Contre la violence et le harcèlement au travail
Des milliers de personnes sont descendues dans les rues de Suisse et du monde entier le 8 mars, à l’occasion de la Journée internationale des femmes. Une journée qui trouve son origine au début du siècle passé, dans le mouvement des travailleuses combattant pour leurs droits. Un siècle plus tard, la violence du système d’exploitation est toujours là, et continue à légitimer celle des hommes à l’encontre des femmes. Aujourd’hui en Suisse, les femmes sont en colère et l’ont dit haut et fort. L’égalité n’avance pas. L’écart salarial ne se réduit même plus au rythme de l’escargot, il s’agrandit. Le 14 juin, cette égalité sera exigée lors d’une journée de mobilisation, d’action et de grève qui pourrait être historique. Ce même mois de juin, le combat des syndicats partout dans le monde pourrait aboutir à la naissance d’une convention internationale pour «l’élimination de la violence et du harcèlement dans le monde du travail».
Depuis plusieurs années les organisations syndicales se battent pour que cette convention voie le jour au sein de l’Organisation internationale du travail (OIT). Les chiffres sont suffisamment parlants pour dire qu’il est plus que temps d’agir: 35% des femmes de plus de 15 ans, soit 818 millions, ont connu des violences sexuelles ou physiques chez elles, dans leur communauté ou sur leur lieu de travail, informe la Confédération syndicale internationale (CSI). Et cela sans compter les violences psychologiques, tout aussi destructrices. Une violence fondée sur le genre qui, comme le souligne la CSI, «reste l’une des infractions des droits humains des travailleurs les plus tolérées».
Le système de domination et de subordination inhérent au mode de production capitaliste, à l’œuvre sur toute la planète, est à la base de ces violations des droits élémentaires de la personne humaine. Violations touchant tout particulièrement les femmes, les plus nombreuses dans des statuts précaires et sous-payés, situations les empêchant de surcroît de se libérer des violences qu’elles peuvent subir au sein de leur propre foyer.
Le projet de convention qui sera discuté lors de la 108e Conférence internationale du travail, qui se réunira à Genève, met aussi l’accent sur la violence sexiste et la prévention. Ce projet, bien avancé, sera probablement soumis à l’approbation des représentants des gouvernements, du patronat et des syndicats siégeant à la conférence.
La mise à l’ordre du jour de cette nouvelle norme internationale n’a été possible que grâce à la vaste mobilisation des syndicats dans chacun de leur pays pour que gouvernements et employeurs entrent en matière sur la proposition. Une mobilisation plus que jamais nécessaire pour imposer, tant au niveau international qu’au niveau suisse, le respect des droits des travailleuses, base essentielle sur laquelle pourra se construire le respect global de toutes les femmes et de toutes les personnes aujourd’hui discriminées et exploitées.