», indique le syndicat dans le tract distribué à l'occasion de l'action des paysans devant le Palais de Rumine. Ce document souligne que les maraîchers ne perçoivent que 43% du prix payé par le consommateur, la majorité du solde revenant donc aux intermédiaires. Unia rappelle aussi que, de 1990 à 2010, 40% des exploitations agricoles ont disparu, «sans que le salaire minimum y soit pour quelque chose». Il relève également que le prix du lait est resté fixe pour le consommateur, alors que les producteurs touchent 10 centimes de moins par litre qu'il y a 10 ans. «Où est passée la différence? Dans les poches des grands distributeurs qui ont donc vu leur marge augmenter», souligne le syndicat.
L'impact de l'introduction d'un salaire minimum sur l'agriculture signifierait selon une étude de l'Union syndicale suisse (USS) une augmentation du salaire de 1000 francs en moyenne pour les employés les moins bien rémunérés. Soit une augmentation des charges entre 2,1 et 4,7% pour chaque exploitation. L'augmentation des prix dans le panier de la ménagère serait donc supportable, selon les calculs de l'USS, mais surtout, ne devrait pas forcément être répercuté sur les consommateurs. Au contraire de ce que craignent les producteurs de fruits et légumes qui annoncent une augmentation de 25% des prix. Pour Unia, les grands distributeurs pourraient baisser leurs marges, et les subventions augmenter puisque l'introduction d'un salaire minimum ne correspondrait qu'à une hausse de 5% des montants publics consacrés à l'agriculture annuellement. Ce qui, de surcroît, permettrait de «garantir des conditions salariales qui éviteraient le recours des travailleurs agricoles aux subsides, au paiement des primes maladie ou à l'aide sociale».


Aline Andrey