Plusieurs plans climat ont été révélés en ce mois de janvier avec d’essentielles résolutions pour ces dix prochaines années. La Grève du climat (GdC), les Verts et la Municipalité de Lausanne font preuve d’ambition, mais aussi et surtout de réalisme. Face aux dangers générés par le dérèglement climatique, des mesures fortes s’imposent dans bon nombre de domaines (construction, finances, industrie, agriculture…). La mobilité est l’un des secteurs clés de la transition, dont la sacro-sainte voiture fait partie. Lausanne prévoit ainsi de bannir les véhicules thermiques de son centre-ville dans dix ans. La GdC demande cette mesure dans toutes les villes de Suisse de plus de 50000 habitants à l’horizon 2025 déjà. Quant au plan des Verts, il prévoit d’interdire les véhicules neufs à combustibles fossiles dès 2025. Car il n’y a pas que le carburant qui pollue, mais aussi la fabrication des automobiles. Les SUV représentent le summum de l’hérésie. Plus dangereux, plus polluants, plus lourds: une tonne et demie pour déplacer une personne de 70 kilos en moyenne. Des pseudo-4x4 égotiques pour des fantasmes de traversées de déserts ou de jungles, comme le vantent tant de publicités. Alors que, dans les faits, son propriétaire roule dans un centre-ville embouteillé à l’asphalte lisse pour aller travailler afin de remplir le réservoir de son bolide, voire payer le leasing.
Ce cauchemar doit faire place à un autre imaginaire, sincère et durable, celui d’une occasion rêvée de retrouver un centre-ville sans bruits de moteurs ni odeurs de pots d’échappement, avec davantage d’espaces de rencontres et de verdure, une sécurité accrue pour les piétons et les cyclistes, une liberté retrouvée pour les enfants. La pollution tue déjà des millions d’êtres humains, des milliards d’insectes et autres vivants. Les rapports du monde scientifique et le dérèglement climatique ne nous laissent pas le choix. Ce n’est pas une question d’opinion, c’est un fait. La révolution sera verte, ou ne sera pas. La transition nécessite des investissements conséquents, à la hauteur du coût incalculable généré par le réchauffement. Jusqu’à présent, malgré sa richesse et sa responsabilité, la Suisse n’est de loin pas exemplaire. La transformation se doit d’être radicale, avec l’optique heureuse d’un mieux-vivre.
La transition écologique ne doit pas se faire sur le dos bien sûr des plus précaires, de celles et ceux dont les horaires de travail sont si irréguliers qu’une voiture reste encore indispensable, ou encore des personnes mal desservies par les transports publics. Tous ne pourront pas s’acheter une auto électrique, dont la construction est de surcroît polluante. Les efforts doivent donc être conséquents dans la mobilité douce avec des transports publics à des prix accessibles, voire gratuits, et un réseau renforcé et élargi. Les transports publics lausannois seront moins chers pour les retraités et les étudiants, a déjà annoncé la Municipalité, qui souhaite aussi développer l’autopartage. Les différents plans climat prévoient également des taxes sur l’essence et sur les billets d’avion, tout comme le compromis de la Loi CO2 attaqué en référendum par les richissimes secteurs de l’automobile, de l’aviation et du pétrole, ainsi que le Centre patronal et l’UDC. Alors que la Loi CO2 ne va pas assez loin pour contenir le réchauffement climatique à 1,5 degré, limite non négociable pour laisser à nos enfants une terre viable.