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2% de plus, un impératif

L’heure de rehausser les rétributions des travailleurs a sonné. Et plutôt deux fois qu’une. En témoigne, s’il le fallait encore, le rapport publié la semaine dernière par l’Union syndicale suisse sur la répartition des salaires, des revenus et de la fortune dans nos frontières. Selon cette enquête, l’écart salarial continue de se creuser. Les classes moyennes et modestes tirent toujours le diable par la queue. Loyers, primes maladie et fiscalité ont grignoté les hausses de revenus. Alors que les personnes les mieux loties se sont, de leur côté, encore enrichies. Le nombre des nantis gagnant plus d’un demi-million de francs a augmenté de 3000 à 14000 depuis le milieu des années 1990. En dix ans le pourcent le plus riche a augmenté sa part de la fortune totale de plus de 6 %, la faisant passer de 35,4 à 41,9 % et classant la Suisse dans le peloton de tête des inégalités. Un constat d’autant plus fâcheux que les syndicats ont pourtant, ces deux dernières décennies, enregistré de francs succès. Grâce notamment aux campagnes menées en faveur des salaires minimums et aux avancées obtenues dans les conventions collectives de travail. Et ce malgré la crise financière et le franc fort. Nombre de bas salaires ont ainsi pris un peu d’épaisseur. Payantes, les luttes ont permis des rattrapages indispensables. Reste que, ces dernières années, les hausses des salaires modestes et moyens se sont révélées bien moins généreuses que celles des personnes gagnant déjà extrêmement bien leur vie. Progrès et majorations grappillées ont été réduits à néant, ou presque, par une politique antisociale. Une opération blanche, entre les impôts grevant le budget des ménages ordinaires – qui ancrent en revanche les privilèges des riches, bénéficiant d’une taxation complaisante – et les dépenses obligatoires. Avec, notamment, des primes de caisse maladie qui, n’ayant cessé de prendre l’ascenseur sans que les réductions accordées suivent au même rythme, étranglent les moins bien lotis. La situation se révèle particulièrement critique pour les collaborateurs de longue date dont les augmentations ont frisé le niveau zéro ou presque. Et sachant les préjudices générés par les revenus qui font du surplace en matière de 2epilier… A la retraite, les 55 ans et plus seront les plus grands perdants de la baisse du taux de conversion. Autres victimes, les femmes, payées toujours environ 17% de moins que leurs homologues masculins. 

Autant dire qu’il est aujourd’hui urgent de procéder à une répartition plus équitable des richesses. A une redistribution vers le bas qui doit impérativement se traduire par une majoration substantielle des salaires, soit de 2 à 2,5%. Une augmentation réaliste au regard de la reprise économique. Urgent également de combattre les discriminations salariales entre les sexes par des contrôles et des sanctions, de conclure davantage de CCT, de supprimer les obstacles juridiques à l’extension de leur application. L’introduction d’un 13esalaire dans toutes les branches, des réductions suivant la courbe vertigineuse des primes de caisse maladie – celles-ci ne devraient pas dépasser 10% des rémunérations – ou encore une correction des baisses d’impôts cantonaux accordées aux revenus élevés aideraient parallèlement à redresser la barre. Autant de solutions syndicales propres à générer un rééquilibrage social. Cohésion et stabilité de la société sont en jeu. Rien de moins.