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356 malheureux millions pour les primes

Pour nous autres travailleurs, élire des politiciens de droite ne paie pas. On en a encore la confirmation avec cette nouvelle augmentation de l’assurance maladie pour 2024. Une famille de quatre personnes devra sortir jusqu’à 2000 francs de plus cette année. L’initiative fédérale d’allègement des primes tombe dès lors à point nommé. Déposée par le Parti socialiste et soutenue par l’Union syndicale suisse (USS), elle propose de les plafonner à 10% du revenu disponible. Un tel dispositif existe déjà dans le canton de Vaud depuis 2018, mis en place sous l’impulsion du conseiller d’Etat Pierre-Yves Maillard, aujourd’hui président de l’USS et député à Berne. Vaud fait plutôt figure d’exception puisque depuis dix ans, 19 cantons sur 26 ont réduit leurs contributions à l’assurance maladie. En un quart de siècle, celles-ci n’ont progressé que de 41% tandis que les primes prenaient 142%.

Le texte de l’initiative prévoit de faire supporter la réduction des primes aux deux tiers au moins par la Confédération et le reste par les cantons, pour un coût total de 3,7 milliards. Le Conseil fédéral a rejeté l’initiative, lui opposant un contre-projet beaucoup plus modeste à 493 millions. Au Conseil national, la gauche a pu toutefois modifier ce contre-projet, le portant à 2,2 milliards. C’est déjà mieux, mais c’est beaucoup trop pour le Conseil des Etats, qui s’est arrêté, lui, à seulement 356 millions. Le 12 septembre, les deux Chambres devaient accorder leurs violons et, malheureusement, c’est la version la moins-disante qui a été choisie par une majorité formée de l’UDC, du PLR et du Centre. La Confédération ne filera pas un radis, seuls les cantons devront consacrer entre 3,5% et 7,5% des coûts cantonaux de l’assurance maladie à la réduction des primes pour un montant estimé donc à 356 millions. Cette somme ne représente que le 1% du montant des primes et, si on divise ce chiffre par le nombre d’habitants, on obtient 40 francs par tête de pipe. Pas de quoi pouvoir faire face, alors que s’ajoutent des coûts croissants à la charge des patients, comme les médicaments. Comme l’a indiqué Le Temps, les parlementaires de droite ont voté contre l’intérêt de leurs cantons. Les six cantons romands se voient privés d’une aide fédérale de 348 millions. Pierre-Yves Maillard les a interpellés dans l’hémicycle: «Le seul impôt qui n'est pas plafonné dans ce pays est la prime maladie, qui touche les gens qui ont les revenus modestes et moyens. Est-ce parce que les grands sponsors qui financent les campagnes électorales ne sont pas concernés? Est-ce parce que la majorité des personnes qui siègent dans ce Parlement ne souffrent en fait pas de cette prime?»

La charge financière pour la Confédération de la réduction des primes ne doit pas nous impressionner. Avec un budget frôlant les 90 milliards et 3,5 milliards de dépenses supplémentaires en 2024, Berne est plutôt à l’aise. Cette même majorité de droite a d’ailleurs cherché durant cette législature à délester la Confédération de plus de 2 milliards de recettes fiscales au travers des droits de timbre. Ce cadeau aux actionnaires et à la place financière a été sèchement refusé par le peuple (62,7%) l’année dernière à la suite d’un référendum de la gauche. Espérons que le piteux contre-projet connaîtra le même sort et que les électeurs choisiront résolument l’initiative, les deux textes seront opposés lors des votations du 3 mars.