Quelque 10000 personnes ont manifesté samedi dernier dans les rues de Berne en solidarité avec la population ukrainienne. Une mobilisation d’ampleur, qui a réuni non seulement les syndicats et la gauche, mais aussi des partis de droite, des églises et de nombreuses associations. Une syndicaliste s’est adressée à la foule depuis l’Ukraine
Malgré une météo hivernale, le rassemblement pour la paix a mobilisé quelque 10000 personnes le 2 avril à Berne. Orchestrée par l’Union syndicale suisse (USS), cette manifestation, qui a réuni les syndicats, les partis de gauche mais aussi des partis de la droite et du centre, les différentes communautés religieuses et des membres de la société civile tels qu’Amnesty, Solidar ou le Groupe pour une Suisse sans armée, a été un vrai challenge. «Juste après le début de la guerre en Ukraine, on a vu des manifestations se tenir à Berne, Zurich et Genève, assez marquées à gauche avec les partis et les syndicats qu’on a l’habitude de voir battre le pavé», explique Benoît Gaillard, coresponsable de la communication à l’USS. «Pour cette grande manifestation nationale, et c’est relativement nouveau et historique, les syndicats ont contribué de façon importante à organiser quelque chose de beaucoup plus large et à réunir derrière la même bannière des partis et des associations très différents.» Un travail laborieux dans lequel l’USS a joué un rôle intégrateur: «Les syndicats ont l’expérience et ont donc naturellement été un élément important en termes d’organisation et de logistique. Ensuite il a fallu que tout le monde se mette d’accord sur le texte d’un appel, et on y est parvenus.»
Revendications claires
Au final, cela a été vrai succès, qui atteste que la population est capable de se montrer solidaire et de parler d’une seule et même voix pour des sujets aussi graves que la guerre, qui a plongé les Ukrainiens dans une violence et une détresse inouïes depuis plus d’un mois.
Plusieurs grandes revendications communes ont été exprimées lors de la manifestation. D’abord, un cessez-le-feu immédiat et un retrait complet des troupes russes ainsi qu’une enquête internationale sur les crimes de guerre et les violations des droits humains qui ont été commis.
La mise en place d’un soutien humanitaire pour les réfugiés, sur place, dans les pays voisins mais aussi chez nous avec un accueil ouvert et non discriminatoire de toutes les personnes réfugiées touchées par la guerre en Ukraine. Par ailleurs, une aide renforcée est demandée pour les femmes sujettes à un risque accru de violences sexuelles.
Ensuite, les manifestants ont exigé à l’unisson des sanctions sévères contre le régime de Vladimir Poutine, dont la réduction rapide de notre dépendance au pétrole et au gaz russes.
Enfin, la promotion de la paix à l’avenir a été mise en avant, à travers une politique active dans le cadre de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et de la Charte des Nations unies.
Témoignages ukrainiens
Parti de la Schützenmatte, le cortège s’est déployé à travers la vieille ville pour finir devant le Palais fédéral, laissant place aux discours. Un moment émouvant lors duquel est intervenue depuis Lviv en visioconférence Olesia Briazgunova, secrétaire internationale de la Confédération des syndicats libres d’Ukraine (lire ci-dessous). Ekaterina Glikman, opposante démocratique russe et collaboratrice de la Novaya Gazeta, journal russe indépendant qui vient d’annoncer la suspension de ses publications, et Hannah Perekhoda, Ukrainienne vivant en Suisse, ont également pris la parole. La directrice d’Amnesty International Suisse, Alexandra Karle, et la présidente de l’Église évangélique réformée, Rita Famos, sont aussi intervenues. Une minute de silence à la mémoire des victimes de cette guerre a clôturé les prises de parole.