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«On demande toujours plus aux vendeuses, on ne leur donne toujours rien!»

Action d'Unia sur le toit de Manor. Una banderole sur laquelle on peut lire: Noël aussi pour le personnel.
© Thierry Porchet

Il y a deux ans, fin 2017, Unia s’était mobilisé contre l’ouverture dominicale de Manor à Monthey le 24 décembre, alors que les autres grandes enseignes y avaient renoncé.

En Valais, les magasins pourront ouvrir deux dimanches durant l’Avent alors que les pressions sont déjà très fortes sur le personnel de la vente

«Faites vos achats lors des heures d’ouverture usuelles et n’y allez pas le dimanche ou durant les nocturnes. Nous pouvons le faire pendant onze mois, pourquoi pas douze?» Francine Zufferey, secrétaire syndicale à Unia Valais, s’inquiète de la pression accrue sur les conditions de travail du personnel de la vente qu’engendreront les ouvertures dominicales et du soir durant la période de l’Avent. Elle se défend d’appeler au boycott, mais demande seulement de respecter la santé des vendeuses et des vendeurs. Elle dénonce également le fait que les deux dimanches d’ouverture des commerces, autorisés par la loi cantonale sur les ouvertures des magasins entrée en vigueur il y a un an, aient été fixés en décembre, mois où le personnel est déjà sous forte pression.

Les grandes villes du canton, comme Martigny, Sion, Sierre et Monthey, ont déjà annoncé l’ouverture des magasins les dimanches 8 et 22 décembre pour les trois premières, et le 15 et le 22 pour Monthey. Cela en plus de nocturnes qui se termineront à 21 ou 22 heures selon les villes. Le personnel qui travaillera durant ces dimanches devra toucher une compensation financière de 50% et une autre en temps. Des suppléments obligatoires, dont l’octroi est difficile à vérifier, déplore le syndicat, l’Etat ne se donnant pas les moyens de contrôle nécessaires.

Conditions de travail déjà difficiles

«Ces dimanches et ces nocturnes vont aggraver des conditions de travail déjà difficiles. Il y a beaucoup de problèmes au niveau de la gestion du temps des vendeuses. Des personnes à temps partiel doivent travailler six jours sur sept, avec des horaires coupés. Et j’ai le sentiment que cela va s’étendre. Les magasins vont engager des auxiliaires, à 20%, pour boucher les trous. On devine facilement où seront faites les économies: dans le 2e pilier! Avec de tels horaires, les gens n’ont plus le temps de repos nécessaire, ni de vie privée. Durant la période de Noël, ce sera pire encore», relate Francine Zufferey. Elle explique que la pression sur le personnel est, en temps normal, déjà très forte. «Ça se joue sur la productivité, les chiffres, comme si c’était aux vendeuses de compenser le manque de clients ou la baisse de leur pouvoir d’achat. En Valais, il y a par exemple des compteurs de clients à l’entrée de certains magasins. Les vendeuses sont questionnées sur ce qu’elles leur ont vendu. L’une d’elles m’a aussi raconté qu’elle devait quasiment faire du racolage sur le pas de la porte!»

Organisation nécessaire

Face aux défis auxquels est confronté le commerce de détail, la syndicaliste poursuit: «Je défends la consommation locale, mais je ne suis pas opposée à ce que les magasins s’adaptent à la numérisation. La question est: avec quels garde-fous? Quelles conditions-cadres, permettant de respecter la santé et la vie privée des vendeuses? Les gens ont le droit de travailler sans être épuisés et malades.» Une exigence d’autant plus importante au vu des bas salaires dans la branche. Le contrat type de travail valaisan, auquel il peut être dérogé, prévoit un salaire minimum de 3595 francs après un CFC de deux ans et de 3778 francs après un CFC de trois ans. Le salaire horaire est de 18,25 francs pour une personne non qualifiée et de 20,25 pour une qualifiée. «On demande toujours plus au personnel, et on ne leur donne toujours rien!» souligne la syndicaliste, qui rappelle que sans l’engagement des vendeuses et des vendeurs, il ne sera pas possible de faire changer les choses. «Le personnel a les cartes en main. Il faut que les gens s’organisent et se bougent pour cela.»

Loi en révision, mais pas dans le bon sens…

Quant aux ouvertures dominicales, elles sont maintenant inscrites dans la loi. Personne n’ayant saisi le référendum pour s’y opposer. Le syndicat va rester vigilant pour qu’il n’y ait pas une extension supplémentaire du travail du dimanche, en particulier dans les services liés aux centres commerciaux. «L’année dernière, nous nous étions battus pour que des enseignes de téléphonie ou des salons de coiffure ne puissent pas ouvrir. Finalement, s’ils ouvraient, ils ne pouvaient que vendre des marchandises et pas des services. Mobilezone par exemple avait le droit de proposer des téléphones, mais pas des abonnements. Et les pharmacies ne pouvaient pas délivrer les médicaments d’une ordonnance...»

Depuis, plusieurs interventions parlementaires venant des rangs de la droite ont été lancées pour libéraliser davantage la loi sur les ouvertures des magasins, notamment pour que les prestataires de service puissent travailler ces deux dimanches. Les transports, les banques ou encore La Poste seraient concernés. «La loi est en cours de révision, mais nous nous réservons le droit de lancer un référendum», précise la syndicaliste. Avant de conclure: «Nous sommes face à un choix de société. Le consommateur peut faire ses courses durant les heures normales. Son porte-monnaie n’est pas extensible. Et les vendeuses et les vendeurs ont aussi le droit de bénéficier de leur dimanche.»

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