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Quatre jours à plein tarif

Jean-Claude Rennwald a présenté son nouvel ouvrage lundi dernier à Delémont.
© Alain Meyer

Jean-Claude Rennwald a présenté son nouvel ouvrage lundi dernier à Delémont.

Héraut romand de «la semaine de quatre jours», le Jurassien Jean-Claude Rennwald enfonce le clou dans un nouvel essai avant-gardiste

Jean-Claude Rennwald n’en est pourtant pas à son coup d’essai. Lorsqu’il siégeait à Berne (1996-2011), l’ancien conseiller national n’avait-il pas déjà déposé deux initiatives, l’une réclamant l’introduction d’une semaine de 4 jours et l’autre davantage de temps libre et pour la formation? Le syndicaliste de Courrendlin s’accroche à l’idée qu’il faut changer les mentalités, son rapport au temps et au travail, pour digérer le stress et limiter les burn-out. Dans son ouvrage, il adresse aussi un clin d’œil aux entreprises qui y gagneraient en productivité. Car avec des personnels moins épuisés et moins absents, le travail serait plus efficace. A l’époque, la droite avait étripé ses utopies. «Peut-être se réaliseront-elles demain», rumine l’auteur de La semaine de 4 jours. Pour une révolution du temps, son dernier essai publié aux Editions de l’Atelier à Ivry-sur-Seine, près de Paris.

«Une Suisse timorée»

C’est du canton du Jura aussi qu’une envie de révolution a ressurgi l’an passé lorsque la sénatrice de Porrentruy Mathilde Crevoisier Crelier avait proposé à Berne une réduction du pensum à 35 heures ou une semaine de 4 jours, avec compensation salariale pour les moyens et bas revenus. Là encore, la droite fit obstacle. Qu’est-ce qui pourrait alors faire pencher la balance sachant que des expériences concluantes sont menées en Allemagne, en France, au Royaume-Uni, au Japon? «C’est devenu plus qu’un slogan à la mode», se surprend lui-même Jean-Claude Rennwald. «La Suisse reste timorée», déplore-t-il, énumérant quelques cas marginaux: l’agence de marketing Addvanto à Zurich, l’équipe de cuisine du Park Hotel à Winterthour, les clous Nagel aussi à Winterthour, une société d’informatique du canton de Soleure ou un bureau de graphistes à Aarau où le vendredi a été biffé. Sans être exhaustif, il cite de ce côté-ci de la Sarine la librairie Tanigami dans l’arc lémanique ou le magasin d’articles de sport Mondo à Morat. Depuis juin, la boutique ferme ici tous les jeudis en raison de ventes moins conséquentes ce jour-là. «Une action pionnière dans la branche», se félicite Jean-Claude Rennwald, ajoutant que les salariées et les salariés privilégieraient aujourd’hui, en moyenne du moins, la semaine à quatre jours plutôt qu’une semaine de vacances supplémentaire. Ou 36, 37 ou 38 heures sur cinq jours.

Week-end prolongé ou solutions mixtes?

Des essais ont aussi échoué. Chez Romande Energie Services, spécialisée dans la transition énergétique, une dizaine d’employés l’ont testé sans écourter d’abord le nombre d’heures travaillées. «De très longues journées avec des salariés fatigués», avoue son directeur dans le livre. Depuis fin 2023, les heures ont été réduites avec un salaire inchangé pour 25 personnes. Un autre bilan sera tiré. Comment éviter d’essorer en effet son personnel sur quatre jours? Jean-Claude Rennwald prône un prolongement du week-end en incluant vendredi ou lundi. Ou libérer le mercredi pour des employés avec enfants. Lors de potentielles futures négociations entre direction et personnel sur la question des horaires, il faudra être créatif, car chaque secteur a ses spécificités. Comment inclure dans cette nouvelle grille les hôpitaux, là où le personnel fait déjà défaut? Comment procéder avec les pompiers, les transports publics? L’auteur avance des solutions flexibles: week-ends sur trois jours sur une partie de l’année seulement, congé de six jours toutes les deux semaines. Le secteur du bâtiment pourrait envisager une semaine libre sur cinq. Et des semaines courtes alternées avec des longues pour les chauffeurs routiers. Sans bien sûr que le télétravail interfère. Une formule compatible aussi avec le monde agricole pour autant que «des regroupements de familles paysannes s’opèrent via des coopératives pour assurer jours de congé et vacances». Mais passer à 32 heures sur quatre jours n’est pas encore gagné en Suisse. «Il faudra sans doute un palier intermédiaire, la semaine à 36 heures», pondère Jean-Claude Rennwald.

Bon pour la santé

Enfin, d’un point de vue environnemental, son credo a tout pour plaire. Une ode à la vie. Moins de jours travaillés égale a priori aussi moins de voitures sur les routes. «C’est également à coup sûr moins d’AVC, moins d’hospitalisations et la possibilité aux proches aidants de souffler un peu, dans l’idéal», lâche-t-il.


«La semaine de 4 jours. Pour une révolution du temps», Editions de l’Atelier, Ivry-sur-Seine, mars 2024

Vernissage du livre samedi 16 mars de 9h à 12h, à la librairie Page d’Encre, à Delémont

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