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Guitariste et professeur de musique, Jacques Saugy ressuscite, 50 ans plus tard, dans la campagne vaudoise, le mythique festival de Woodstock
Woodstock à La Chaux, près de Cossonay, dans la paisible campagne vaudoise. Les tubes des plus grandes stars de la pop, rock, folk, soul, blues rejoués, note pour note, par une bande de passionnés répétant depuis des lustres des morceaux de Crosby, Stills, Nach & Young, Joan Baez, Joe Cocker, Jimi Hendrix, Janis Joplin, Santana, Jefferson Airplane et tant d’autres encore. Voilà le pari fou relevé par Jacques Saugy, guitariste et professeur de musique de 63 ans. Avec ses élèves, des amis musiciens et des chanteurs – un groupe d’une quarantaine de personnes âgées de 15 à 75 ans – l’homme s’apprête à vivre une folle aventure artistique et humaine: redonner vie, cinquante ans plus tard jour pour jour, au mythique festival, soit les 15, 16 et 17 août prochain. Au menu, une cinquantaine de morceaux et de l’enthousiasme à revendre. «J’espère bien que nous ferons le buzz, que ça bouchonnera loin à la ronde», lance le Vaudois, précisant que plus de 1000 billets ont déjà été vendus. Confiant, l’artiste n’en est pas à son coup d’essai. Il a déjà dans le passé présenté The Wall des Pink Floyd et Tommy, de The Who avec ses étudiants – des concerts qui ont rencontré un franc succès – avant de faire une pause avec ce type d’événements.
La passion n’a pas d’âge
«Je n’avais pas de jeunes avec un niveau suffisant. Enfin, pas de vraies personnalités. Je préfère les rebelles aux premiers de classe», rigole Jacques Saugy, ravi aujourd’hui de sa nouvelle formation. «J’ai de la chance d’avoir rencontré les bonnes personnes. Nous nous trouvons sur la même fréquence. L’ambiance est fabuleuse. A la fin des répétitions, tous se tombent dans les bras, des gosses de 15 ans avec des personnes de 60, 70 ans et plus. La passion n’a pas d’âge. C’est totalement festif», poursuit l’homme qui accueille chez lui, dans son jardin à Lussy-sur-Morges, les membres du groupe pour peaufiner la future prestation. «Je ne suis pas le patron. Il n’y a pas de hiérarchie mais, de fait, je suis devenu un peu le meneur. Et plus on se rapproche du jour J, plus je me montre exigeant.» Des attentes à la hauteur du pari pris et d’un riche répertoire qu’a toujours aimé Jacques Saugy. «Woodstock, c’est toute ma jeunesse. De sacrées belles chansons qui, dans l’ensemble, n’ont pas pris une ride. Les jeunes les aiment aussi», note le sexagénaire qui a commencé à gratter la guitare en autodidacte à l’âge de 12 ans. «Pas de festival alors pour moi, mais je rêvais déjà de découvrir les Etats-Unis.» Un projet réalisé le lendemain du jour de ses 20 ans.
Tenue rock ou toge
Après une formation d’arboriculteur – l’homme a grandi dans une famille d’agriculteurs –, Jacques Saugy traverse l’Atlantique pour un périple qui durera deux ans. «Au total, j’ai parcouru 40000 kilomètres en autostop. A l’époque, ça fonctionnait bien. Les gens n’avaient pas peur», raconte le bourlingueur qui, en raison d’un problème de visa, posera son sac plus d’un an dans la ville mexicaine frontalière de Nuevo Laredo. «J’ai alors travaillé dans un petit hôtel. Je lavais les draps à la main. La zone. Mais je n’avais pas envie de rentrer», se souvient Jacques Saugy qui finira par regagner l’Oklahoma, puis la Caroline du Nord. Le voyageur, qui a appris l’anglais et l’espagnol au passage, retient surtout de ce séjour son plaisir, au gré des rencontres, de jouer avec d’autres musiciens. De retour en Suisse, il étudie aux conservatoires de Lausanne et de Fribourg mais ne termine pas son cursus. «Je n’arrivais pas à tout gérer de front. Je devais gagner ma vie.» L’homme donne alors des cours à l’école de Cossonay et anime souvent des bals avant que les discos ne les détrônent. Parallèlement, il se produit en concert avec différentes formations. Activités qui l’occupent toujours. «Je ne compte pas mes heures. C’est du 300%. La musique, c’est toute ma vie et une large gamme de sensations, surtout avec une équipe solide», affirme le passionné au répertoire éclectique. Le guitariste et chanteur joue par exemple dans un trio reprenant des chansons de Coluche – un artiste que le Vaudois admire –, dans un groupe de celtique-rock ou encore dans un autre, interprétant des tubes traduits en... latin. «On s’habille alors en toge», sourit Jacques Saugy, d’autant plus content du parcours accompli à ce jour qu’il se révèle très diversifié.
Bonheur partagé
«Je n’ai jamais fait de compromis. J’ai toujours été clair quant au choix de mon métier. J’ai réalisé mes rêves. Aussi grâce aux belles rencontres faites. Je suis comblé.» Le commentaire d’un homme heureux, marié et père d’un fils batteur, qui partage son bonheur avec les autres. «J’organise des concerts dans mon jardin à la Fête de la musique. Tous sont les bienvenus. Il y a toujours une super ambiance. Le village me soutient...» De quoi ravir cet homme généreux dont la maison ne désemplit pas. «Mes amis me ressourcent», affirme Jacques Saugy qui apprécie aussi se détendre dans son jacuzzi, avec un petit cigare et un bon verre à la main. Mais si cet optimo-réaliste, comme il se définit lui-même, est de nature amicale, aimant bien rigoler, il peut parfois entrer dans des colères noires. «Les personnes qui ne sont pas ponctuelles, celles qui ne respectent pas leur engagement me font sortir de mes gonds», confie l’instigateur de Woodstock. Ne reste plus qu’à lui souhaiter plein succès dans son entreprise. Et une météo complice. «Musicalement nous sommes au top. Nous tablons sur la venue de 3000 à 3500 spectateurs. Notre public cible? Large, entre 30 et 70 ans. Il y aura sûrement d’anciens babas cool, des nostalgiques de la mouvance hippie – nombreux en Suisse alémanique. Nous avons prévu un prix spécial étudiant et AVS.» A voir si le Woodstock de La Chaux entrera lui aussi dans la légende...