Face à la crise climatique, la justice évolue lentement
«On va dans le bon sens, tant au niveau suisse qu’européen. Dans le landerneau judiciaire, la question des procès climatiques est centrale.» Me Christian Delaloye, membre de l’association des Avocat.e.s pour le climat, donne pour exemple quelques actions, rien que ce dernier mois: les tribunaux hollandais ont refusé d’indemniser les dommages subis par deux géants de l’énergie, RWE et Uniper, à la suite de l’interdiction d’exploiter leurs centrales à charbon aux Pays-Bas; l’action en justice d’ONG contre des multinationales de l’agroalimentaire françaises; ou encore la plainte de l’Alliance climatique suisse déposée contre la FIFA pour greenwashing. Au mois d’octobre, ironie du sort, l’avocat avec trois autres consœurs et confrères présentaient des morceaux de leur plaidoirie du procès Block Friday au Théâtre de Vidy après la projection du film Etat de nécessité du réalisateur Stéphane Goël. Fin septembre, dans le cadre du procès des 200 – du nombre des personnes ayant fait opposition aux ordonnances pénales reçues à la suite des actions de désobéissance civile à Lausanne – trois militants obtenaient enfin gain de cause devant le Tribunal cantonal vaudois. Ils ont été acquittés, comme une poignée d’autres camarades en novembre, après leur tentative de blocage sur la place Saint-François. «C’est une belle victoire, car les juges ont estimé que, même si la manifestation n’était pas autorisée et qu’elle impliquait un blocage de route, la répression immédiate d’une manifestation est contraire aux droits fondamentaux et à la CEDH, explique leur avocat Me Florian Thiébaut. Les manifestants doivent pouvoir exprimer leur opinion dans l’espace public et un délai de tolérance doit être octroyé.» Dans le cas précis, la police était intervenue au moment de la tentative de blocage. Pour Joe, qui s’exprime au nom du comité des 200, dans un communiqué: «C’est enfin le droit de manifester qui est reconnu, y compris sans avoir formellement demandé et reçu une autorisation préalable. Les manifestations spontanées sont légales et légitimes.» Reste que, dans les multiples autres procès (depuis septembre 2021), les condamnations continuent de pleuvoir, en première instance comme au niveau cantonal. Plusieurs militants ont fait recours au niveau fédéral…