«Les dérives qui traversent le sport reflètent la société.» Cette déclaration de Marie-George Buffet, ministre communiste des Sports dans le gouvernement Jospin, résume bien l’ouvrage de Pauline Londeix, Footballs politiques. Peut-on encore aimer le sport de haut niveau? (Editions 10/18). L’auteure y met en évidence les tares dont souffre le sport d’élite, le football en particulier: enjeux financiers et géopolitiques considérables, mise en danger de la santé des athlètes, violences sexistes, racisme, homophobie, replis identitaires.
Beaucoup de sportifs talentueux ont reçu des coups et en souffrent longtemps, comme le souligne le célèbre footballeur hollandais Marco Van Basten: «On peut avoir tout gagné, être millionnaire et ne plus pouvoir se déplacer de son lit à la salle de bains.» Le culte de la performance et le dopage font bien sûr partie de la maltraitance des corps.
Une autre maltraitance, c’est celle des sportives professionnelles. Comme beaucoup de femmes, elles sont victimes d’abus sexuels et touchent des salaires qui sont à des années-lumière de ceux des hommes. Mais le sport masculin ne vit pas non plus en harmonie. Alors que certains footballeurs touchent plusieurs dizaines de millions par année, voire davantage, près de 40% des professionnels français ont un salaire inférieur à 850 euros par mois!
Pauline Londeix ne donne pas de recettes toutes faites pour guérir ces maux, mais dans la mesure où le sport est lieu d’enjeux de pouvoir, «il est un champ à investir pour créer une société plus juste et plus respectueuse des individus».