La Confédération européenne des syndicats (CES), dont le comité exécutif s’est réuni les 10 et 11 décembre à Bruxelles, a appelé à un moratoire sur les licenciements alors qu’une vague de plans sociaux touche des branches allant de l’industrie automobile au secteur bancaire. En effet, entre 2008 et 2023, au moins 2,3 millions d’emplois industriels ont été perdus dans l’Union européenne, dont près d’un million de postes dans le secteur manufacturier depuis 2019.
«Cette situation illustre l’urgent besoin d’une politique industrielle européenne (…) garantissant une transition juste pour les travailleurs des industries concernées par le passage à une économie verte et numérique», a déclaré la CES, dans un communiqué de presse.
Aujourd’hui, des dizaines de milliers d’emplois sont menacés, notamment plus de 20000 en Allemagne chez ThyssenKrupp et Volkswagen, 10000 chez Milee en France ou encore 5600 chez ArcelorMittal en Belgique. La Commission européenne a promis de présenter un accord industriel au cours de ses 100 premiers jours de mandat. «Malgré ce que ces plans promettent, il reste des doutes quant à leur capacité à motiver les acteurs financiers publics et privés pour relever le défi auquel sont confrontés les travailleurs en Europe, soulèvent les syndicats européens. C’est la raison pour laquelle il faudrait instaurer un moratoire temporaire sur tous les licenciements forcés afin d’assurer que l’Europe émerge de la crise en ayant gardé intactes sa main-d’œuvre qualifiée et sa capacité industrielle.»
Et le secrétaire confédéral de la CES, Ludovic Voet, de conclure: «Nous n’avons que trop souvent vu des entreprises se lancer dans des processus de restructuration majeurs sans avoir ouvert un dialogue social pour identifier des alternatives potentielles aux suppressions brutales d’emplois. Ce n’est pas la façon européenne de procéder. Cela risque d’irrévocablement éroder notre base industrielle et de générer une nouvelle crise sociale qui prendra des décennies à surmonter.»
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