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«Il est urgent d’agir pour protéger les représentants du personnel»

Réunis à la Maison du peuple à Lausanne, les militants et les militantes de plusieurs entreprises de l’Arc lémanique ont abordé de nombreuses questions les préoccupant.
© Olivier Vogelsang

Réunis à la Maison du peuple à Lausanne, les militants et les militantes de plusieurs entreprises de l’Arc lémanique ont abordé de nombreuses questions les préoccupant.

L’assemblée des militants de l’industrie de l’Arc lémanique d’Unia s’est réunie dernièrement pour faire le bilan de l’année écoulée, parler des retraites mais aussi du licenciement de l’un des leurs

Menu copieux pour l’assemblée générale des militants et des militantes de l’industrie de l’Arc lémanique d’Unia qui s’est tenue il y a presqu’un mois à Lausanne. Outre un retour en arrière sur l’année écoulée et la discussion sur le licenciement antisyndical de l’un d’entre eux, les retraites étaient à l’ordre du jour. Gabriela Medici, spécialiste de la question à l’Union syndicale suisse (USS), est venue présenter les enjeux des votations à venir sur la 13e rente AVS et la réforme LPP 21.

Présidée par Pierre-Alain Geiser, l’assemblée avait été préparée par le comité de l’Arc lémanique. «Pour nous, c’est important de fonctionner comme ça, les travailleurs doivent prendre les décisions», a précisé Abdeslam Landry, responsable de l’industrie de la section, à la trentaine de personnes présentes.

Attaques repoussées

Il est notamment revenu sur les négociations de renouvellement de la CCT des machines. «Swissmem, l’association patronale, est arrivée avec des propositions inacceptables: retour à la semaine de 42 heures, semaine de 6 jours de travail, suppression du renchérissement automatique pour les salaires minimaux, introduction d’un jour de carence en cas de maladie ou encore restriction du droit de participation des commissions du personnel. Nous avons pu repousser les attaques, ce qui n’était pas facile, les autres syndicats, notamment Employés Suisse, étaient prêts à négocier les 42 heures avec du travail sur 6 jours: ils appellent ça “améliorer la vie des salariés”.»

Autre élément du bilan, les négociations salariales. Si beaucoup sont en cours, un bon résultat est annoncé chez Vetropack avec 100 francs d’augmentation des salaires pour tous, ce qui représente, pour les bas salaires, environ 2,5% d’augmentation, alors que l’inflation était de 1,7% en octobre. Cependant, a souligné le secrétaire syndical, même en cas d’indexation automatique, ces hausses sont insuffisantes au vu des dépenses qui ne sont pas prises en compte dans l’indice des prix à la consommation. «Le coût de la vie a explosé, notre pouvoir d’achat a diminué et les dividendes ont grimpé de 240%!» Le syndicaliste a rappelé les résultats décevants de l’année dernière: «Nous avions dit aux commissions du personnel de venir nous voir si le résultat des négociations ne les satisfaisait pas. Mais aucune n’a osé le faire. Pourquoi? C’est la peur des représailles.»

Protéger la liberté de parole et d’association

Abdelsam Landry a enchaîné sur la protection des délégués syndicaux: «Pour briser cette peur, il faut un outil pour avoir la liberté de parler. Il y a des dispositions conventionnelles qui nous protègent contre les abus, par exemple dans la CCT des machines. Mais aujourd’hui, même ce minimum conventionnel n’est pas respecté et il est violé dans certaines entreprises. On ne peut pas parler de partenariat social si la CCT est piétinée. Et je ne parle même pas des entreprises sans CCT. Aujourd’hui, n’importe quelle raison peut être évoquée et servir de prétexte pour virer un délégué. Nous venons de le vivre dans notre groupe et ça fait très mal. Un collègue a donné de son temps, pris sur sa famille, ses loisirs, pour participer aux négociations de la CCT MEM. Par pur hasard, à peine les négociations sont terminées, son employeur lui a signifié la fin de son contrat: “On supprime ton poste, tu es licencié”. On ne peut pas rester sans rien faire!»

Face à ce choc, le comité de l’industrie de l’Arc lémanique a décidé d’alerter Unia et l’USS, dont la plainte sur les licenciements antisyndicaux déposée auprès de l’Organisation internationale du travail (OIT) est gelée, en adoptant une résolution (voir aussi ce-dessous). «Nous sommes convaincus que ce licenciement est abusif et rien d’autre», a indiqué le président au nom du comité, avant de donner la parole au délégué licencié pour la lecture de la résolution. C’est avec émotion que ce dernier a expliqué qu’il a été touché alors qu’il était membre actif du comité de négociation de la CCT industrie. «J’ai été licencié après plus de 31 ans de service, suite à une suppression de poste inexplicable. Cette expérience souligne l’urgence d’agir pour garantir un partenariat social digne, où les représentants des travailleurs peuvent défendre les intérêts du personnel sans craindre des persécutions.»

Un droit fondamental

La résolution rappelle que «la liberté syndicale est un droit fondamental», mais que ce droit est menacé par des pressions croissantes du patronat. «Les syndicats rencontrent des obstacles pour accéder aux entreprises et les représentants du personnel font face à des représailles voire à des licenciements», indique le texte, qui fait également le constat que, malgré les interventions de l’USS, rien n’a changé depuis deux ans, et que la Suisse ne respecte toujours par les conventions internationales.

«J’espère qu’on sera unanime sur cette résolution importante pour nous tous et pour l’avenir de nos emplois», a souligné le délégué licencié peu avant le vote. Son souhait s’est réalisé, toutes les mains se sont levées d’un coup pour approuver la résolution.

Résolution pour la protection des délégués syndicaux

Extrait de la résolution «Sans protection des délégués syndicaux et des représentants des travailleurs, pas de partenariat social. La Suisse lanterne rouge en matière de protections des représentants des travailleurs»:

L’assemblée générale du secteur industrie du 17 novembre 2023 vote ce qui suit:

  1. Nous, travailleurs du secteur industrie, demandons aux instances Unia, régionales et nationales, de remettre sur la table des discussions une véritable protection légale et conventionnelle des représentants des travailleurs (les membres des commissions du personnel, les délégués syndicaux et les représentants dans les caisses de pension). 
  2. Cette véritable protection des représentants doit se concrétiser par un droit à la réintégration au poste de travail; ce qui implique l’interdiction et la nullité du licenciement.
  3. Nous demandons la réactivation de la plainte auprès de l’OIT et la mobilisation des travailleurs dans les entreprises comme moyen pour atteindre nos objectifs.
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