La transpiration, cette soupape
Questions à Denise Grolimund Berset, médecin cheffe de clinique, spécialiste en médecine du travail à l’Institut universitaire romand de santé au travail.
Quel peut être l’impact, à court et à long termes, de la canicule sur la santé des travailleurs?
A court terme, des crampes, des vertiges, des nausées, des maux de tête sont autant de symptômes dont il faut tenir compte pour éviter un coup de chaleur potentiellement mortel. A long terme, il est difficile de parler d’atteinte chronique, car le corps s’acclimate. Au bout d’une à deux semaines, la transpiration – qui est le mécanisme principal du corps pour évacuer le surplus de chaleur – est plus efficace et la chaleur mieux supportée. S’il fait chaud et humide, comme par temps orageux, le risque que la transpiration ne soit plus suffisante est plus important. Mais ces ambiances de travail concernent surtout les ouvriers en milieu souterrain, où il existe heureusement des protocoles de contrôles plus stricts.
En plus de la chaleur, il est important de ne pas oublier les effets des rayons UV, qui peuvent provoquer des cancers de la peau et des lésions oculaires. Le problème est que le long temps de latence entre l’exposition et la déclaration du cancer fait qu’il y a une sous-déclaration des cancers de la peau liés au cadre professionnel.
Quant à l’ozone, qui peut provoquer notamment des irritations oculaires ou respiratoires, sa concentration est plus forte en fin de journée.
Quels conseils pouvez-vous donner aux ouvriers pour se protéger de la chaleur et du soleil, et aux employeurs pour préserver la santé de leurs employés?
La sensibilisation des travailleurs est essentielle, car les mesures préventives sont efficaces. L’idéal est que l’employeur mette à disposition des vêtements qui protègent contre le rayonnement UV et permettent une bonne évacuation de la transpiration. Et que les employés les portent bien sûr. Les crèmes solaires, sticks pour les lèvres, couvre-chef et lunettes de soleil devraient aussi être utilisés, car ils protègent contre les coups de soleil et certains cancers de la peau.
L’employeur doit également assurer la surveillance des travailleurs, l’organisation des premiers secours et mettre en place une protection contre le soleil. Des pauses régulières devraient être imposées par l’employeur chaque heure et de l’eau fraîche distribuée. Il devrait aussi adapter les horaires de travail en privilégiant le travail du matin. Certains employeurs souhaiteraient introduire le travail de nuit, mais celui-ci implique d’autres problèmes aigus et chroniques plus importants, notamment de sommeil et de digestion. Le rythme et la charge de travail devraient également être réduits. Reste que pour les employés de la route, le travail est concentré dans cette période de vacances estivales.