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On va se battre pour obtenir une CCT avant le 1er janvier

Unia et Syna appellent les 25000 travailleurs du second œuvre romand à défendre leur CCT dénoncée par les employeurs

La Convention collective de travail (CCT) du second œuvre romand règle les conditions de travail de plusieurs branches de l'artisanat, principalement celles des métiers du bois et de la plâtrerie-peinture. Dans certains cantons, elle couvre aussi des branches aussi diverses que l'étanchéité et l'asphaltage, le carrelage, les revêtements de sol, la vitrerie ou les métiers de la pierre. Depuis sept mois, syndicats et organisations patronales négocient son renouvellement pour une période de cinq ans.

Une attitude irresponsable, qui ouvre grand les portes au dumping salarial. C'est le constat que dressent les syndicats Unia et Syna après la dénonciation de la Convention collective de travail (CCT) du second œuvre romand par la partie patronale. Dès le début de l'année prochaine, quelque 25000 salariés romands, actifs principalement dans les métiers de la plâtrerie-peinture et du bois ne seront plus couverts par cette CCT, qui protège autant les travailleurs du dumping que les entreprises d'une guerre des prix.

Des adaptations salariales indispensables
«A la rentrée, les employeurs nous ont dit qu'il n'y aurait aucune adaptation salariale, rien, zéro», indique Aldo Ferrari, chef de la délégation syndicale qui a négocié durant sept mois avec les représentants patronaux. Pour les syndicats, ces ajustements salariaux sont indispensables, rien qu'en raison de la hausse annoncée des assurances maladie. Une augmentation de 120 francs pour tous les travailleurs, une contribution forfaitaire mensuelle de l'employeur aux primes maladie et une revalorisation de l'indemnité repas sont revendiquées. Faute d'accord, la délégation patronale a proposé de reconduire pour une année la CCT en l'état. «Nous leur avons répondu que dans ces conditions une prolongation n'était pas acceptable pour nous», explique le vice-président d'Unia. Les patrons ont alors choisi de résilier purement et simplement la convention qui échoit au 31 décembre de cette année. «Nous avons demandé une adaptation des salaires, les patrons nous ont dit que ce n'était pas jouable. A eux de prendre leurs responsabilités, de notre côté nous assumons les nôtres. Mais j'insiste là-dessus, car ils cherchent à nous faire porter le chapeau, c'est eux qui ont dénoncé la CCT», souligne le dirigeant syndical.

Plus de protection ni de formation
«Avec cette résiliation, il n'y aura plus dès l'année prochaine de protection pour les travailleurs détachés, les temporaires et les nouveaux engagés. Les salaires minimaux, le treizième salaire, la cinquième semaine de vacances et les protections accrues contre le licenciement des travailleurs de plus de 50 ans ne seront notamment plus garantis. C'est la porte ouverte au dumping salarial», prévient Aldo Ferrari. Surtout que le second œuvre, qui concentre la majorité des travailleurs détachés, est le secteur le plus touché par ce fléau. «Et en plus des moyens de protection, on se prive avec la CCT de la formation. C'est irresponsable», juge le responsable de la délégation syndicale.

Les syndicats restent ouverts à la discussion
«Nous avons écrit aux employeurs pour leur proposer de revenir à la table des négociations. Nous restons ouverts à la discussion. Nous sommes prêts à prolonger la CCT d'une année pour autant que nous obtenions un accord sur une participation, dont les modalités restent à définir, à l'assurance maladie.» En attendant, les syndicats préparent des actions de protestation en appelant les travailleurs à défendre leur CCT: «Nous faisons des séances d'information dans l'ensemble des régions, ça prend bien, les salariés sont réceptifs. Une journée d'action est prévue le 18 novembre dans tous les cantons. On va mobiliser, on va se battre pour avoir une CCT avant le 1er janvier.»

Jérôme Béguin