Défendre les emplois et développer la vaccination
L’Union syndicale suisse tire la sonnette d’alarme après la décision du Conseil fédéral sur l’obligation du certificat Covid. Des postes de travail sont en danger. Par ailleurs, comme Unia, elle soutient la campagne de vaccination des autorités
Lundi 13 septembre, le pass sanitaire est devenu réalité dans notre pays. Pour entrer dans un restaurant, un bar, un musée ou un autre lieu de loisirs, un zoo ou une piscine, et pour certains événements en intérieur, il faudra présenter un certificat Covid. Ce dernier, attestant d’une vaccination, d’une guérison ou d’un dépistage négatif, est obligatoire dans ces lieux dès 16 ans. La décision a été prise le 8 septembre par le Conseil fédéral, en raison, écrit-il dans un communiqué, d’une «situation durablement tendue qui prévaut dans les hôpitaux». La mesure se déploie sur quatre mois, soit jusqu’au 24 janvier 2022, sauf si «la situation hospitalière s’améliore», note encore le gouvernement. Il a également statué sur le certificat Covid dans le monde du travail, en octroyant la possibilité aux employeurs de demander à leurs salariés de présenter un tel certificat, «si cela leur permet de définir des mesures de protection appropriées ou de mettre en œuvre des plans de dépistage». L’employeur devra financer le test s’il exige qu’un employé se fasse dépister, sauf en cas de tests répétés en entreprise, pris en charge par la Confédération. L’introduction du certificat Covid en entreprise doit aussi faire l’objet d’une consultation des employés et d’une documentation écrite. Le Conseil fédéral devrait encore statuer, ce prochain vendredi, sur les conditions d’entrée en Suisse à partir du 20 septembre. Deux variantes sont sur la table: test négatif à l’entrée, puis second test dans les quatre à sept jours suivants ou quarantaine de sept à dix jours. Ces mesures ne s’appliqueront pas aux travailleurs frontaliers, ni aux enfants de moins de 16 ans.
Fin des dispositions sur le chômage partiel
L’Union syndicale suisse (USS) a réagi à la décision du Conseil fédéral en raison de lacunes dans les mesures prises, mettant en danger les salaires et les emplois. S’appuyant sur l’expérience d’autres pays, la faîtière indique que l’obligation du certificat peut conduire à des pertes du chiffre d’affaires, dans l’hôtellerie-restauration mais aussi dans d’autres branches. Elle rappelle à ce titre l’importance du recours au chômage partiel. «Or, des dispositions très importantes expireront début octobre, comme, par exemple, la procédure simplifiée pour le préavis de réduction de l’horaire de travail (RHT)», s’indigne la faîtière syndicale, alors que le Conseil fédéral n’a pas décidé de prolonger ces mesures en parallèle à l’introduction de l’obligation du certificat Covid. Une position «incompréhensible» aux yeux de l’USS qui attend du gouvernement qu’il y remédie sans délai «pour que les salaires et les emplois ne soient pas menacés».
La faîtière syndicale regrette également que les autorités n’aient pas été chargées de réglementer l’utilisation du certificat Covid au travail, laissant les employeurs libres d’introduire ce contrôle. Si, pour l’USS, la renonciation aux mesures d’hygiène et de protection de la santé n’est pas à l’ordre du jour, comme l’auraient souhaité certains, des garanties quant à la protection des données et à l’absence de discrimination sur les lieux de travail doivent être assurées. L’USS appelle également à ce que les inspectorats du travail renforcent leurs contrôles et que les travailleurs vulnérables puissent toujours bénéficier d’une protection particulière.
Simplifier l’accès à la vaccination
D’autre part, pour l’USS, la vaccination est le «principal instrument de lutte contre la pandémie». Elle appuie la campagne des autorités, mais demande que les salariés soient mieux informés, «de manière facilement compréhensible et que des possibilités simples de se faire vacciner leur soient proposées».
Une position à laquelle adhère Unia. «Le syndicat a toujours soutenu toutes les décisions en matière de santé publique du Conseil fédéral pour protéger la santé de la population», indique Lucas Dubuis, son porte-parole. A ce titre, Unia «accepte également l’introduction du certificat Covid en général». Le syndicat examinera toutefois en détail son extension sur les lieux de travail pour déterminer si les dispositions sont suffisantes «pour empêcher l’arbitraire au sein des entreprises».
De plus, «Unia soutient sans réserve la campagne de vaccination», souligne Lucas Dubuis. «En ce moment, la priorité est que les salariées et les salariés aient accès au vaccin. Or, il reste encore beaucoup à faire», dit-il. «Il arrive que les procédures d’inscription ou les heures d’ouverture constituent des obstacles. Les personnes qui veulent se faire vacciner devraient être systématiquement libérées pendant les heures de travail et celles-ci doivent leur être payées, de même pour les éventuelles heures de maladie en cas d’effets secondaires. Ce n’est cependant pas encore le cas aujourd’hui, beaucoup d’employeurs refusent de le faire», déplore-t-il.