Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

Victoire d'étape pour les employés de MM Ventilation

Suite à la mobilisation des travailleurs les entreprises adjudicataires des chantiers devraient payer les ardoises

La lutte a payé. Après une journée de grève sur le chantier du futur Data Center à Gland et une action sur le chantier de l'Hôpital de La Tour à Meyrin, les employés de l'entreprise valaisanne MM Ventilation sont aux portes de la victoire. Lésés par leur patron qui ne respecte ni les conventions collectives de travail cantonales ni l'indemnisation des déplacements, quatre d'entre eux ont été licenciés pour avoir réclamé leur dû. Les entreprises adjudicataires se sont engagées à payer les arriérés de salaire. Témoignages.

Active dans le domaine de la ventilation et de la climatisation, l'entreprise valaisanne MM Ventilation s'est attiré les foudres d'Unia. Son patron employait jusqu'à récemment sept personnes, toutes domiciliées en Valais, qu'il faisait travailler sur deux gros chantiers, à savoir celui du Data Center à Gland (VD) et celui de l'Hôpital de La Tour à Meyrin (GE). Dans ces cas-là, c'est la convention collective de travail (CCT) du canton où l'employé travaille qui s'applique. Or pendant des mois, MM Ventilation a payé ses employés selon les barèmes valaisans, ne leur a pas versé de treizième salaire et ne leur a jamais indemnisé les déplacements comme le prévoit pourtant la convention. Unia estime que les arriérés de salaire se chiffrent à plus de 100000 francs. Soit entre 15000 et 20000 francs par travailleur. Pour prendre un exemple, un des salariés en classe C dans le canton de Vaud pouvait prétendre à un salaire horaire de 25,60 francs, soit 4576 francs par mois, alors qu'il était payé 4400 francs, et son collègue à Genève aurait dû toucher 28,06 francs de l'heure. Conscients qu'il y avait un problème, certains travailleurs ont tenté de clarifier la situation avec leur patron, qui a rétorqué en licenciant quatre de ses sept employés. Afin de faire valoir leurs droits, les travailleurs ont décidé de se mettre en grève. C'est ainsi qu'un piquet de grève a eu lieu le 6 décembre sur le chantier de Gland. Le lendemain matin, une action avait lieu sur le chantier genevois. Par cette mobilisation, ils ont montré leur détermination à aller jusqu'au bout pour obtenir gain de cause (lire les témoignages ci-dessous).

Sur la bonne voie
La mobilisation aura payé. Les entreprises adjudicataires, qui avaient sous-traité à MM Ventilation, ont vite réagi, sans doute pour éviter de faire trop de vagues. «Nous avons rencontré dès le lendemain la direction de Minerg-Appelsa pour le chantier de la Tour et d'Alvazzi pour le chantier de Gland, rapporte Lionel Roche, secrétaire syndical du second œuvre. Toutes deux se sont engagées à se substituer à MM Ventilation et à payer les ardoises laissées par l'entreprise.» Les deux entreprises contractantes se retourneront ensuite contre MM Ventilation pour récupérer leur dû.
Selon Unia, les montants s'élèveraient environ à 61000 francs pour Alvazzi et à 47000 francs pour Minerg-Appelsa. A l'heure où nous mettions sous presse, lundi, Unia rencontrait à nouveau les deux directions pour trouver un accord définitif après étude des dossiers remis par le syndicat. «Cette victoire d'étape est importante, réagit le syndicaliste. Il ne reste plus qu'à trouver un accord qui soit satisfaisant pour les deux parties, mais je suis plutôt confiant.» Toute mobilisation est, dès lors, suspendue.

Manon Todesco



Témoignages

Travailleurs révoltés
«Au début, tout se passait bien, note Ricardo, l'un des employés remerciés par MM Ventilation. Et puis au fil des mois, les salaires étaient versés de plus en plus tard, puis en deux fois. Le patron nous disait qu'il n'avait pas l'argent. En septembre, on a commencé à s'inquiéter, on s'est dit qu'il n'arriverait jamais à payer nos 13es. On a essayé de lui en parler, et il nous a licenciés. Maintenant on est là pour réclamer notre dû!» Ulisses, lui, connaît bien MM Ventilation: il a débuté dans le métier en 98 avec ce patron, puis y est revenu l'an passé pour travailler sur le chantier de l'Hôpital de La Tour. «On a travaillé pendant un an, on a fait beaucoup d'efforts et on se fait mettre dehors pour Noël, c'est révoltant! On a tous des familles, plus de 30 ans, et on est en plein hiver, ça va être difficile de retrouver du travail rapidement.» Les travailleurs en grève, réunis autour d'un feu improvisé sur le chantier, dressent le portrait d'un patron absent et pas très correct avec ses employés. «En plus de ne pas nous payer correctement, il nous embauchait à des postes mais nous demandait beaucoup plus. Il n'était jamais présent aux réunions de chantier, nous déléguait tout un tas de responsabilités sans nous payer pour ce travail.» Les gars, tous domiciliés dans le Valais, démarraient leur journée à 6h et rentraient le soir à 18h. «On avait trois heures de trajet par jour, dans une même voiture, serrés comme des sardines, et ce temps de trajet ne nous a jamais été payé.»
Propos recueillis par MT