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Vaud débloque 17,5 millions de francs pour l'industrie

Les entreprises de l'industrie manufacturière du canton pourront faire appel à diverses formes d'aide

Demandé par les métallos d'Unia depuis le début de la crise de 2008, le fonds de soutien à l'industrie vaudoise a été accepté à la quasi-unanimité par le Grand Conseil. Unia se félicite de cette création, dont l'objectif est la préservation de l'emploi industriel dans le canton, un secteur soumis aux conséquences négatives du franc fort.

«C'est une belle victoire pour les métallos du canton et pour Unia!» Au lendemain de l'adoption, à la quasi-unanimité, du décret du Conseil d'Etat vaudois instituant un fonds de soutien à l'industrie de 17,5 millions de francs, Yves Defferrard, cosecrétaire régional d'Unia Vaud, ne cachait pas sa joie. «Après la faillite de Lehman Brothers et la crise financière de 2008, les entrées de commandes des entreprises vaudoises ont chuté brutalement, avec un risque de pertes d'emplois importantes. Les commissions du personnel de l'industrie, soutenues par Unia, ont réagi immédiatement et leurs réflexions ont abouti à l'idée de ce fonds de soutien», explique le syndicaliste. Cette proposition a été soumise aux Assises de la place industrielle vaudoise en 2009, assises réunissant chaque année, depuis 2004, le syndicat, le patronat et le Conseil d'Etat. La création d'une centrale d'achats et d'un centre de calculs pour l'innovation avait aussi été proposée mais ces projets n'ont pas abouti.

Industrie manufacturière
Après des mois de discussion et des rapports d'experts ayant prouvé que les possibilités d'aide existantes n'étaient pas de même nature que celle offerte par un fonds de soutien à l'industrie, et dans la nouvelle situation ouverte en janvier par l'abandon du taux plancher par la BNS, la section vaudoise du Groupement suisse de l'industrie mécanique (GIM-CH) et Unia sont intervenus le mois suivant auprès du Conseil d'Etat pour réactiver leur demande de fonds. Puis tout est allé très vite, jusqu'à la décision du Grand Conseil du 30 juin débloquant un crédit de 17,5 millions.
Le fonds de soutien à l'industrie, dont le règlement doit encore être élaboré, devrait bénéficier essentiellement à des petites et moyennes entreprises de quatre à une centaine d'employés, mais des sociétés plus grandes pourront aussi y faire appel pour autant qu'elles soient actives dans l'industrie manufacturière (machines, microtechnique, horlogerie, pharma, etc.) et que leur outil de production soit dans le canton. Les aides se déclineront en trois formes: cautionnement de crédits bancaires, prêts directs et aides à fonds perdu. Ce soutien sera ciblé sur des projets précis tels qu'investissements dans l'outil de production, projets d'innovation, développement de marchés et des ressources humaines.

Sauvegarde des emplois
«L'objectif central du fonds est la sauvegarde des emplois industriels et du savoir-faire dans notre canton», souligne Yves Defferrard. L'association patronale et Unia ont déjà donné leurs directives sur les critères d'attribution. «Les aides ne doivent pas être accordées à des entreprises au bord de la faillite, il faut prioriser les PME du tissu local, sans se priver des possibilités d'aider des grandes entreprises ou succursales de multinationales. Les sociétés devront montrer l'état de leurs finances et prouver que l'argent est utilisé sur sol vaudois. Enfin, si une entreprise licencie dans les mois qui suivent, on leur demandera des comptes», précise le syndicaliste.
Ce fonds pourra-t-il intervenir pour pallier des mesures comme la baisse des salaires ou la hausse du temps de travail, que certaines sociétés veulent mettre en place sous prétexte de diminution de la rentabilité due au franc fort? «Cela pourrait être le cas, mais l'essentiel est que ce fonds soit un outil que les commissions du personnel confrontées à ce genre de problèmes puissent saisir pour trouver des solutions», relève Yves Defferrard, ajoutant qu'on ne peut pas non plus exiger, comme le souhaitaient certains, qu'il ne soit pas utilisé en cas de licenciement collectif. «Si on peut limiter le nombre de suppressions d'emplois grâce à ce fonds, il n'y a pas de scrupules à avoir.»
Yves Defferrard s'attend d'ailleurs à un deuxième semestre difficile, même si l'industrie vaudoise est diversement touchée par le franc fort. «Certaines sociétés travaillant essentiellement avec l'Union européenne subissent des pertes, alors que d'autres restent stables et que certaines y gagnent car elles achètent leur matière première en Europe et revendent leurs produits ailleurs dans le monde.»

Garanties à fixer
Pour sa part, le député socialiste Nicolas Rochat Fernandez, rapporteur de la commission du Grand Conseil ayant examiné le projet, se félicite lui aussi de la création de ce fonds de soutien. Il regrette néanmoins sa mise en œuvre tardive. «On aurait pu l'anticiper d'au moins 3 ans. Mais cela montre que la majorité de gauche du Conseil d'Etat est conséquente avec son engagement de soutenir les emplois et l'industrie dans le canton.» Il souhaite aussi que le règlement d'application soit rapidement mis en place.
«Il fixera les garanties que les sociétés bénéficiant du fonds devront donner. Une chose est claire, c'est qu'il faut introduire une clause de clawback, c'est-à-dire de rétrocession, si une société ne respecte pas les conditions convenues avec l'Etat pour obtenir une aide, en particulier si elle décide de fermer ou de délocaliser dans l'année qui suit.»

Sylviane Herranz