Besoin de rattrapage pris en compte...
Les partenaires sociaux sont parvenus à un accord pour une nouvelle Convention collective de travail dans la branche de l’électricité. Les délégués des employeurs doivent encore la valider
Il aura fallu pas moins d’une quinzaine de séances de négociations, entamées au début de l’année 2018, pour parvenir à une entente. Des pourparlers qualifiés par Yannick Egger, membre de la direction du secteur des Arts et métiers d’Unia, de «résolus mais constructifs» qui se sont soldés par une nouvelle Convention collective de travail (CCT) pour la branche de l’électricité. «Au regard des enjeux auxquels fait face la branche, nous sommes satisfaits de l’accord trouvé.» Ficelée par EIT.swiss et les syndicats Unia et Syna, la CCT a déjà été approuvée, le 4 mai dernier, par les électriciens d’Unia et de Syna lors de leur conférence nationale respective, mais doit encore être ratifiée par les délégués des employeurs, en septembre prochain. Selon un communiqué commun des partenaires sociaux, elle a pris en compte les défis actuels des métiers de l’installation électrique et de l’installation de la télécommunication, notamment le désintérêt et les départs croissants de jeunes professionnels qualifiés et expérimentés. «Le métier a perdu en attractivité comparé aux autres professions de la construction. On assiste à une pénurie de main-d’œuvre qualifiée. Le besoin de rattrapage en matière de conditions de travail a été pris en considération», note Yannick Egger.
Des salaires augmentés
Parmi les points positifs prévus dans la CCT, on peut mentionner un relèvement des rémunérations. «Dès le 1er janvier prochain, les salaires seront augmentés de 100 francs par mois en plus de la compensation du renchérissement», chiffre Yannick Egger. Notons aussi à ce chapitre, pour les installateurs-électriciens, une hausse des salaires minimums qui devront atteindre, dès le 1er janvier 2021, les 5000 francs mensuels. Les chefs d’équipe auront aussi droit à une classe salariale spécifique avec un revenu de 5600 francs au moins. Autre avancée prévue dans la CCT: une revalorisation de la formation initiale avec l’instauration d’un 13e salaire obligatoire pour les apprentis, et de la formation continue prise en charge par l’employeur qui passe de trois à cinq jours. «L’idée, dans ce dernier cas, est de permettre aux travailleurs de se familiariser avec les nouvelles technologies et de maintenir l’employabilité des collaborateurs âgés», précise le représentant d’Unia. Les partenaires sociaux se sont aussi mis d’accord sur la nécessité d’établir une étude de faisabilité sur l’introduction d’une retraite anticipée, alors vraisemblablement à 62 ans.
Des avancées pour le bien de la branche et de ses acteurs
La question de l’organisation du travail a aussi été discutée à la satisfaction des deux parties. Concernant le report maximal des heures sur l’année suivante, il demeure au nombre de 120. «Ces heures seront entièrement rémunérées. Et les employés auront désormais la possibilité, pour la moitié de celles-ci, de les compenser via des jours de congé aux dates qu’ils désirent. Une manière de se réapproprier leur vie privée.» Si le paquet CCT, dans l’ensemble, est jugé bon, il comporte aussi quelques concessions, par exemple la possibilité pour les employeurs d’introduire un jour de carence en cas d’absence pour raison de maladie. «La convention présente des avantages pour les deux parties. Les partenaires sociaux ont avant tout pris leurs responsabilités dans l’intérêt de la branche et de l’ensemble de ses acteurs.» En cas d’acceptation patronale définitive, la nouvelle mouture entrera en vigueur l’an prochain pour quatre ans. Les partenaires sociaux demanderont alors au Conseil fédéral de la déclarer de force obligatoire. Ils soulignent encore vouloir consolider les instruments de contrôle «afin de garantir le respect des dispositions et une concurrence durable et loyale pour les acteurs suisses et étrangers de la branche».
La CCT nationale couvre environ 24000 collaborateurs du domaine à l’exception des électriciens de Genève et du Valais qui ont conclu des conventions cantonales. En mai 2018, plus de 500 électriciens avaient participé à une manifestation nationale à Zurich pour exiger une revalorisation de leur métier. Une première.